
Nous sommes en 1939, la ségrégation mortifère fait rage dans les États du Sud et une jeune femme monte sur scène. Dans un club progressiste du Nord – région qui n’était pas un paradis de l’égalité – où se côtoient sans discrimination personnes noires et blanches, une chanson sur le lynchage va marquer la naissance d’un hymne encore porté aujourd’hui comme un symbole au sein de différentes luttes. Un titre culte et inoubliable qui continue de déranger certaines personnes aussi.
Présentation de l’éditeur : « En 1939, quand Billie Holiday interprète pour la première fois Strange Fruit, elle n’a que 24 ans et déjà un nom dans le milieu du jazz. Or, peu de poncifs racistes et sexistes lui furent épargnés. Non sans susciter le scandale, Billie Holiday chanta Strange Fruit, évoquant l’assassinat des noirs par lynchage seize ans avant que Rosa Parks refuse de céder sa place à un Blanc dans un bus en Alabama. Protest song avant l’heure et figure symbolique de la marche des Noirs vers l’émancipation, cette chanson fut écrite par un Juif blanc new-yorkais, Abel Meeropol, qui recueillit les enfants Rosenberg après que leurs parents furent exécutés. Selon Angela Davis, cette chanson a replacé la protestation et la résistance au centre de la culture musicale noire contemporaine. La revue musicale britannique Q, a classé Strange Fruit parmi les dix chansons qui ont véritablement changé la face du monde. David Margolick montre son importance, aussi bien musicale qu’historique, en s’appuyant sur de nombreux témoignages. »
La chanson Strange Fruit a une place singulière dans la musique du 20ème siècle. Elle est entourée d’histoire et de l’aura de Billie Holiday – qui eue elle-même une vie singulière. Née en 1915 et décédée en 1959 des suites d’une consommation abusive de drogues et d’alcool.
Dans cet essai, David Margolick revient sur l’histoire d’une chanson qui se fait aussi une analyse de la société américaine. Il montre le succès du morceau et de son interprétation par Billie Holiday, l’excellente réception de la part du public lettré et engagé mais sa méconnaissance de la part d’une grande partie de l’Amérique populaire, voire illettrée. Egalement, il y aura un rejet de ce titre : pour des raisons racistes, par gêne de Blancs vis-à-vis du sujet mais également par douleur de la part de personnes ayant été traumatisées par un lynchage ou d’autres violences racistes.
Année après année, le succès ne faiblira pas auprès d’un public acquis à la cause et il traversera l’Atlantique. Mais l’auteur constate qu’encore aujourd’hui il est rare d’entendre cette chanson à la radio malgré son poids historique et sa qualité artistique. Encore aujourd’hui, elle dérange. Raison de plus de l’écouter et de la faire découvrir, non ?
De son écriture par Abel Meeropol (qui dû prouver sa paternité) à sa survivance aujourd’hui, ce texte montre comment une œuvre musicale peut impacter un pays et le monde tout en nous faisant rencontrer une artiste unique qui osa défier l’ordre établi alors qu’on attendait d’elle des chansons d’amour contrariées.
Cette chanson avait un son particulier à mes oreilles mais, après cette lecture, elle ne sera plus jamais pareille. Encore plus forte, si toutefois c’était possible. Encore reprise aujourd’hui, j’ai passé de nombreux moments à découvrir sa réinterprétation. A mon sens, seule Nina Simone tient la comparaison. Parce que Nina a une place toute particulière dans mon cœur. Et il y a désormais aussi une place pour Billie.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas d’autres chroniques trouvées pour le moment.
Et vous, connaissez-vous cette chanson historique ?
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