« Nous étions les ennemis » de George Takei et Harmony Becker (Futuropolis, 2020)

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George Takei fut notamment Hikaru Sulu dans Star Trek, plus récemment il a été un guest dans The Big Bang Theory, mais il est également une personne inspirante par son investissement et sa mobilisation contre les discriminations. Aujourd’hui il revient sur l’histoire de son enfance, une histoire américaine que je connaissais de loin et que j’ai apprécié découvrir davantage avec ce roman graphique précis, émouvant, (r)éveilleur de conscience.

Présentation de l’éditeur : « Alors que les familles des États-Unis s’apprêtent à fêter Noël, une terrible nouvelle tombe à la radio : l’attaque surprise du Japon à Pearl Harbor. Le lendemain, le 8 décembre, l’Amérique entre dans la Seconde Guerre mondiale.

Rapidement, le président Roosevelt signe un décret accordant aux commandants militaires le pouvoir d’arrêter et d’incarcérer certaines personnes, voire toutes d’origine japonaise, craignant la présence d’un ennemi de l’intérieur. La famille de George est américano-japonaise. Si sa mère est née aux États-Unis, son père, lui, n’a pas pu obtenir la citoyenneté alors qu’il vivait dans le pays depuis cinquante ans.

George Takei, âgé de 4 ans suit alors sa famille pour le Fort Rohwer, l’un des dix camps d’internement établis par ordre du président. Nous étions les ennemis permet de mieux comprendre le parcours de cet acteur de la série originale Star Trek. Il associe l’esprit d’aventure de son personnage de fiction à l’histoire de ses parents qui se demandaient comment survivre et prospérer dans un pays où ils étaient littéralement qualifiés d’extraterrestres. »

Le 7 décembre 1941, l’Empire du Japon frappe la base navale américaine de Pearl Harbor. Le 8 décembre, les États-Unis entrent en guerre. Une guerre contre un empire (et une guerre mondiale), une guerre contre une partie de son propre peuple fondée sur le racisme et la paranoïa.

Cette période de l’histoire, nous allons la découvrir à travers les yeux de George, au début âgé de 4 ans. Entre souvenirs enfantins et conscience adulte, ce témoignage est impressionnant d’humanité et de courage face à l’oppression et à l’internement forcé. Nous la découvrons également en suivant les dispositifs politiques qui se sont accumulés, allant toujours un peu plus loin dans l’absurdité du pouvoir, dans la négation des personnes et dans l’humiliation, proposant des choix qui n’en sont pas.

C’est une vie de famille bouleversée et mainte fois à reconstruire que George Takei décrit, des personnes soupçonnées automatiquement du fait de leurs origines, arrêtées et enfermées. Avoir quitté le Japon pour s’installer et vivre en Amérique ? Etre né•e aux États-Unis ? Ce n’est pas suffisant, il y a toujours un doute sur la loyauté. Impossible de se défendre : ils sont suspects du fait d’être, pas du fait de faire quoi que ce soit. De camp d’internement en camp d’internement, plusieurs années vont passer, jusqu’à la fin de la guerre et encore après. Ensuite, se battre et reconstruire, encore une fois.

J’ai trouvé particulièrement intéressant le processus de reconnaissance des faits et de leurs conséquences par l’État américain. Un pas franchit tardivement alors que près de la moitié des victimes étaient décédées. Pourtant, cet aspect de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale reste peu connu, alors partageons cette lecture pour que l’oubli ne fasse pas taire la mémoire.

Les illustrations sont superbes, douces malgré le sujet, des traits délicats et des expressions parfois proches du mangas pour une terrible réalité. J’ai immédiatement été séduite par le style et il m’a portée du début à la fin de ce témoignage.

Nous ignorons souvent l’histoire enfouie derrière un regard. Et quand le regard se met à parler, c’est une histoire de l’humanité qui se dévoile.

Pour en savoir plus

 


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Et vous, quels aspects peu connus de la Seconde Guerre mondiale avez-vous découverts et souhaitez-vous partager ?

 

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16 réflexions sur “« Nous étions les ennemis » de George Takei et Harmony Becker (Futuropolis, 2020)

    • Je l’ai attendu de pied ferme et je ne suis pas du tout déçue ! 🙂 Je pense qu’il trouvera sa place dans de nombreuses bibliothèques, je lui souhaite en tout cas ! ^^

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  1. Je me note ce livre… car j’ai peu lu sur les camps américains où les japonais ont été enfermés. De l’autre côté de la planète, j’ai découvert les exactions japonaises en chine dans L’Homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu, une novella très forte, qui utilise la SF et le voyage dans le temps pour aborder le sujet.

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      • Il y a aussi David Khara qui aborde le sujet dans sa trilogie des projets, dans Le projet Shiro. C’est un thriller que j’avais beaucoup aimé.
        Et c’est avec plaisir que je partage des références, je trouve tellement de matière intéressante sur ton blog 😉

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        • Oh merci encore ! 🙂 Des échos de l’histoire dans le présent : je prends ! Et je lis très peu de thrillers donc ça sera l’occasion de m’y pousser. Parfait ! Merci aussi pour ton gentil mot, je suis toujours très émue de lire que je peux amener à des découvertes ! ♥

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