📖 « La chambre de Mariana » d’Aharon Appefeld (L’olivier, 2008)

Me voilà bien embêtée alors que je dois écrire la chronique de ce livre qui m’a autant émue que gênée… Un début d’année avec Aharon Appelfeld contrasté mais néanmoins marquant car derrière ce texte se tient un enfant ayant survécu à la Shoah et il est impossible de ne pas y chercher la propre expérience de l’auteur, même parcellaire.

Quatrième de couverture : « Avant de fuir le ghetto et la déportation, la mère d’Hugo l’a confié à une femme, Mariana, qui travaille dans une maison close. Elle le cache dans un réduit glacial d’où il ne doit sortir sous aucun prétexte. Toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison. Hugo a peur, et parfois une sorte de plaisir étrange accompagne sa peur. Dans un monde en pleine destruction, il prend conscience à la fois des massacres en train de se perpétrer et des mystères de la sexualité. »

Hugo et sa mère sont enfermés dans un ghetto. Les rafles et les déportations s’accélèrent, la menace est de plus en plus pressante. La mère d’Hugo tente en vain de le placer à la campagne, dans une famille de paysans moyennant rétribution, mais ses plans n’aboutissent jamais. En dernier recours, elle confie Hugo à une ancienne camarade d’école prête à l’aider : Mariana.

Mariana vit dans une maison close et Hugo va désormais y vivre aussi, caché dans un réduit attenant à la chambre de cette femme dont il ne sait rien et qu’il va peu à peu apprendre à connaître… Dans ses accès de colère, dans sa douceur maternelle, dans sa mélancolie inconsolable, dans sa dépendance à l’alcool, dans sa sensualité.

Sans nouvelles de sa mère qui, après l’avoir confié à Mariana, est partie en quête d’une cachette dans les villages environnants, il entend et apprend ce qui se passe à l’extérieur : la chasse aux Juifs dans les moindres recoins des habitations, les exécutions publiques. A l’intérieur : la façon dont Mariana est traitée par les hommes, leur violence et leur mépris ; le risque d’être à la mercie d’autres personnes de la maison close et donc de risquer la délation à chaque instant. Le danger devient par la suite réel pour Mariana. Coupable d’avoir été prostituée, d’avoir reçu des Allemands lorsque les Russes prennent le contrôle de la ville.

J’ai été très touchée par Hugo et sa solitude, sa façon d’invoquer ses proches pour les garder en vie et se sentir moins seul, dans son réduit glacial et sombre. J’ai aimé la façon dont Aharon Appelfeld nous parle de la prostitution et de ces femmes pour lesquelles on sent une réelle compassion et de la considération. Mais un point de bascule entre Hugo et Mariana m’a fait clairement et définitivement dépasser la limite du malaise.

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Et vous, avez-vous lu ce roman ou un autre d’Aharon Appelfeld ?

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❤ « Sourvilo » d’Olga Lavrentieva (Actes Sud BD, 2020)

Traduit du russe par Polina Petrouchina

Après avoir découvert avec forte émotion Requiem d’Anna Akhmatova, ce roman roman graphique se positionne un peu comme un écho au recueil de poésie. Nous sommes plongés dans la terreur stalinienne, confrontés aux arrestations arbitraires, aux disparitions et aux familles, celles et ceux qui restent et son laissé·e·s dans l’ignorance.

Quatrième de couverture : « En Russie, les grand-mères sont la mémoire vivante de l’histoire tragique de leur pays. Svetlana Alexievitch raconte d’ailleurs qu’enfant, sa grand-mère lui avait appris à écouter ce qu’on avait pas le droit de dire.

Valentina Sourvilo, 94 ans, se raconte à sa petite fille : une enfance heureuse à Leningrad, brutalement interrompue par l’arrestation de son père, en 1937. Puis viennent l’assignation à résidence à la campagne, la mort de sa mère, et le retour dans sa ville natale, qui va être assiégée pendant plus de deux ans. C’est le tristement célèbre Siège de Leningrad. La faim, le froid, la peur, les bombardements et les fusillades, la trahison des amis mais, aussi, parfois, la surprise d’une main tendue… À travers le témoignage exceptionnel de sa grand-mère Valentina, c’est le destin de tout un pays que nous raconte Olga Lavrentieva, qui, grâce à une maîtrise stupéfiante, donne ses lettres de noblesse au roman graphique russe. »

C’est en donnant la parole à sa grand-mère qu’Olga Lavrentieva dévoile tout une partie de l’histoire russe. Un partie des victimes de la Grande Terreur instaurée par Staline concernera des personnes d’origine polonaise. Ce sera le cas du père de Valentina Sourvilo. Arrêté sur de fausses accusations, la famille est expulsée de son logement et est envoyée dans une région éloignée de Leningrad.

De cet évènement à l’époque contemporaine, Valentina esquisse presque un siècle d’histoire russe en montrant l’injustice d’un système qui l’a malmenée de longues années. Elle dit aussi cette peur qui s’est inscrite en elle et qui ne l’a jamais quittée. Une peur née de l’arrestation de son père, de la perte de sa mère, de la guerre et du siège de Leningrad, des malheurs qui l’ont longuement accablée.

Je me suis laissée entraîner dans les soubresauts de cette histoire dans l’histoire, séduite par un scénario efficace et un témoignage profondément touchant. Un livre qui peut être lu en regard de la poésie d’Anna Akmatova, qui dit l’attente, le silence, le coeur qui meurt de chagrin, la douleur du temps qui passe sans nouvelles des proches, l’entière incertitude des lendemains. En complément de ces deux ouvrages, je me suis offert Envers et contre tout d’Euphrosinia Kersnovskaïa.

Ce livre est le premier d’Olga Lavrentieva qui soit traduit en français et j’ai hâte de pouvoir découvrir d’autres des œuvres.

Cette lecture a été faite dans le cadre du challenge #autricesdumonde de janvier, organisé par Claire de Des pages et des lettres.

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Et vous, appréciez-vous l’histoire dessinée ?

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« Irmina » de Barbara Yelin (Actes Sud, 2014)

Traduit de l’allemand par Paul Derouet.

Je n’ai pas pu profiter du réseau des médiathèques comme je l’aurais voulu depuis un an et demi et quel plaisir de pouvoir y retourner sereinement ! Parmi mes premiers emprunts, ce livre qui me faisait de l’oeil depuis des mois et des mois. Un roman graphique de près de 300 pages, bel objet littéraire qui vient interroger une trajectoire individuelle dans l’histoire collective allemande des années 1930 et 1940.

