Documentaliste de formation, j'ai durant plusieurs années lié mes compétences info-documentaires à des postes de communication et de coordination culturelle dans les domaines des musées et de la mémoire. Je travaille actuellement au sein d'un groupe de librairies, particulièrement en lien avec les nouveautés éditoriales.
J’avais annoncé qu’avril serait graphique ou ne serait pas, notamment au regard des nouveautés que j’attendais avec forte impatience. Je vous le confirme : les graphiques – notamment réalisés par des autrices – ont eu une jolie place dans mes lectures et chroniques du mois.
Ce mois m’aura donné envie de découvrir des œuvres explorant les cultures roms, j’en ai désormais quelques-unes dans mes bibliothèques. Egalement, ce mois m’a permis de parler de Jella Lepman (1891-1970), figure remarquable trop méconnue.
Voici les livres qui sont entrés dans mes bibliothèques au mois de mars. Pour découvrir de nouvelles poétesses, pour découvrir des textes méconnus, pour remettre en avant des auteur·ice·s oublié·e·s, pour soutenir des autrices de BD, pour découvrir des autrices ukrainiennes et islandaises, et pour toutes les raisons auxquelles je ne pense pas.
Et vous, quels petits nouveaux ont rejoint votre bibliothèque en mars ?
Entre le challenge #marsaufeminin et le printemps des poètes, je me suis organisé un printemps des poétesses et j’en ai été ravie même si je n’ai pas lu autant de recueils que ce que j’aurais aimé et souhaité. Mais je me félicite d’avoir mis en avant cette idée car plusieurs personnes sont revenues vers moi, réalisant qu’elles n’avaient aucune poétesse dans leur bibliothèque alors que plusieurs poètes y trônaient. Comme un angle mort dans la valorisation des femmes en littérature.
Lisant plus de poétesses que de poètes depuis que je me suis réconciliée avec la poésie il y a quelques années, je vais poursuivre mes découvertes et je vais prévoir un mois de mars 2023 plus complet et plus animé.
Et vous, lisez-vous des poétesses ?
Les autrices de BD
Julie Doucet a reçu le Grand Prix du festival international de la bande-dessinée d’Angoulême de cette année. Ce fut l’occasion de nous interroger sur la place faite aux autrices d’œuvres graphiques et la reconnaissance accordée à celles-ci. Ce même festival, par exemple, avait déclenché une polémique en 2016 pour le manque total d’autrices dans sa première sélection. Et c’est loin d’être le seul grief qu’il est possible de relever concernant le sexisme de ce milieu.
Si ce prix est un signe encourageant, la vigilance est toujours de mise et du chemin est encore à parcourir pour déconstruire la misogynie du milieu et des lecteur·ice·s du genre. A nous, aujourd’hui, de mettre en avant les autrices de bandes-dessinées et œuvres graphiques. En mars et tout au long de l’année.
Je travaille à rassembler les oeuvres graphiques d’autrices, ensemble que je vous partagerai dans l’année, et je mettrai régulièrement en avant des autrices de BD.
Mars fut un mois décidément militant mais on ne milite pas qu’un mois par an.
Et vous, quelle·s autrice·s de BD aimez-vous ?
L’impact de l’actualité
En mars, au regard de l’actualité, le challenge @autricesdumonde nous a invité·e·s à découvrir des autrices ukrainiennes. On ne peut pas dire que le choix fut infini mais je me suis orientée vers trois autrices de différentes périodes : 19e, 20e et 21e siècles. Etant à la ramasse niveau concentration, je n’ai lu qu’un de ces romans : « Une ville à coeur ouvert » de Żanna Słoniowska, traduit du polonais par Caroline Raszka-Dewez (La Croisée, 2018 ; Points, 2019).
Ce livre – dans son format poche – a été annoncé en rupture de stock début mars. Des ventes dues à la guerre en Ukraine qui en disent long et qui, selon moi, soulignent l’importance des traductions d’auteur·ice·s dont les langues ne sont pas dominantes (merci d’avance) et confirme les rapprochements possibles des individus et des cultures par la littérature. Mais une rupture de stock qui dit aussi l’impact de l’actualité sur les lecteur·ice·s.
Mais, vu que j’aime chatouiller un peu, je ne peux que regretter que nous ne mettions pas davantage en avant les littératures internationales avant que les tragédies contemporaines ne les frappent. Evidemment, mieux vaut valoriser des auteur·ice·s tard que jamais, mais je trouve cela toujours dommage (et je ne me considère pas du tout irréprochable sur ce point). J’ai un peu le sentiment qu’en même temps qu’une guerre terrible se déclarait, nombreuses furent les personnes à découvrir l’existence de l’Ukraine.
Et toi, as-tu lu l’Ukraine ?
Les littératures étrangères à double vitesse
Cette réflexion se bouscule dans ma tête depuis un bon moment mais différents échanges me donnent envie d’en parler aujourd’hui, en partie en suite logique de la réflexion précédente. J’ai le sentiment que les littératures américaines puis anglophones de façon générale écrasent les traductions de langues moins usitées dans le monde.
Pour moi, lire de la littérature étrangère ne consiste pas à lire uniquement des littératures américaines ou britanniques (pour caricaturer un peu, encore que). J’aime que des langues difficiles d’accès soient traduites, ces traductions étant à mes yeux encore plus précieuses. J’aime aussi que des cultures peu connues et non dominantes soient ainsi accessibles, car la littérature est aussi là pour rapprocher.
Et vous, quelle est votre vision de la littérature étrangère ?
Chacun de ces points sera développé dans un article distinct au cours des prochains mois. Cela me permettra de pousser plus loin ma réflexion et de penser plus concrètement ce que je pourrai éventuellement proposer.
Quoi de prévu pour avril ?