Quatrième de couverture : « Inspiré d’une histoire vraie, le parcours d’une femme allemande des années 1930 à 1980. Un drame poignant sur le conflit entre l’intégrité personnelle et les compromis auxquels peut conduire l’ambition. À travers des images suggestives et pleines d’atmosphère, l’évocation d’une carrière pleine de fractures, exemplaire de la complicité que beaucoup ont nouée avec le régime hitlérien, en détournant les yeux et parce qu’ils y trouvaient avantage. »

Irmina est une jeune femme allemande qui va chercher l’émancipation en Angleterre. Etudiante dans une école la formant au secrétariat et à la dactylographie, elle a de grandes ambitions et souhaite faire ce dont elle a envie, comme elle en a envie. C’est dans ce pays qu’elle va faire la rencontre d’Howard, originaire de la Barbade (alors colonie de l’empire britannique). Un amour va naître, faisant fi des convenances racistes de l’époque, car Howard est noir.

Forcée de rentrer en Allemagne où le parti national-socialiste a pris le pouvoir, Irmina va se retrouver confrontée à des déconvenues et à des choix.

A travers ce portrait de femme, inspiré par les carnets de sa propre grand-mère, Barbara Yelin explore l’adhésion passive à un système fasciste et génocidaire. Avec Irmina, elle montre comment des frustrations autocentrées peuvent rendre aveugles, comment une soif d’ascension sociale peut se faire complice d’un modèle abject. C’est ce profil de passivité qui intéresse ici. Comment tant d’Allemands ne pouvaient-ils pas savoir ce qui se passait réellement, comme il a été dit à la sortie de la guerre ? Pourquoi ne voulaient-ils pas savoir serait plus juste. Car il s’agit bien de regards détournés qui, couverts par cette fameuse passivité, ont permis en partie l’inimaginable et l’irréparable.

Une réflexion passionnante sur les vies civiles en périodes de tensions et en temps de guerre. Presque un appel à la vigilance dans nos propres comportements : ne pas se laisser berner par de trop belles promesses, conserver des valeurs morales.

Un style graphique impressionnant dans ses plans larges de paysages et ses planches sur doubles-pages, moins convainquant dans sa représentation rapprochée des visages et des expressions.

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Et vous, quel livre avec un personnage principal moralement critiquable conseillez-vous ?

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« La station Saint-Martin est fermée au public » de Joseph Bialot (Fayard, 2004 ; Libretto, 2013)

Joseph Bialot est né en 1923 à Varsovie dans une famille juive qui quittera la Pologne pour s’installer en France en 1930. Engagé dans la résistance, il sera déporté en 1944 à Auschwitz-Birkenau. Il sera un survivant. Joseph Bialot s’est éteint en 2012.

Quatrième de couverture : « Un homme marche dans Paris. Il a été ramassé quasi mort à la fin de la Seconde Guerre mondiale par des soldats américains sur une route parsemée de cadavres et porte un matricule sur l’avant-bras gauche. S’il a tout oublié de l’enfer traversé, il ne sait plus non plus ce que fut sa vie d’avant la déportation. A-t-il une famille ? Des enfants ? Un métier ? Doté par défaut d’un prénom de hasard, il réapprend à vivre dans une capitale française qui, comme lui, veut panser ses plaies. Bribes et souvenirs lui reviennent au fur et à mesure de ses déambulations et des quartiers traversés. Un nom frappe sa mémoire : celui d’une station de métro. Son passé est là, tout près, il le sent. Pourra-t-il enfin renouer les fils d’une mémoire occultée ? »

Auteur de romans policiers, il est également connu pour son texte autobiographique C’est en hiver que les jours rallongent (paru en 2002) qui revient sur sa déportation. Le roman dont je vous parle aujourd’hui a paru en 2004 et, s’il s’agit d’une fiction, il est évidemment nourri de l’expérience personnelle de l’auteur.

Des Jeep avancent sur des routes de l’Est. Des routes couvertes de linges étranges. Des hommes. Parmi eux se trouve un vivant.

Ne se souvenant de rien, l’homme baptisé Alex va devoir réaliser un travail intense pour se retrouver. Les souvenirs qui ressurgissent lors de séances médicalement encadrées sont ceux du camp, à travers eux le lecteur découvre également ce qui a été.

La construction narrative donne un sentiment de porosité entre la fiction et le témoignage. Nous souhaitons infiniment qu’Alex retrouve son histoire – et, espérons, sa famille -, nous devons parcourir le vide et le remplir avec lui, affronter ce que sa conscience a voulu effacer.

A partir de la quête d’un homme, Joseph Bialot montre également une France d’après-guerre nuancée qu’il est très intéressant de souligner. Celle qui cherche les absents, celle qui découvre ce qui a été, celle qui a encore son lot d’antisémites.

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Et vous, connaissez-vous cet auteur ?

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❤ « La pierre tombale » de Oh Jung-hi (Picquier, 2004)

J’avais découvert Oh Jung-hi avec son roman L’oiseau paru en 2005, qui parlait de deux enfants laissés seuls dans la misère. Un texte qui m’avait marqué par son sujet ainsi que par la langue de l’autrice. Il fallait donc que je renouvelle l’expérience.

Quatrième de couverture : « Haeryông, petit port au nord de la Corée. C’est ici que se joue l’histoire d’une famille en cet été de seconde guerre mondiale qui s’achèvera avec la mise en place du gouvernement communiste. Tous les jours, Hyôndo, petit garçon de neuf ans, est à son poste de guet dans le quartier où se trouve une pierre tombale, témoin de la violence de l’histoire, tandis que son monde bascule en même temps que celui des grands. »

Hyôndo est un jeune garçon qui va assister à l’effondrement de son monde. Nous sommes en 1945, la Corée est envahie par le Japon et la guerre touche à sa fin. Et la paix promis aura une saveur particulièrement amère.

Ce roman est presque une nouvelle, faisant à peine une centaine de pages, et pourtant il aborde énormément d’aspects de la guerre et de l’après-guerre en Corée, montrant que des événements tragiques s’étant déroulés au Japon ont impacté la population coréenne déplacée pour le travail.

A hauteur d’enfant nous découvrons la vie d’un village portuaire fracturé entre familles coréennes et japonaises, les discriminations vécues dès le plus jeune âge, l’horreur des séquelles des bombes atomiques et de la prise d’opium, la mise en place d’une politique communiste qui prend violemment pour cible les propriétaires. Jusqu’à la question qui traumatisera de nombreuses familles : rester ou partir ?

Chose surprenante, en fermant ce roman je n’ai pas ressenti de coup de coeur . Pourtant, plus j’y repense et plus mes émotions s’emballent. Un coup de coeur curieusement à retardement qui confirme mon envie de continuer à découvrir Oh Jung-hi qui sait voir et transmettre les émotions humaines dans leur immense variété et leur complexité.

Cette lecture entre dans le cadre du Challenge coréen organisé par le blog Depuis le cadre de ma fenêtre ainsi que pour l’automne coréen organisé par @antastesialit.

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Et vous, participez-vous à un challenge en lien avec la littérature étrangère ?

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❤ « Charlotte » de David Foenkinos (Gallimard, 2014)

J’ai découvert ce roman il y a plusieurs années. J’en étais intégralement tombée sous le charme. Il y a peu, j’ai vu qu’il existait une version de ce texte au format beau livre, illustré d’une sélection d’œuvres de Charlotte Salomon. Comment résister ? Pourquoi hésiter ?

Quatrième de couverture : « Le roman de David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin, Charlotte est exclue par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Elle y entreprend la composition d’une œuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : C’est toute ma vie.

Ce roman a connu un succès considérable depuis sa publication en septembre 2014 et a obtenu deux prestigieux prix littéraires, le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens.

De nombreux lecteurs ont demandé à l’auteur de montrer les œuvres peintes de Charlotte, quelques-unes des centaines de gouaches qu’elle a laissées et dont l’ensemble, intitulé Vie? ou Théâtre? raconte son histoire.

Cette édition intégrale illustrée du roman est accompagnée de cinquante gouaches de Charlotte Salomon choisies par David Foenkinos, et d’une dizaine de photographies représentant Charlotte et ses proches. »

De ce roman, devenu un classique contemporain, j’ai entendu du bien et du moins bien. J’en avais un très bon souvenir mais cette belle édition s’est présentée à moi comme l’occasion de remettre en jeu mon premier avis.

Je me souviens que cette lecture m’avait marquée par son sujet – un roman biographique extrêmement fort – mais aussi par sa forme. Il s’agissait du premier roman en vers libres que je découvrais et j’avais beaucoup apprécié. Cette forme donne un rythme, une musique, en même temps qu’il met en avant des hésitations, des doutes, des cassures.

Je suis ressortie de cette seconde lecture émue et à nouveau conquise, trouvant que dérouler la vie de Charlotte avec ses œuvres en regard du texte est un vrai plus, apporte une réelle force page après page. Même si je ne suis pas amatrice du style pictural de l’artiste, j’ai été sensible au sentiment d’urgence dont ses œuvres sont particulièrement empruntes.

Charlotte Salomon est allemande. Sa famille est frappée d’une sorte de malédiction : la dépression et/ou la folie qui mènent toutes deux à de nombreux suicides. Puis, dans les années 1930 et 1940 en Allemagne, le danger est autre. Car Charlotte et sa famille sont juifs. Dès le début de la lecture nous savons qu’elle ne survivra pas à la haine, qu’elle sera déportée et assassinée. Entre sa naissance et sa mort prématurée, à 26 ans, une vie se déploie : avec ses passions, son art, ses doutes, ses blessures, ses chutes, ses forces, ses renaissances. C’est une femme complexe, confrontée à la perte dès son jeune âge, dont le parcours me bouleverse.

L’une des critiques qui revient régulièrement à l’encontre de ce roman est la place que prend David Foenkinos dans l’histoire. Il s’invite de temps en temps pour évoquer l’avancée de ses recherches, partager des anecdotes ou insister sur l’impact qu’a eu Charlotte sur lui. C’est quelque chose qui a dérangé certaines lectrices, trouvant qu’il venait prendre de la place là où ce n’était pas nécessaire au lieu de laisser l’espace à Charlotte. Une sorte d’abus de présence masculine, si je résume grossièrement. C’est notamment cette critique assez ferme qui m’a invitée à la relecture : aurais-je été légère dans mon féminisme à la première lecture ?

Je ne trouve pas. Je ne suis pas d’accord avec cette critique et je ne vois pas où est le problème dans ces quelques moments de rupture qui permettent à l’auteur d’exprimer son admiration et son émotion dans sa quête de Charlotte mais aussi son enthousiasme à nous la faire connaître. Si je devais avoir un parcours similaire concernant un•e artiste que j’admire, je serais sûrement tentée de faire le même genre d’apartés qui rappellent aussi une réalité : dans la mémoire – ou l’oubli – des lieux, dans la difficulté de trouver des traces et des archives, dans la joie quand l’ombre d’une réponse se profile. Je crois que réduire ce texte à une problématique sexiste c’est se tromper de combat et annihiler son message, ce qui me paraît assez dommage.

Je vais donc conclure sur mon coup de coeur qui se déclare pour la seconde fois : ce roman est à la fois beau, passionné, dramatique et révoltant. Un hommage réussi dont on sent l’importance pour David Foenkinos.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : A venir…

Et vous, aimez-vous les éditions augmentées ?

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« Idiss » de Richard Malka et Fred Bernard d’après Robert Badinter (Rue de Sèvres, 2021)

Paru chez Fayard en 2018, Idiss est adapté cette année en roman graphique. Voici l’occasion de redécouvrir ou de découvrir tout court – ce qui est mon cas – cet hommage de Robert Badinter à sa grand-mère qui est aussi un regard sur plusieurs générations de proches prises dans les tourments de l’histoire.

Quatrième de couverture : « J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils. Robert Badinter.

Richard Malka et Fred Bernard s’emparent de ce récit poignant et intime pour en livrer une interprétation lumineuse tout en pudeur et à l’émotion intacte. »

Si je n’ai pas été vraiment sous le charme des illustrations (dont je reconnais cependant la qualité) j’ai vraiment apprécié le scénario et les propos. De la Bessarabie de la fin du 19ème siècle à la France des années noires, Idiss va connaître une vie avec des ruptures, des blessures intimes mais aussi de grands bonheurs grâce à sa famille. Car Idiss est une femme droite, combattive et déterminée pour ses proches, en cela elle ne peut être qu’infiniment attachante.

D’un caractère affirmé et attaché à la tradition, Idiss va devoir faire face au deuil encore jeune et à des conflits familiaux. Ses petits-enfants seront ses soleils, notamment Robert dont elle est proche. Mais le monde s’enflamme et la Seconde Guerre mondiale est déclarée.

J’ai été très émue à plusieurs reprises au cours de ma lecture, pour cet amour inconditionnel vécu entre Idiss et Schulim, face à l’antisémitisme, pour les vies séparées et les adieux imposés, pour celles et ceux qui ne sont pas revenu·e·s.

Avec cette histoire familiale Robert Badinter transmet aussi son amour pour la France : celle qui a accueilli des familles entières qui fuyaient les haines, cette France en laquelle les familles Rosenberg et Badinter avaient mis leur confiance et dont elles ne doutaient pas. Mais cette France a collaboré, poussé à l’exil, déporté sans scrupules. Une histoire collective et individuelle qui permet de comprendre d’une belle façon l’homme investi dans le combat des injustices qu’est Robert Badinter.