J’espère retrouver mes capacités de concentration en avril afin de poursuivre mon exploration des littératures qui traitent – de près ou de loin – de l’histoire de la Shoah. Parce qu’il y a du boulot pour un paquet d’années. J’ai prévu moins de sorties culturelles et je vais avoir quelques jours de congés, j’espère que cela me permettra d’avancer un peu.
Le mois d’avril accueillera la première session du club de lecture que nous organisons entre quelques blogueuses-bookstagrammeuses lyonnaises. Le thème du mois : les littératures polonaises. Autant vous dire que je suis ravie.
Commencer à structurer les contenus du podcast que je souhaite lancer au cours de l’année. J’ai le matériel, j’ai les idées. Avril sera consacré à la structuration de plusieurs épisodes et à leur planification. Ainsi, en mai, je pourrai commencer à enregistrer et monter sereinement.
Et vous, quelles sont vos réflexions relatives au monde littéraire ?
Mars a été à l’image de février : ma concentration a fait ses valises et m’a quittée. Je suis donc à la recherche d’une concentration de remplacement, si vous en connaissez qui cherche un cerveau disponible.
Le mois a été marqué par le challenge #marsaufeminin qui vise à valoriser les œuvres écrites par des autrices. Souhaitant un équilibre dans mes lectures tout au long de l’année, je me suis prêtée à ce mois avec plaisir.
Que ce mois a été long malgré ses 28 petits jours ! Un mois surtout marqué par un arrêt maladie et la mise en place d’un traitement pour un an, avant de décider de la suite. J’ai aussi attrapé une bonne angine qui m’a mise hors d’état de lire pendant une semaine. Bref, espérons que mars soit moins chaotique…
Alors que je voulais être raisonnable cette année, le fait d’être arrêtée (et donc d’avoir beaucoup de temps pour penser à ce que j’aimerais lire) ne m’a pas aidée… Du coup ça a été une orgie d’achats et mars suivra ce chemin vu tout ce que j’ai réservé et précommandé dans mes librairies préférées…
Cependant, je me réjouis des livres qui rejoignent ma bibliothèque, dont une partie concerne des parutions anciennes et des textes oubliés en lien avec la Shoah, mon sujet d’étude depuis plusieurs années. J’ai hâte de les découvrir et de vous en parler. J’ai également acheté des recueils de poésie écrits par des femmes pour le Printemps des poétesse que je m’organiserai à l’occasion de #marsaufeminin et de la fête de poésie qui se déroule au cours du mois.
Je vous proposerai une vue plus concrète de mes acquisitions le mois prochain.
Les challenges
Ma fatigue et mes soucis de santé ont directement impacté ma capacité à lire et donc à tenir les challenges du mois. C’est un échec total – parce que je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié – mais je compte rattraper ces lectures dans les mois à venir.
Quoi de prévu pour mars ?
Un changement de cap pour le blog. Comme vous l’avez peut-être vu, le blog ne sera plus alimenté de la même façon que depuis sa création, en 2018. Il verra davantage d’articles de recherche et thématiques, les chroniques étant désormais partagées sur Instagram. Chaque fin de mois sera l’occasion de le remettre en avant ici à l’occasion d’un bilan.
En mars je me consacrerai aux autrices et, notamment, aux poétesses. Mes recherches m’ont notamment permis d’identifier plusieurs autrices – tombées dans l’oubli pour certaines – qui ont écrit sur la Shoah. Evidemment, je vais les découvrir pour alimenter mes recherches et vous les présenter.
Du repos et le début des révisions en vue de passer le CAPES de documentation en 2023. Un projet qui m’enthousiasme beaucoup. Quand j’ai commencé des études en documentation c’était dans l’idée de devenir enseignante. Des opportunités dans différents musées ont changé mes plans – et j’en suis très heureuse – mais je constate, après plus d’un an de réflexion, qu’il est temps de renouer avec cette envie initiale.
Et vous, quel est votre bilan ? Que prévoyez-vous de faire prochainement ?
Me voilà bien embêtée alors que je dois écrire la chronique de ce livre qui m’a autant émue que gênée… Un début d’année avec Aharon Appelfeld contrasté mais néanmoins marquant car derrière ce texte se tient un enfant ayant survécu à la Shoah et il est impossible de ne pas y chercher la propre expérience de l’auteur, même parcellaire.
Quatrième de couverture : « Avant de fuir le ghetto et la déportation, la mère d’Hugo l’a confié à une femme, Mariana, qui travaille dans une maison close. Elle le cache dans un réduit glacial d’où il ne doit sortir sous aucun prétexte. Toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison. Hugo a peur, et parfois une sorte de plaisir étrange accompagne sa peur. Dans un monde en pleine destruction, il prend conscience à la fois des massacres en train de se perpétrer et des mystères de la sexualité. »
Hugo et sa mère sont enfermés dans un ghetto. Les rafles et les déportations s’accélèrent, la menace est de plus en plus pressante. La mère d’Hugo tente en vain de le placer à la campagne, dans une famille de paysans moyennant rétribution, mais ses plans n’aboutissent jamais. En dernier recours, elle confie Hugo à une ancienne camarade d’école prête à l’aider : Mariana.
Mariana vit dans une maison close et Hugo va désormais y vivre aussi, caché dans un réduit attenant à la chambre de cette femme dont il ne sait rien et qu’il va peu à peu apprendre à connaître… Dans ses accès de colère, dans sa douceur maternelle, dans sa mélancolie inconsolable, dans sa dépendance à l’alcool, dans sa sensualité.
Sans nouvelles de sa mère qui, après l’avoir confié à Mariana, est partie en quête d’une cachette dans les villages environnants, il entend et apprend ce qui se passe à l’extérieur : la chasse aux Juifs dans les moindres recoins des habitations, les exécutions publiques. A l’intérieur : la façon dont Mariana est traitée par les hommes, leur violence et leur mépris ; le risque d’être à la mercie d’autres personnes de la maison close et donc de risquer la délation à chaque instant. Le danger devient par la suite réel pour Mariana. Coupable d’avoir été prostituée, d’avoir reçu des Allemands lorsque les Russes prennent le contrôle de la ville.
J’ai été très touchée par Hugo et sa solitude, sa façon d’invoquer ses proches pour les garder en vie et se sentir moins seul, dans son réduit glacial et sombre. J’ai aimé la façon dont Aharon Appelfeld nous parle de la prostitution et de ces femmes pour lesquelles on sent une réelle compassion et de la considération. Mais un point de bascule entre Hugo et Mariana m’a fait clairement et définitivement dépasser la limite du malaise.
Traduit de l’italien par Louis Bonalumi, Martine Schruoffeneger, André Mauge et René de Ceccatty
Pour ce 27 janvier, journée de commémoration internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, jour qui marque également les 77 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, je souhaite mettre en avant Primo Levi (1919-1987), lui-même victime et témoin.
Quatrième de couverture : « Témoin essentiel de la barbarie nazie, Primo Levi n’a cessé de raconter Auschwitz tout en cherchant à comprendre les ressorts d’une inhumanité dont ses deux livres majeurs, Si c’est un homme et La Trêve, ont rendu compte avec une lucidité inégalée. L’expérience du camp qui hante et nourrit son œuvre s’y exprime de manière diverse.
Ainsi, les dix nouvelles qui composent ce recueil, rassemblées pour la première fois, et complétées par deux poèmes, illustrent la variété des formes littéraires que revêt l’œuvre de Primo Levi. L’approche scientifique du monde à laquelle l’incitait sa formation de chimiste se confronte à des domaines tels que la science-fiction, le fantastique, ou à son goût pour la poésie, peut-être l’un des seuls moyens d’exprimer l’ineffable. Préfacés par René de Ceccaty, ces récits convoquent la voix ô combien subtile et nécessaire d’un homme de vérité et invitent à redécouvrir toutes les facettes d’un des grands écrivains du XXe siècle. »
Ce recueil a été pensé en un mélange de nouvelles – pour certaines inédites – parlant d’Auschwitz et de la Shoah de façon directe comme indirecte. Primo Levi, en plus d’être écrivain, fut chimiste. Cette sensibilité scientifique se retrouve dans une partie de ses nouvelles.
En effet, ce recueil est pluriel : il mêle la poésie et la nouvelle ; et dans les nouvelles, il vient alterner des textes très réalistes et factuels de la vie à Monowitz-Buna (Auschwitz-III) et d’autres qui touchent à la science-fiction. Mais tous, d’une manière ou d’une autre, viennent témoigner et dénoncer l’idéologie nazie et sa froide application. Les nouvelles réalistes sont tirées de la vie de Primo Levi et parmi elles, c’est la culpabilité – et sa sincérité – qui est interrogée ainsi que le fait d’apporter des réponses à des familles dont l’arbre généalogique est amputé.
En plus de nous parler de l’époque, il dit l’après tout en projetant – grâce à la fiction – ce que pourrait être une idéologie similaire à l’avenir.
Le témoignage incontournable de Primo Levi, Si c’est un homme, fut l’un des premiers. Certaines nouvelles y font écho, montrant que contrairement à ce que certaines personnes pensent (ou disent bien fort) il y a encore des choses dire de la Shoah et nous n’avons pas dépassé la nécessité de la mémoire.
Si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que ce 27 janvier marquera les 100 ans de la disparition de cette autrice et journaliste qui marqua sa profession et ses lecteur·rice·s.
Quatrième de couverture : « Engagée en 1887 au journal New World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour la moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile, le Blackwell’s Island Hospital sur Roosevelt Island à New York.
Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions des laissées-pour-compte, elle accepte le défi et endosse le rôle. Elle reste dix jours dans l’établissement et en tire un brûlot. D’abord publié en feuilleton, ce reportage undercover met en lumière les conditions épouvantables d’internement des patientes ainsi que les méthodes criminelles du personnel. L’oeuvre de Nellie Bly, jusqu’alors inédite en France, marque la naissance du journalisme dit infiltré et préfigure les luttes pour l’émancipation des femmes. »
Trois reportages sont réunis dans ce livre. Le premier et le plus important en termes de nombre de pages est l’infiltration que connut Nellie Bly dans un asile – dans l’aile des femmes – afin de témoigner des conditions de vie, du manque d’humanité de la majorité des salariés et des maltraitances quotidiennes subies par les dites malades. Car au-delà même de l’encadrement et de l’indignité de celles et ceux qui sont sensés soigner et rassurer, Nellie Bly montre une société qui enferme les femmes, victimes de maladies mentales ou saines d’esprit. A partir du moment où le comportement froissait la société et ses mœurs, ou encore quand la femme était de trop pour un homme ou une famille, l’enfermement pour folie existait bel et bien.
Le reportage de Nellie Bly, publié en 1887, fit beaucoup de bruit à l’époque et permis de rendre visibles des délits, des crimes, des manquements graves. Des décisions politiques furent prises, mais nous savons bien que la prise en charge de la santé mentale dû faire encore de grands progrès…
Ce récit est suivi de deux courts reportages : l’un dans un service de recrutement de domestiques, l’autre dans une usine. Chacun a pour objectif de confirmer des rumeurs et de mettre en avant des injustices sociales (et des causes féministes).
Ce roman s’ouvre sur des considérations testiculaires. Une entrée en matière qui annonce que le contenu sera franc, cru et qu’on appellera une couille une couille.