Des éléments documentaires et des dessins préparatoires sont présents en fin de volume. Pour moi c’est toujours un plus : de contextualisation historique et de partage concernant la démarche créative.

Je l’ai lu avec mille précautions (même si je n’ai pas l’habitude d’abîmer les livres, je suis un peu maladroite) car ce sera un cadeau. Son format est tellement beau qu’il est parfait pour faire plaisir. Ma mère admire Robert Badinter, apprécie les histoires de vies et les romans graphiques, alors je le glisse tout de suite dans ma valise en croisant les doigts pour qu’elle ne se l’achète pas. Ce suspens qui balance entre préserver la surprise et prendre le risque de faire une surprise loupée.

En conclusion : si vous aimez les histoires familiales qui traversent l’histoire de l’Europe et/ou si vous cherchez un beau livre à offrir à quelqu’un qui a aussi ces centres d’intérêts, Idiss vous attend.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Les mots de la finLes voyages de LyL’accro des bulles

Et vous, quel autre récit familial marqué par l’histoire conseillez-vous ?

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« La lumière dans les combles » de Sharon Cameron (Gallimard jeunesse, 2021)

Toujours attentive aux publications relatives à l’histoire de la Shoah, il m’a été impossible de ne pas découvrir ce roman qui retrace l’histoire de Stefania Podgórska, jeune fille polonaise durant la guerre et devenue en 1979 Juste parmi les nations (avec sa sœur Helena).

Quatrième de couverture : « J’espère bien que vous allez m’emmener à la Gestapo. Alors je pourrai leur dire ce que je vais vous dire à vous. Que vous êtes des lâches. Et des idiots. Bien sûr que je veux cacher des juifs ! Je le reconnais. C’est la vérité. Je veux les cacher et les aider jusqu’à ce que quelqu’un décide d’en finir avec cette guerre.

Stéfania a fait le choix de résister. Quitte à payer le prix fort. »

Je suis régulièrement agacée par des romans dont l’approximation ou le ton me laissent dubitative, des romans pour lesquels j’ai parfois le sentiment qu’il s’agit de démarches sensationnelles déplacées ou d’un prétexte contextuel qui s’annonce potentiellement vendeur (attention aux limites du marketing sur ce sujet, qui devient parfois franchement dérangeant, comme l’ont récemment montré – compris ? – J’ai lu). Car oui, il y a énormément de littérature sur la Seconde Guerre mondiale et la Shoah qui paraît chaque mois et, si je m’en réjouis pour son aspect sensibilisateur et mémoriel, certains titres me font sérieusement m’interroger dès leur quatrième de couverture.

Avec La lumière dans les combles j’ai eu une très bonne surprise (je n’en attendais pas moins des éditions Gallimard jeunesse qui ont généralement un juste positionnement).

Sharon Cameron s’est beaucoup documentée pour l’écriture de ce roman qui était devenu pour elle un devoir : cette histoire, elle se devait de la raconter. Marquée par l’histoire et la personnalité de Stefania Podgórska il y a plusieurs années, elle nous livre aujourd’hui ce travail littéraire de mémoire pour des lecteur•trice•s à partir de 15 ans. Je salue la présence du dossier documentaire en fin d’ouvrage (c’est toujours un plus notable pour moi) qui permet de resituer certains éléments, de positionner la part de fiction et la part d’authenticité de l’histoire, de retrouver certaines personnes dans leurs parcours personnels après la guerre.

Arrivée toute jeune en ville pour échapper à une vie à la campagne qui ne lui plaît pas, Stefania va rapidement trouver du travail dans la boutique des Diamant. Peu à peu, elle va faire partie de la famille et des liens forts, avec différents degrés de complicité, vont se nouer avec les parents et les enfants. Les échos d’une guerre atteignent la petite ville Polonaise de Przemyśl et bientôt les bombardements font trembler les murs et les esprits. L’Allemagne envahit une partie de la Pologne, l’URSS une autre : la ville est coupée en deux. Automne 1941 : avec l’opération Barbarossa, l’Allemagne trahit le pacte germano-soviétique et prend le contrôle de tout le territoire polonais.

Nous suivons cette sombre époque aux côtés de Stefania qui, après une période de déni, va réaliser la gravité des actions en cours et va s’engager pour venir en aide à la famille Diamant – qui est juive – à laquelle elle est infiniment attachée. Elle va faire des choix et, avec sa sœur Helena, va grandir au rythme de la guerre : vite. C’est un voyage au coeur de la conscience que nous propose Sharon Cameron. En plus d’un roman historique, elle nous transmet avec plusieurs personnages marquants (que je vous laisse découvrir pour ne rien dévoiler) une réflexion sur la discrimination, la douleur de ne pas avoir pu faire plus, la culpabilité face à la mort, les regrets, les remords, la poursuite désespérée d’un jour de plus à vivre, la peur, le courage, la détermination, l’espoir, l’abnégation totale afin que ce qui est juste triomphe de la barbarie. Et, bien entendu, une réflexion sur l’antisémitisme et ses pires expressions.

Globalement ce roman a été une très bonne lecture, j’ai été absorbée et émue. Il montre bien le processus génocidaire à l’encontre de la population juive polonaise ainsi que les risques encourus par Stefania et sa sœur. J’ai apprécié le temps pris pour explorer les cas de conscience, qui montre la difficulté de l’engagement et de la résistance, la force de la peur et de la répression sur les populations. Si nous suivons un personnage engagé, Sharon Cameron montre aussi la haine et l’antisémitisme au sein de la société civile polonaise ainsi que l’indifférence, le compromis qui devient compromission.

J’ai apprécié la façon dont le sujet est traité mais je crois que j’aurais été encore plus intéressée si le texte avait été composé d’une alternance de points de vues.

Je suis pénible et vais donc souligner quelques petits points discutables. Pour commencer : l’erreur de couverture concernant l’étoile jaune, qui n’était pas utilisée en Pologne (il s’agissait d’un brassard sur lequel figurait une étoile de David bleue). J’ai également tiqué devant quelques formulations que j’ai trouvées un peu maladroites et j’ai trouvé assez peu crédible la situation de fin avec des membres de l’armée soviétique (que je vous laisse découvrir) étant donné l’antisémitisme également vivace en URSS, mais peut-être s’est-il bien s’agit d’une situation réelle.

En conclusion, malgré quelques petites retenues, c’est un roman à la fois émouvant et didactique que je recommande pour un lectorat adolescent qui souhaite en savoir plus sur la Shoah en Pologne. Une belle réalisation.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Le sentier des motsLes instants volés à la vieAnalireSimple as books

Et vous, avez-vous parfois des réserves similaires concernant des romans traitant de cette période historique ?