Quatrième de couverture : « Une femme se laisse convaincre de renoncer à son métier, fait des enfants, les élève seule, survit à une multitude de violences quotidiennes et ordinaires et s’entend de surcroît répéter à tout bout de champ que le courage est un truc de bonhomme. Qui parviendrait à rester calme dans ces conditions ? Certainement pas Nora Benalia, dont Ce prochain amour est le premier roman publié. »
Nora Benalia se met (plus ou moins ?) en scène dans ce roman pour raconter des relations aux hommes. Parmi elles, il y a celle avec un ex-mari qui fut gorgée de violences et, de fait, d’un manque criant d’amour. L’autrice raconte un monde avant #metoo dans lequel les femmes savaient entre elles, à voix basse, les violences que chacune subissait. Ces femmes prétendues folles par leur bourreau ou rendues folles par les violences quotidiennes. Un monde peu habitué à voir une femme divorcer et élever seule ses enfants. Un monde qui jugeait la femme pour l’échec d’un mariage.
Mais c’est aussi du monde d’aujourd’hui dont elle parle. Un monde dans lequel la parole est un peu plus libre (bien qu’encore difficile à prendre) mais qui persiste à mal comprendre la situation des femmes et en particulier des mères célibataires.
De sa libération d’un homme violent à la recherche d’un nouvel amour, le personnage de ce roman témoigne également des blessures persistantes, de la nécessaire reconstruction comme de la notion de désirabilité.
Une lecture engageante pour une bonne partie mais qui s’est conclue – avec moi – par un essoufflement.
Je reviens avec le rendez-vous hebdomadaire : Un mot, trois livres.
Le but ? S’amuser avec les mots et choisir trois livres : un livre lu, un livre qui attend sagement dans ma PAL et un livre que je n’ai pas mais qui me fait (très) envie.
Le mot peut concerner la couverture, le titre ou le contenu du livre, ou encore un mélange de plusieurs de ces critères.
Ce format me permet : • de remettre en avant des livres dont je n’ai plus forcément l’occasion de parler • de redécouvrir des livres en sommeil dans mes bibliothèques et de relancer mon envie de les lire • de découvrir des livres qui attendent d’être adoptés
N’hésitez pas à reprendre cet article récurrent si vous le souhaitez, l’idée est de partager chaque semaine des idées de lectures !
— Le livre lu
Quatrième de couverture : « Jean-Louis Fournier fait le mort sur une table d’autopsie. Il analyse sa personnalité, ses réflexions et sa vie. Il s’amuse de ses petits travers d’humain et propose de se réconcilier avec eux, en les associant à un trait positif de son caractère, ainsi son orgueil et son humilité, son indifférence et sa sensibilité, sa poésie et sa cruauté. »
Quatrième de couverture : « Deux frères que tout sépare : Toby, qu’on prend pour un Blanc, brillant à l’école, éduqué en métropole, défenseur public des opprimés ; et Jaran, le plouc noir de cuir, resté au village avec les copains… A la mort de Toby, Jaran s’en va errer toute une nuit par les mauvais chemins, à la poursuite du souvenir de ce frère trop haï, trop aimé, avec lequel il a encore tant de comptes à régler… Un Brival de bonne et rude cuvée, qui envoie promener les bons sentiments et qui nous rappelle qu’au pays du mélange la couleur de la peau n’est jamais une petite affaire. »
— Le livre qui me fait envie
Quatrième de couverture : « Elles ont 7 ou 9 ans à New York. Elles s’appellent Christina, Lucy, Frangie ou Annie… Elles partagent des lits à punaises et des parents chinois qui luttent chaque jour pour les nourrir, leur payer l’école et les faire grandir dans le rêve américain. C’est leurs voix qui nous parlent, spontanées, crues, bouleversantes, elles racontent une enfance dans les marges, le racisme et la violence quotidienne, et l’amour immense des parents qui les protège et les étouffe. C’est ainsi qu’elles apprennent à sortir de l’enfance avec une audace et une soif de vivre qui éclatent à chaque page. »
Après avoir découvert avec forte émotion Requiem d’Anna Akhmatova, ce roman roman graphique se positionne un peu comme un écho au recueil de poésie. Nous sommes plongés dans la terreur stalinienne, confrontés aux arrestations arbitraires, aux disparitions et aux familles, celles et ceux qui restent et son laissé·e·s dans l’ignorance.
Quatrième de couverture : « En Russie, les grand-mères sont la mémoire vivante de l’histoire tragique de leur pays. Svetlana Alexievitch raconte d’ailleurs qu’enfant, sa grand-mère lui avait appris à écouter ce qu’on avait pas le droit de dire.
Valentina Sourvilo, 94 ans, se raconte à sa petite fille : une enfance heureuse à Leningrad, brutalement interrompue par l’arrestation de son père, en 1937. Puis viennent l’assignation à résidence à la campagne, la mort de sa mère, et le retour dans sa ville natale, qui va être assiégée pendant plus de deux ans. C’est le tristement célèbre Siège de Leningrad. La faim, le froid, la peur, les bombardements et les fusillades, la trahison des amis mais, aussi, parfois, la surprise d’une main tendue… À travers le témoignage exceptionnel de sa grand-mère Valentina, c’est le destin de tout un pays que nous raconte Olga Lavrentieva, qui, grâce à une maîtrise stupéfiante, donne ses lettres de noblesse au roman graphique russe. »
C’est en donnant la parole à sa grand-mère qu’Olga Lavrentieva dévoile tout une partie de l’histoire russe. Un partie des victimes de la Grande Terreur instaurée par Staline concernera des personnes d’origine polonaise. Ce sera le cas du père de Valentina Sourvilo. Arrêté sur de fausses accusations, la famille est expulsée de son logement et est envoyée dans une région éloignée de Leningrad.
De cet évènement à l’époque contemporaine, Valentina esquisse presque un siècle d’histoire russe en montrant l’injustice d’un système qui l’a malmenée de longues années. Elle dit aussi cette peur qui s’est inscrite en elle et qui ne l’a jamais quittée. Une peur née de l’arrestation de son père, de la perte de sa mère, de la guerre et du siège de Leningrad, des malheurs qui l’ont longuement accablée.