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❤ « Les mauvaises herbes » de Keum Suk Gendry-Kim (Delcourt, 2018)

Ce roman graphique dort depuis des mois et des mois dans ma bibliothèque. Je l’ai commencé une première fois mais je n’ai pas réussi à aller très loin car son sujet s’aborde avec un certain esprit, du temps, de la disponibilité, du calme. Il faut être entièrement à sa lecture. Un beau livre pour la mémoire, un impressionnant roman graphique de presque 500 pages et dont pas une seule n’est de trop.

Je l’ai repris et lu cette semaine suite à une actualité que souhaitais partager ici avec vous, par soutien pour ces femmes (vivantes comme décédées) qui demandent et méritent justice, reconnaissance des préjudices et à qui on refuse les excuses :

C’est un jugement lourd à l’impact diplomatique retentissant. Ce vendredi 8 janvier, un tribunal sud-coréen a jugé que Tokyo devait dédommager les victimes d’esclavage sexuel durant la Seconde Guerre Mondiale. C’est la première fois qu’une telle sanction est prononcée.

RFI, « Corée du Sud : Tokyo condamné pour esclavage sexuel durant la Seconde Guerre mondiale » 8 janvier 2021

Quatrième de couverture : « 1943, en pleine guerre du Pacifique, la Corée se trouve sous occupation japonaise. Oksun, seize ans, est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l’armée japonaise basée en Chine. Après avoir vécu 60 ans loin de son pays, Oksun revient sur sa terre natale.

Cet ouvrage, témoignage à la fois bouleversant, documenté et objectif d’une femme par une femme, retrace non seulement le parcours d’une vie, mais à travers lui tout un pan de l’histoire moderne de la Corée du Sud. »

Dans toute guerre le ventre des femme devient un territoire à conquérir comme un autre. Si les femmes et les jeunes filles sont les principales victimes de ces crimes, hommes et enfants de tout sexe n’y échappent pas.

Ce roman graphique est un témoignage difficile mais nécessaire : Keum Suk Gendry-Kim a ressenti un besoin profond et urgent de parler de ces femmes. Elle s’est rendue dans une maison de partage en Corée, lieu dans lequel vivent d’anciennes femmes de réconfort (comprenez officiellement esclaves sexuelles) dès lors qu’elles ont pu quitter la Chine pour retrouver leur pays de naissance. C’est lors d’une de ses visites que l’auteure a rencontrée Lee Oksun qui a accepté, petit à petit, de lui confier son histoire afin que l’oubli ne fasse pas son oeuvre, afin qu’on n’oublie pas ces femmes qui on connu le même sort qu’elle (leur nombre est estimé à 200 000 selon les historiens).

Oksun revient sur son enfance marquée par la pauvreté, la faim, la colonisation japonaise, le début de la guerre, la séparation d’avec sa famille et son exploitation par des adultes. Vient ensuite sa jeunesse. Une adolescence (puis une vie) déplacée en Chine, brisée par le viol et l’esclavage sexuel au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les jeunes coréennes étaient trompées, enlevées ou achetées puis envoyées près des stationnements militaires, par et pour les militaires japonais.

A travers ses mots et ses souvenirs elle explique la peur, sa déportation en Chine, l’horreur de ses conditions de détention – prisionnière d’un couple – violentée durant plusieurs années par les soldats japonais. Et dans son témoignage éprouvant pour elle, une place est aussi faite à d’autres jeunes filles qu’elle a connues. Viendra la fin de la guerre et alors la question se pose : qu’allons-nous devenir ? Qu’allons-nous faire ? Est-ce que quelqu’un nous attend quelque part ? Vers où aller ? Comment continuer à vivre ?

Oksun montre l’impact psychologique encore vif de ces années de guerre et de supplices physiques, intimes. Sa voix porte lors des rassemblements pour demander justice : que le Japon reconnaisse sa responsabilité dans l’établissement de nombreuses maisons de passe pour les soldats, qu’il reconnaisse les femmes qui y étaient envoyées de force et exploitées des victimes de guerre, des victimes de leurs soldats.

J’ai été très émue de lire ce roman graphique au regard de l’actualité, même si le verdict du tribunal de Séoul implique des tensions diplomatiques avec le Japon. Je suis d’une grande naïveté mais j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi il est si difficile pour un État de reconnaître ses torts alors même que s’excuser est l’une des premières choses que l’on apprend à un enfant.

Concernant le travail graphique, nous reconnaissons immédiatement le style de Keum Suk Gendry-Kim, entre les traits tendres et les encrages forts, entre la douceur qu’elle porte à ses personnages et le traitement pudique et respectueux mais marquant des moments traumatiques, comme on peut beaucoup le retrouver dans Jiseul. Une identité artistique que j’apprécie beaucoup et que je vais continuer à découvrir avec plaisir et émotion.

Cette lecture entre dans le Challenge coréen organisé par Cristie du blog Depuis le cadre de ma fenêtre.

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Et vous, quel•s livre•s avez-vous lu•s sur ce sujet ?
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« Les indésirables » de Kiku Hughes (Rue de Sèvres, 2021)

Il y a quelques mois j’ai été bouleversée par le roman graphique Nous étions les ennemis de George Takei et Harmony Becker et, voyant cette parution annoncée pour la rentrée littéraire, j’ai souhaité voir comment le même sujet pouvait être abordé pour un public adolescent.

Quatrième de couverture : « Kiku a 16 ans. Americano-japonaise, elle se sent déconnectée de son héritage japonais et en sait peu sur l’histoire de sa famille qui cultive le secret. Alors qu’elle est en vacances avec sa mère à San Francisco, elle se retrouve brusquement dans les années 1940, propulsée dans un des camps qui a fleuri sur le territoire américain au lendemain de Pearl Harbor. Parquée, Kiku partage le quotidien de sa jeune grand-mère et de 120 000 citoyens nippo-américains déchus de tous leurs droits civiques par leur propre gouvernement, car accusés d’être des ennemis de la nation.. »

Le dessin n’est pas dans la lignée de ceux que je préfère mais je me suis laissée emporter sans mal dans ce voyage dans le passé et dans la mémoire familiale d’une jeune fille américano-japonaise, touchée par la haine sur le sol américain durant la Seconde Guerre mondiale.

Dès le début de la lecture un nom me vient en tête : Octavia E. Butler et son roman Liens de sang (dont j’ai lu l’adaptation graphique réalisée par Damian Duffy et John Jennings). Alors que Kiku se promèneà San Francisco, avec sa mère, à la recherche de la maison de leurs aïeux, elle est renvoyé vivre un épisode du passé : elle y découvre sa grand-mère. Plusieurs allers-retours entre présent et passé, plus ou moins longs, vont amener la jeune fille à prendre conscience du passé traumatique de sa famille et à ouvrir le dialogue avec sa propre mère. Kiku Hughes questionne la transmission des traumatismes et l’impact de ces derniers dans la construction de nos identités. Que transmettons-nous et pourquoi ? Et, à l’inverse, que choisissons-nous de ne pas transmettre et pourquoi ?