Je me suis laissée entraîner dans les soubresauts de cette histoire dans l’histoire, séduite par un scénario efficace et un témoignage profondément touchant. Un livre qui peut être lu en regard de la poésie d’Anna Akmatova, qui dit l’attente, le silence, le coeur qui meurt de chagrin, la douleur du temps qui passe sans nouvelles des proches, l’entière incertitude des lendemains. En complément de ces deux ouvrages, je me suis offert Envers et contre tout d’Euphrosinia Kersnovskaïa.
Ce livre est le premier d’Olga Lavrentieva qui soit traduit en français et j’ai hâte de pouvoir découvrir d’autres des œuvres.
Anna Akhmatova (1889-1966) a connu les répressions politiques en URSS de l’époque stalinienne. Elle prouve la force de la poésie pour dire la douleur et l’épuisement, pour dire aussi la colère et la détermination – en particulier des femmes – sans oublier la volonté de faire lumière et de rendre ainsi un peu justice aux victimes.
Quatrième de couverture : « En Russie, à la fin des années trente, parmi les millions d’innocents arrêtés qui disparaissent dans les cachots et dans les camps, il y a le fils d’Anna Akhmatova, un des grands poètes russes du siècle. Elle compose alors des poèmes qu’elle n’ose même pas confier au papier : des amis sûrs les apprennent par cœur et, pendant des années, se les récitent régulièrement pour ne pas les oublier.
En évoquant sa tragédie personnelle, Akhmatova parle au nom de toutes les victimes, et aussi de toutes les femmes qui, comme elle, ont fait la queue pendant des semaines et des mois devant les prisons. Ses vers formés des pauvres mots recueillis sur leurs lèvres, comptent parmi les plus poignants de la littérature russe.
Les dizaines de millions de voix étouffées et brisées qui, grâce à elle, traversent l’espace et le temps pour parvenir jusqu’à nous, résonneront encore longtemps dans la mémoire de la Russie. »
Durant la terreur stalinienne, le premier mari d’Anna Akhmatova a été exécuté, son fils a été arrêté et longuement emprisonné à plusieurs reprises, son troisième mari fut envoyé dans un camp où il mourut. Elle fut écartée de la vie littéraire et personnellement menacée. Ses textes ne pouvaient être conservés pour des questions de sécurité, ce furent donc ses amis qui les apprirent et les retinrent jusqu’au jour où ils purent être couchés sur papier.
Ici, Anna Akhmatova dit avec force l’injustice de l’enlèvement de proches, la difficulté de ne pouvoir avoir de nouvelles, le cruel mutisme de la prison, la folie que peut créer en soi la disparition d’un être aimé. Elle dit le bruit des bottes, les cliquetis des serrures des cellules, les cris des femmes et des mères qui attendent face à la prison.
Il faut lire ces poèmes pour nous souvenir et rendre hommage à ces femmes qui ont attendu, pleuré et défendu leurs maris, leurs fils, leurs frères, leurs pères. Des femmes courageuses mais piétinées par un pouvoir totalitaire et paranoïaque. Il faut lire ces poèmes pour nous souvenir et rendre hommage aux millions de personnes innocentes qui furent arrêtées, emprisonnées et envoyées en Sibérie.
C’est en préparant les explorations tempolittéraires de 2022 que j’ai découvert l’année de naissance d’Aharon Appelfeld : 1932.
N’ayant lu que les romans pour la jeunesse de cet auteur, je me réjouis de découvrir le reste de son œuvre au cours de l’année, commémorant les 90 ans de sa naissance ainsi que les 60 ans de sa première publication en hébreu.
1932 : Le 16 février, Aharon Appelfeld nait en Bucovine, à Jadova, petit village à proximité de Czernowitz. La région, précédemment ukrainienne, est alors roumaine. Il vit une enfance heureuse.
1940 : Il a huit ans. Sa mère est assassinée.
1941 : Il a neuf ans. Annexion de la Bucovine par la coalition germano-roumaine. Il est enfermé dans un ghetto et déporté dans un camp en Transnistrie. Il est séparé de son père.
1942-1945 : Âgé de dix ans, il parvient à s’évader du camp. Il se réfugie dans une forêt et y vit plusieurs mois. Il est ensuite recueilli par une famille avant d’être récupéré par l’Armée rouge à la fin de la guerre.
1946 : Il arrive en Palestine, alors sous mandat britannique.
1957 : Seize ans après leur séparation, il retrouve son père.
A la fin des années 1950, Aharon Appelfeld se tourne vers la littérature. Il écrira en hébreu, langue apprise à l’adolescence après son arrivée en Palestine.
1962 : Parution de sa première oeuvre en hébreu, le recueil de nouvelles Ashan (Fumée).
1983 : Il reçoit le prix Israël, le plus prestigieux du pays. Il est aujourd’hui encore considéré comme l’un des plus grands auteurs israéliens.
2004 : Il reçoit le prix Médicis du roman étranger pour son roman particulièrement biographique Histoire d’une vie.
2018 : Le 4 janvier, Aharon Appelfeld s’éteint. Il nous laisse plus de quarante romans et recueils de nouvelles.
Et vous, connaissez-vous cet auteur ? Lequel de ses romans conseillez-vous de lire absolument ?
Cela fait plusieurs mois que je souhaite découvrir Max Lobe et, parmi sa bibliographie, ce roman était celui que je voulais absolument découvrir en premier.
Quatrième de couverture : « Jean et Simon sauront-ils retrouver Roger ? Ce dernier a fui une mère colérique pour courir après un rêve, devenir une star du football. Quitter Douala, passer par le Nigeria pour finir en Europe : cela s’appelle faire le boza. Les péripéties de Jean et Simon aux trousses de Roger ont tout du voyage initiatique : ils découvrent le Nord du Cameroun, une région à la nature somptueuse, quoique sinistrée par Boko Haram et la pauvreté, goûtent aux fêtes. Mais le petit Jean se confronte aussi à l’éloignement d’avec la mère et à l’apprentissage d’une identité sexuelle différente. Max Lobe, avec sa gouaille et son humour, excelle à donner la parole à ses personnages, à restituer les atmosphères qui règnent dans la rue, les trains, les commissariats, les marchés ou les bars mal famés. »
Impression post-lecture à chaud : je suis ravie d’avoir été au bout de mon envie et je compte bien poursuivre ma découverte des romans de Max Lobe. La promesse de sa Phall’Excellence, paru en 2021, est au chaud dans ma PAL.
Roger, jeune homme camerounais, fugue de son foyer et sa vie familiale conflictuelle et meurtrie pour rejoindre l’Europe réaliser son rêve de devenir footballeur. Son frère, Jean, et un ami proche, Simon, partent à sa recherche sur les routes du boza. En arrière-plan du périple qui sera aussi un voyage initiatique pour Jean : les exactions du groupe terrorisée Boko Haram font chaque jour un peu plus de victimes, la découverte de premiers émois sexuels.
Un roman actuel, plein d’une gouaille savoureuse et d’une langue imagée, qui nous emmène saisir l’énergie de villes camerounaises et l’ambiance d’un pays vivant mais qui est aussi en proie au terrorisme, à la corruption, au départ de ses jeunes et, pour une partie de la population, à la manipulation spirituelle par intérêt pécunier.
En suivant ces deux jeunes, nous découvrons un pays et différentes forces en présence, des jeux de pouvoir et – ce que j’ai particulièrement aimé – une vitalité folle, notamment des personnages féminins.
Je ne peux qu’attirer votre attention sur la photographie de couverture. Si la couverture joue rarement un rôle dans mes envies de lecture, cette photographie m’a totalement attirée au premier regard. Il s’agit d’un portrait d’Omar Victor Diop, photographe sénégalais qui se met en scène autour de différentes thématiques, dont celle de la diaspora – ici en lien avec des rêves de ballon rond. Vous pouvez découvrir son travail sur son site internet ou en vous offrant son livre (disponibles aux éditions 5 Continents, paru en 2021). Un travail magnifique.
Poursuivons ensemble le bilan de l’année écoulée ! Le sujet du jour est : les objectifs visés en 2022.
Les objectifs de 2022
Je crois que le mieux est de ne pas revenir sur les objectifs de 2021 tant ils ont peu été atteints. Mais poser des objectifs c’est avant tout se proposer des directions à suivre. C’est vrai, parfois le chemin est un peu plus long que prévu, mais ça ne m’empêhche pas de m’orienter à nouveau pour l’année. Voici donc mes objectifs annuels :
❥ Mieux gérer mes achats de livres neufs
❥ Profiter des médiathèques lyonnaises
❥ Lire quelques pavés et classiques
❥ Découvrir de nouvelles maisons d’édition indépendantes
❥ Poursuivre ma découverte des littératures du monde
❥ Oser lancer mon podcast littéraire
Et vous, quels sont vos objectifs et/ou projets littéraires pour cette année ?
Poursuivons ensemble le bilan de l’année écoulée ! Le sujet du jour est : le bilan de mes lectures et les auteur·ice·s que je souhaite suivre de près (dans le respect de la loi).
208 livres lus
Comme pour les années précédentes, ce chiffre est à relativiser car je lis beaucoup de formes courtes et de romans graphiques. Sur ces 208 livres, 131 ont été chroniqués. C’est à peu près le même rythme que l’année précédente, ce qui m’étonne positivement considérant mon état physique. Un paquet de chroniques est ainsi en attente de rédaction.
Les auteur·ice·s marquant·e·s
Comme chaque année, mon cœur a vibré.
Ibrahim Aslân : Très touchée par la lecture de Deux chambres avec séjour, j’ai acquis les autres romans traduits de cet auteur culte égyptien. J’ai vraiment apprécié sa façon de traiter le deuil et les relations humaines.
Kaho Nashiki : Quelles émotions nous avons été nombreuses et nombreux à ressentir à la lecture de L’été de la sorcière ! En attendant une autre traduction de l’autrice japonaise, nous pouvons nous tourner vers sa précédente publication, Les mensonges de la mer (2017). Si vous n’avez pas encore découvert la belle relation complice qui habite son roman paru en français cette année, je ne peux que vous inviter à vous accorder quelques heures pour le lire.
Hwang Sok-yong (1943-) : Voici sans aucun doute l’auteur dont j’ai lu le plus de romans et nouvelles cette année et qui me marquera longtemps (un intérêt que je partage avec plaisir avec Alain du blogBibliofeel). Cet auteur coréen possède une réelle sensibilité face à l’injustice qui lui a valu des années de prison pour son opposition à la dictature.
Thomas Bernhard (1931-1989) : Enfant terrible des lettres autrichiennes, voici un auteur qui a su me faire rire amèrement autant que m’attendrir et me serrer le coeur. Je pense que lorsqu’on aime la critique sociale réalisée par le prisme de l’autofiction – de fait il a une vie qui se prête à la littérature – on aime Thomas Bernhard.
Han Kang (1970-) : Après l’abandon d’un de ses romans, je suis tombée à la renverse à la lecture du difficile – émotionnellement parlant – roman Celui qui revient. Un traitement incroyablement maîtrisé et efficace de son sujet : les massacres qui eurent lieu lors du soulèvement démocratique de Gwangju.
Abdellatif Laâbi (1942-) : Un poète remarquable, qui exprime l’amour autant que la résistance à l’oppression et le refus de la violence. Poète de l’humanisme. Je n’ai pas fini de le lire ni de vous en parler.