En rejoignant sa grand-mère dans le passé, Kiku montre aux lecteurs•trices un pan de l’histoire peu connu : le quotidien dans les camps et, de fait, la responsabilité des États-Unis dans la mise en place d’un système discriminatoire et de détention. Pour ne pas oublier, pour ne pas reproduire et pour transmettre à son tour la force de l’indignation et du refus de la haine, quelle qu’elle soit.

Ce roman graphique est parfaitement adapté à un lectorat adolescent mais il m’a semblé manquer de pas mal d’informations en comparaison du très complet Nous étions les ennemis. Cependant, l’essentiel est bien présent et permet de comprendre cette histoire longtemps éludée par les États-Unis. Concernant le récit en lui-même, je regrette qu’il n’y ait pas eu de réelle rencontre entre Kiku et sa grand-mère, ça m’a manqué.

Si les sujets centraux sont l’arrestation et la détention de plus de 120 000 citoyens nippo-américains et la mémoire, Kiku Hughes ouvre son récit à des sujets d’actualité amenés avec justesse et pertinence. Je vous laisse les découvrir.

Pour ma part, la piste de lecture complémentaire envisagée est No no boy de John Okada (Editions du Sonneur, 2020).

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Et vous, est-ce un pan de l’histoire américaine que vous connaissiez ?

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« Compte les étoiles » de Lois Lowry (L’École des loisirs, réed. 2020)

Initialement publié en France en 1990, ce roman jeunesse a été réédité en début d’année. L’histoire du sauvetage de la majorité des Danois juifs durant la Seconde Guerre mondiale, du point de vue d’une enfant, qui pourra transmettre aux jeunes lecteurs•trices les valeurs du courage et de l’engagement pour autrui.

Quatrième de couverture : « 1943. Pour Annemarie Johansen, la vie à Copenhague est un mélange compliqué de vie familiale, d’école, de rationnement alimentaire et d’occupation allemande. Le courage semble une vertu lointaine. Au moment où les Nazis commencent à organiser les déportations des Juifs du Danemark, les Johansen recueillent la meilleure amie d’Annemarie, Ellen Rosen, désormais présentée comme faisant partie de la famille. Ellen et Annemarie doivent réfléchir très vite lorsque les soldats perquisitionnent et demandent en pleine nuit pourquoi Ellen n’est pas blonde comme ses soeurs. A travers les yeux d’Annemarie nous voyons comment la résistance danoise réussit à faire traverser le bras de mer les séparant de la Suède à la quasi-totalité de la communauté juive, qui compte alors près de sept mille personnes. »

En suivant le quotidien d’une jeune fille dans la guerre, le point de vue principal s’adapte à l’âge des lecteurs•trices, à mon sens à partir de 12 ans. Nous découvrons les familles Johansen et Rosen, amies par voisinnage mais aussi car Annemarie Johansen et Ellen Rosen sont inséparables. La veille du nouvel an juif, le 29 septembre 1943, la communauté juive de Copenhague est prévenue : des rafles auront lieu à leurs domiciles le lendemain en vue de déportations. Dès lors, il faut trouver où se cacher, se séparer en espérant pouvoir, plus tard, se retrouver.

En suivant Annemarie et Ellen, nous sommes au départ à distance des événements, ayant conscience de l’occupation allemande et du danger ambiant mais en même temps protégés des discussions des adultes et donc des faits très concrets. C’est peu à peu que la réalité se révèlera et que le courage d’Annemarie s’exprimera, pour son amie, sa famille mais aussi les personnes qu’elle ne connaît pas mais qu’elle sait en danger. Mais, au-delà de la jeune fille, c’est tout un réseau de proches qui s’engage, montrant au lecteur l’organisation d’un groupe de résistance.

Je ne connaissais pas spécialement l’histoire de la résistance danoise et j’ai été contente de la découvrir, d’en apprendre plus sur ce pays en particulier durant la Seconde Guerre mondiale, sur le passage en Suède et l’implication des pêcheurs pour cela. Je ne doute pas une seconde que ce roman tiendra eveillés jusque tard dans la nuit nombre de jeunes lecteurs•trices, aux côtés d’Annemarie, d’Ellen et de leurs familles.

Je regrette cependant qu’il n’ait pas été fait mention des dénonciations, des danois engagés volontaires aux côtés des nazis ou encore des civils ayant souscrit aux idées antisémites. Car si le sauvetage a été exceptionnel au Danemark, cela aurait renforcé l’importance de la résistance et de l’engagement, car tout le monde n’a pas résisté et je pense que c’est un élément à souligner. La notion d’argent dans le fait de faire passer les personnes en Suède aurait été intéressante aussi à aborder, car bien que des pêcheurs aient transporté gratuitement des personnes, il est clairement admis que la fuite avait un prix, l’argent étant souvent investi ensuite dans les actions de résistance. Egalement, j’imagine que, comme partout, des personnes juives ont participé à la résistance et cela m’a manqué ici.

Enfin, j’ai noté une maladresse dans la postface concernant une distinction entre Juifs et Danois. J’ai été dérangée par cette séparation (tous ou presque n’avaint-ils pas la nationalité danoise ?) ainsi que par une sorte d’infantilisation, insinuant presque d’un côté un activisme total et de l’autre une passivité : C’est ainsi que les Juifs, tous à part ceux qui n’avaient pas cru à cet avertissement, purent échapper aux premières rafles. Ils allèrent se réfugier dans les bras des Danois, qui les accueillirent, les nourrirent, les habillèrent, les cachèrent et les aidèrent à gagner la Suède. (p. 180) Je ne veux pas enlever de mérite aux résistants, aux personnes ordinaires qui ont agi de façon extraordinaire, mettant leur propre vie en danger pour les autres, mais je pense que le propos très généraliste cité ci-avant est à pondérer bien que la majorité des Danois furent hostiles à l’occupation allemande.

Je cherche la petite bête mais globalement le roman est prenant et nous donne envie, nous aussi, de pouvoir être courageux si jamais il fallait l’être. Et je crois que c’est peut-être l’essentiel. Un récit de fiction intéressant qui permet de connaître ce fait historique qu’est le sauvetage exceptionnel de presque tous les Danois juifs, permis grâce à une partie de la population et à la Suède.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué  : Parfums de livresLe coin lecture d’Arsène Songe d’une nuit d’été

Et vous, quel livre sur la Seconde Guerre mondiale au Danemark avez-vous lu ?