Christian Robinson (1986) : S’il y a un album jeunesse paru en 2021 que je retiens c’est bien Toi aussi, tu comptes. Un livre plein de bienveillance à l’égard de chaque enfant, qui regarde avec tendresse les soit-disant forces et faiblesse. Un potentiel support pédagogique.
Yamen Manai (1980) : J’ai été secouée par le court mais non moins marquant Bel abîme, paru cette année. Ce qui me donne envie de poursuivre ma découverte de cet auteur : sa sensibilité, son sens de la formule et de la phrase qui te met une petite claque.
Chi Zijian (1964) : Cette autrie chinoise m’interroge. J’ai beaucoup aimé Toutes les nuits du monde. J’ai été extrêmement déçue par Bonsoir, la rose. Résultat des courses : un point partout, la balle au centre. Il faudra une troisième lecture pour dire si oui ou non, je poursuivrai davantage ma découverte de son oeuvre.
Yasushi Inoue (1907-1991) : Rares sont les auteur·ice·s capables de saisir et de transmettre avec une telle précision la complexité des émotions humaines. Yasushi Inoue dépeint également la société japonaise de telle façon que nous avons presque l’impression d’y être. L’art de la justesse. Je me suis procuré l’un de ses romans autobiographique, je vous en reparlerai donc prochainement.
Souad Labbize (1965) : Ma découverte de Souad Labbize remonte à plusieurs années mais j’ai l’impression de l’avoir vraiment rencontrée cette année. Deux lectures aux tons différents qui m’ont émue, d’autres lectures prévues.
Ascanio Celestini (1972) : L’un de mes gros coups de coeur revient à cet auteur et dramaturge italien. Avec La brebis galeuse, il m’a secouée, m’a fait passer du rire aux larmes en un claquement de doigts. Je n’ai déjà plus ce livre, offert à Thomas VDB lors d’une rencontre-dédicaces à l’automne, mais je sais que je le rachèterai. Pour à nouveau l’offrir, sans aucun doute.
Ernest J. Gaines (1933-2019) : Je voulais lire plusieurs des romans de cet important auteur américain en 2021, après avoir adoré son recueil de nouvelles Mozart est un joueur de blues. La suite aura prouvé que j’ai manqué à cette promesse que je m’étais faite. Mais je ne l’oublie pas et j’espère vous en reparler avec émotion en 2022 !
William Gardner Smith (1927-1974) : Ce journaliste afo-américain s’est installé en France au début des années 1950, il y a assisté au racisme envers les Algérien·ne·s et au tragique 17 octobre 1961. Ce jour où la police française tabassa sans retenue et noya des Algériens dans la Seine. Roman remarquable dans lequel la voix journalistique rend factuels et proches de nous ce drame. Le visage de pierre était le dernier livre non traduit de l’auteur. Véritable coup de coeur, je regrette désormais que ses autres traductions ne soient plus disponibles…
Richard Bausch (1945-) : Ma lecture du roman Paix, qui parle de guerre, m’a rapidement fait faire un rapprochement stylistique entre Richard Bausch et Hubert Mingarelli. Si vous connaissez mon amour pour ce dernier, vous comprendrez mon intérêt nouveau pour le premier.
Leïla Sebbar (1941-) : Cette autrice m’émeut par son approche de l’exil et des origines, par son regard sur la (non) transmission culturelle et les ruptures générationnelles. Elle parle également de racisme et de discriminations. Je vous en parlerai davantage en 2022.
Albert Cohen (1895-1981) : J’ai enfin pris le temps de découvrir cet auteur culte des lettres françaises. Et quelle découverte ! C’est la rencontre de l’intelligence et du style. J’ai dans ma bibliothèque un deuxième livre de l’auteur, des chroniques fleuriront en cette nouvelle année.
Hala Mohammad (1959-) : Cette poétesse syrienne nous parle d’exil, de la maison familiale qui détient le secret de souvenirs au coeur de ses ruines, de la perte, de la reconstruction, de ce qui est impossible de reconstruire. Une très belle poésie. Trois recueils sont disponibles en français.
Max Lobe (1986) : Moi qui aime les langues imagées j’ai été plus que servie ! Impossible de ne pas succomber au charme de cet auteur Camerounais qui nous en fait voir de toutes les couleurs pour, finalement, nous parler de sujets sociaux et sociétaux. J’ai adoré et j’espère adorer encore longtemps.
Et vous, quel·le·s auteur·ice·s ont marqué votre année 2021 ?
Poursuivons ensemble le bilan de l’année écoulée ! Le sujet du jour est : la vie de ma bibliothèque.
Malgré un désherbage estival, ma bibliothèque a bien grossi de quelques piles cette année. Je suis clairement tombée dans un nouveau piège : jusqu’à récemment j’étais attirée par les nouveautés mais depuis un peu plus d’un an je flâne beaucoup dans les parutions antérieures et il y a de quoi faire ! De fait, en conjuguant cet enthousiasme à ma déformation professionnelle de documentaliste, on en arrive à des achats qui défient l’entendement. Mais je me suis mise aux livres de poche (ceci est un argument bien réel).
Emprunter au lieu de craquer
Après un an et demi de Covid et presqu’autant de tensions (pour ne pas dire fermeture) dans les établissements culturels, je suis enfin retournée à la bibliothèque. Je me suis installée sur Lyon fin 2019 alors vous imaginez facilement la frustration qui était la mienne…
J’essaie de changer mon comportement impulsif quand il s’agit d’acheter des livres pour favoriser l’emprunt. Sauf, bien sûr quand il s’agit d’une de mes collections, de thématiques qui me passionnent ou d’auteur·ice·s que j’adore. Ou quand le livre n’est pas dans le catalogue du réseau. Ou encore quand le prix en occasion ne se refuse sous aucun prétexte…
En une phrase : changer mon comportement d’achat est un résolution importante que je souhaite tenir cette année et à l’avenir.
Et vous, quel rapport entretenez-vous avec les achats et/ou les emprunt en bibliothèque ?
Les éditeurs découverts en 2021 :
Cette année j’ai découvert quelques maisons d’édition, notamment spécialisées en poésie et/ou littératures de la Méditerranée. ♥
Poursuivons ensemble le bilan de l’année écoulée ! Le sujet du jour est : le bilan des thématiques mensuelles et des challenges.
Les mois thématiques
Ma fatigue chronique et mes douleurs ne m’ont pas aidée cette année à organiser, alimenter et animer des mois thématiques comme je l’aurais souhaité. Deux thématiques ont ainsi été proposées cette année :
Juin Exil et migrations
Cette thématique revient tous les ans sur le blog et elle reviendra sans surprise cette année. Rien ne m’empêchera de vous parler d’histoires d’exil et de migrations, ces histoires qui ont façonné le monde depuis toujours, ces vies auxquelles certain·e·s personnes aux idées courtes mais à la haine généreuse attribuent tous les maux et travers de l’humanité aujourd’hui. Préparer ce mois thématique relève d’un engagement humain et politique clair pour moi. Il sera ainsi de nouveau proposé au printemps 2022, durant la campagne présidentielle.
Novembre Auteur·ice·s menacé·e·s ou assassiné·e·s
Un autre sujet qui me paraissait essentiel à évoquer au moins une fois sur le blog est celui de la menace qui pèse sur des auteur·ice·s à l’international et depuis longtemps. En France nous vivons dans un contexte exceptionnel de liberté d’opinion et d’expression qu’il est important de considérer. Cette liberté de pensée doit être liée aussi à la laïcité et à la liberté de croire comme de ne pas croire. Ainsi, il me semblait nécessaire de mettre en avant des auteurs et des autrices menacé·e·s, emprisonné·e·s, poussé·e·s à l’exil ou encore assassiné·e·s du fait de leurs écrits et de leurs opinions (sociales, politiques, religieuses, etc.). Je n’ai pas lu tous les livres que je souhaitais lire, novembre 2022 pourra donc à nouveau accueillir cette thématique qui, malheureusement, possède une longue bibliographie.
Les challenges
J’ai été plus sélective dans les challenges au cours de l’année 2021 et si je dois les résumer en une courte phrase ce serait celle-ci : je me suis régalée.
Je n’ai pas trop mal terminée la session précédente de ce challenge passionnant organisé par Cristie du blog Depuis le cadre de ma fenêtre. J’ai donc signé pour une nouvelle session qui se déroule du 21 avril 2021 au 21 avril 2022. Quelques évolutions des règles mais l’objectif reste le même : découvrir des oeuvres culturelles diverses qui touchent à la culture et l’histoire coréenne. Comme l’année passée, j’ai eu quelques mois sans lectures coréennes (ou sans chroniques), je vais donc me rattraper début 2022.
J’avais adoré ce challenge estival en 2020 (j’avais lu 27 auteur·ice·s de 19 pays différents), donc impossible de ne pas le refaire en 2021. Les règles ont évolué : il ne s’agissait plus de varier les nationalités des auteur·ice·s mais les lieux où se déroulent les romans. J’ai tout de même souhaité varier les nationalités (car j’aime découvrir un pays et une culture par les textes de personnes qui les connaissent intimement). J’ai moins explosé les scores que l’année précédente mais le contrat a été rempli !
Autrices du monde
S’il y a bien un challenge qui a marqué mon année 2021 et qui marquera sans aucun doute 2022 c’est le challenge @autricesdumonde qui se déroule principalement sur Instagram. Organisé par Claire de Des pages et des lettres (@despagesetdeslettres), il vise à rendre davantage visibles les autrices de tous les pays du monde. Chaque mois, suite à un vote, un pays est désigné. A chacun·e ensuite de lire un livre d’une autrice de ce pays (ou plusieurs livres, c’est possible aussi). Vraiment, je suis totalement séduite par cette formule qui me fait, certes, encore plus acheter de livres, mais qui satisfait surtout ma curiosité et ma soif de découvrir. Et ça, ça n’a pas de prix.
Et vous, avez-vous une thématique de lecture préférée ? A quels challenges avez-vous particulièrement aimé participer ?
Je vous souhaite une excellente nouvelle année, qu’elle fasse éclore de beaux moments – moins déterminés par l’actualité que depuis presque deux ans – et mette sur votre chemin de belles lectures !
Je ne vous cacherai pas que 2021 n’a pas été simple pour moi et que 2022 va débuter avec une succession de rendez-vous médicaux.
Points positifs : j’ai réussi à arrêter de fumer et j’en suis très chiante fière, et je suis devenue maman d’une charmante chatte – Agatha, 6 ans et toutes ses dents – qui, après avoir été abandonnée, est totalement gâtée.
Point négatif : il semblerait que je n’aie pas une maladie autoimmune, mais deux. J’espère donc que l’expression jamais deux sans trois ne s’appliquera pas dans mon cas. Merci d’avance à la déesse des santés merdiques.
Je dévoile cet aspect de ma vie pour vous prévenir de possibles absences ponctuelles, étant très fatiguée dans l’attente d’un traitement adapté. Cependant, je vais essayer de laisser le moins de place possible à la maladie.
Mais démarrons cette nouvelle année bloguesque avec un petit bilan de l’année écoulée ! Le sujet du jour est : les coups de cœur de 2021.
Les livres coups de cœur de 2021 :
Je profite de ce bilan pour remettre en avant mes coups de cœur de l’année, que ces livres aient été publiés en 2021 ou qu’ils soient antérieurs. J’ai le coeur tendre, le nombre de livres m’ayant fait chavirer le prouve :