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« La belle de Joza » de Květa Legátová (Libretto, 2014)

Je ne suis pas une romantique, mais si on me propose un roman qui peut potentiellement aborder une histoire d’amour dans un contexte historique qui m’intéresse, je me laisse tenter. Timidement, en me fiant essentiellement à des maisons en lesquelles j’ai confiance. Autrement dit, il y a tout un parcours avant de me lancer.

Quatrième de couverture : « Pour échapper à la Gestapo, Eliška, une jeune et brillante doctoresse tchécoslovaque, lie dans l’urgence son destin à un homme fruste, force de la nature, vendu par ses parents à l’âge de quinze ans. Quittant ainsi une vie pleine de promesses, un amant bien en vue et une belle carrière, Eliška rejoint dans les montagnes un village aux usages d’un autre temps. Pourtant, et contre toute attente, ces deux êtres vont se découvrir, tel la Belle et la Bête, et apprendre à s’aimer dans un paysage comme en suspens au-dessus de la catastrophe européenne. »

Pour échapper à une arrestation pour faits de résistance, Eliška va devoir se marier avec Joza et partir vivre avec lui au fin fond de la campagne, à Želary. Ce dernier est un patient de l’hôpital où Eliška est docteure et attise les moqueries du personnel pour son inclination envers la jeune femme. Alors qu’Eliška entretient une liaison avec un médecin et que son combat personnel pour obtenir le statut professionnel qu’est le sien dans les années 1930/40 lui donne une certaine prétention, son mariage avec Joza est planifié sans qu’elle n’ait son mot à dire.

Dans une langue belle, simple et engageante Květa Legátová nous emmène avec ce couple particulier dans l’arrière-pays, avec ses coutumes, sa précarité, la violence réveillée par l’alcool, les frustrations et l’ennui, mais elle nous fait aussi découvrir des personnages attachants pour certains, parfois malgré eux. Et parmi ces jours qui défilent, nous suivons le quotidien d’un couple qui, dans un autre contexte, n’en serait jamais devenu un. Et pourtant…

C’est l’histoire d’une femme qui perd tout ce pourquoi elle s’est battue, c’est l’histoire d’un homme qui n’est pas celui que l’on attendrait qu’il soit. C’est l’histoire de deux âmes qui ne se rencontrent pas dans les circonstances idéales et qui vont apprendre à se découvrir. C’est l’histoire d’un microcosme rural avec ses joies et ses douleurs, avec sa nature sauvage. C’est l’histoire d’une guerre qui gronde au loin et qui se rapproche du village. Et c’est très bien écrit.

Malgré tout cela, j’ai la mémoire en demie teinte pour cette lecture. Je n’ai aucun reproche à faire au style de Květa Legátová, j’ai trouvé la relation d’Eliška et Joza très belle, j’ai apprécié les personnages secondaires (mention spéciale pour Lucka) mais je me suis ennuyée et je ne saurais pas vraiment dire pourquoi.

Pour celles et ceux que cela pourrait intéresser, ce roman a été adapté en film en 2003 par Ondrej Trojan sous le titre Želary. Egalement, l’auteure avait écrit un premier roman sur ce village, Ceux de Želary, qui permet de rencontrer ou de retrouver les personnages de Lucka et de Joza. Je pense m’y aventurer dans les mois à venir.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué  : Lilly et ses livresLettres exprèsLyvres

Et vous, quel est votre niveau de romantisme en littérature ?

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❤ « Rhapsodie en bleu » d’Andrea Serio d’après Silvia Cuttin (Futuropolis, 2020)

Librement adapté du roman (non traduit en français) Ci sarebbe bastato de Silvia Cuttin, ce roman graphique m’a beaucoup impressionnée. Graphiquement irréprochable, sa construction narrative tressant différentes périodes rend l’histoire très émouvante, d’autant plus dans ce contexte historique – italien, européen, mondial – des années de guerre.

Quatrième de couverture : « Trieste, été 1938. Rien, durant cet été tranquille, ne laisse présager le sort dramatique qui attend le jeune Andrea Goldstein. Pourtant, quelques semaines plus tard, la proclamation de lois raciales par le pouvoir fasciste l’obligera à s’exiler aux États-Unis. New York deviendra un lieu sûr pour retrouver une vie normale, ouverte à mille possibilités.

Cependant, lorsque l’écho des horreurs de la guerre en Europe deviendra assourdissant, Andrea – désormais Andrew, citoyen américain – fera un choix difficile mais courageux. »

Difficile de chroniquer ce roman graphique sans risquer de dévoiler certains passages qu’il vous faut découvrir lors de la lecture pour ne pas qu’ils soient gâchés. Je pourrais dire cela de tous les livres, mais je ressens que celui-ci en particulier me demande de prendre des précautions.

Cette histoire trouve son origine dans la mise en place des lois raciales en Italie sous le régime fasciste et de leur impact sur une famille, plus particulièrement par le prisme de la vie d’Andrea Goldstein. Il y a l’avant et l’après déclaration des lois abjectes. Il y a ceux qui restent mais aussi ceux qui partent et pensent à ceux qui sont restés. Il y a le nouveau pays d’accueil, par-delà l’Atlantique et lui-même raciste, et le monde qui s’embrase. Il y a une nouvelle vie à construire ainsi que des choix à faire, pour soi et pour les autres. Et dans toutes ces situations, différents tons de bleus qui expriment chacun une ambiance, une émotion particulière.

Le travail d’illustration et de colorisation est à couper le souffle, chaque page se savoure dans ses nuances et sa précision, c’est absolument superbe. Vous n’aurez pas fini de voir les bleus dans votre quotidien après en avoir tourné la dernière page, comme vous penserez aux hommes et aux femmes forcés de quitter leur foyer.

Je ressors de cette lecture très émue, charmée par le talent d’Andrea Serio et avec une immense envie de pouvoir découvrir le roman de Silvia Cuttin, écrit à partir de son histoire familiale. Je croise donc les doigts pour qu’il soit un jour traduit car je ne peux compter sur mes ridicules aptitudes en langues étrangères.

J’ai conscience de ne pas vous avoir dit grand chose, mais ce roman graphique est l’un de ceux parus cette année à découvrir de toute urgence et/ou à offrir. Et pour faire découvrir Andrea Serio aux plus jeunes (de 6 à 106 ans), cette fois-ci en tant qu’illustrateur d’album, vous pouvez vous diriger vers L’épouse de laque écrit par Anne Jonas.

En savoir plusFeuilleter le livre

Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué  : L’accro des bullesLa bibliothèque de Noukette

Et vous, quel roman graphique avez-vous envie d’offrir ?

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« Mon père couleur de nuit » de Carl Friedman (Folio Gallimard, 2003)

Ce roman avait, jusqu’à présent, échappé à mon radar et pourtant il est recommandé en lecture scolaire, édité également dans la collection Étonnant classiques chez Flammarion. Positionné du point de vue d’une enfant, et vous savez probablement que j’ai un faible pour ce procédé narratif, je n’ai pu résister et je vous le conseille dès à présent.

Quatrième de couverture : « Le père d’Hannah est un survivant des camps de concentration. Il fait partager chaque jour à sa famille sa souffrance et les atrocités qu’il a vécues : les baraquements, la faim, les tortures, les maladies, le travail forcé… Peu à peu, cet univers de mort et de douleur s’empare de la vie de la jeune Hannah qui tente de dire l’indicible avec ses mots d’enfant, légers comme des bulles.

Hannah parviendra-t-elle à arracher son père à la nuit de ses souvenirs ? La tendresse et l’innocence pourront-elles le sauver de la barbarie et le ramener à la vie ?

Un roman d’une force étonnante. »

Publié à la fois chez Gallimard, pour un public adulte, et chez Flammarion, pour une lecture en classe de 3ème, je pense qu’il est effectivement adapté à une lecture à partir de 15 ans. Si certains chapitres peuvent peut-être se lire avant cet âge, la plupart demandent une certaine matûrité ainsi que des connaissances sur la Seconde Guerre mondiale, la déportation et les camps. Mais l’une de ses forces se situe dans le fait que sans avoir des connaissances exhaustives il replace des moments, des situations marquantes qui témoignent de la vie dans les camps. Une œuvre littéraire qui se positionne très bien comme outil pédagogique mais aussi comme roman de sensibilisation et de mémoire pour les publics qui ne sont plus sur les bancs de l’école. Et ça, c’est déjà un point très positif !

Une enfant nous parle de son père, Jochel, qui a le camp. Avec ses deux frères et sa mère, elle reçoit au quotidien le témoignage d’un père qui a connu la déportation et dont les souvenirs débordent, ont besoin d’être exprimés. Si les enfants comprennent plus de choses qu’on ne peut le penser, comment comprendre ce qui est parfois indicible ? La beauté de ce texte réside dans ce qu’il transmet au lecteur et dans l’imagination des enfants à tordre le sens en essayant de se représenter ce qu’ils n’arrivent pas à saisir (et à ne rien oublier pour, un jour, comprendre complètement en remettant toutes les pièces du puzzle à leur place).

Positionné dans les années 60 (le procès Eichmann se déroule au cours du récit), après des années de silence sur la Shoah dans les sociétés européennes, la parole se libère au sein du foyer familial, quand il est possible de dire.

Chaque chapitre se concentre sur un moment de vie quotidienne au cours duquel Jochel va se livrer à sa famille. Deux à trois pages maximum à chaque fois, pour un ensemble de souvenirs qui relate à la fois la vie d’un père et la vie de la famille qui se construit, dans un passé-présent, car il n’est pas toujours facile pour les enfants de faire face aux souvenirs qui leur sont confiés.

En liant les souvenirs traumatiques d’un père et l’innocence de sa fille, Carl Friedman mêle le poids de l’histoire qui ne doit être oubliée et l’espoir dans les futures générations. Elle nous parle aussi de la responsabilité de chacun à être gardien de la mémoire : familiale mais aussi de l’humanité.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Le coin lecture d’Arsène


Et vous, connaissiez-vous ce livre ?

 

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« Hadamar » d’Oriane Jeancourt Galignani (Grasset, 2017)

Au cours de mes recherches sur la littérature traitant de la Seconde Guerre mondiale, j’ai croisé le chemin de ce roman récent ayant reçu un accueil enthousiaste à parution mais qui me semble, depuis, un peu oublié (comme le sont de nombreux livres). Un roman faisant écho à d’autres parutions de la rentrée littéraire de cette année, telles que L’heure des spécialistes de Barbara Zoeke ou Fantaisie allemande de Philippe Claudel. Romans qui sont ou seront lus et chroniqués sous peu.

Quatrième de couverture : « 1945. Franz sort de Dachau. Il y a été emprisonné pour ses articles d’opposition au Troisième Reich, qui vient de s’effondrer. Dans le désastre physique et moral de l’Allemagne vaincue, il part à la recherche de son fils, Kasper, dont il ne sait plus rien depuis qu’il l’a inscrit aux Jeunesses hitlériennes, avant son emprisonnement. De retour dans sa ville natale, il constate que les gens sont énigmatiques, fuyants, éludent ses questions. Un soldat américain venu enquêter sur un mystérieux programme nazi, Aktion T4, refuse de lui donner certaines informations. C’est alors que Franz entend des rumeurs au sujet de l’hôpital d’Hadamar. Il s’y rend, déterminé à retrouver son fils, quel que soit le prix de sa quête. »

La construction de cette fiction fondée sur des éléments historiques véridiques est très intéressante et m’a vraiment convaincue. Je n’ai pas découvert l’Aktion T4 avec ce roman, je connaissais déjà le contenu inhumain de ce programme nazi, mais j’ai découvert plus précisément la situation d’Hadamar.

D’un côté Franz cherche son fils, de l’autre un soldat américain, Wilson, a besoin de Franz (ancien journaliste) pour l’aider à médiatiser l’histoire d’Hadamar afin de sensibiliser l’opinion et d’obtenir que se tienne un procès. Entre les deux hommes : Kasper, fils unique de Franz, est un fantôme dont les actes durant la guerre restent en suspens.

De cette situation fictionnelle mais réaliste c’est à la fois l’avant 1933 et l’après 1945 que déroule Oriane Jeancourt Galignani. Du personnel à l’historique, des crimes visibles aux invisibilisés, l’auteure nous confie ici un roman qui fait mémoire. J’ai particulièrement apprécié la volonté de justice portée par Wilson, dans un contexte où il faut trouver un équilibre entre une justice expéditive et une juste justice (mais aussi dans le choix de ce qui doit/peut être jugé, dans le constat que la justice doit faire apparaître de nouveaux concepts pour ce qui ne relève plus du crime de guerre), alors même que notre humanité est ébranlée, notre esprit hébété face aux faits. Franz et Kasper m’ont aussi beaucoup émue, dans cette peur de se retrouver (ou de ne pas se retrouver), de savoir, d’avouer, de vivre avec ce qui a été fait. Enfin, je salue la place faite aux voix des personnes assassinées (j’ignore cependant s’il s’agit de retranscriptions de documents d’archives ou non).

Par extension, l’auteure interroge aussi les pratiques psychiatriques, le respect de la dignité des patients, le traitement que leur réservent les sociétés, hors du contexte de la Seconde Guerre mondiale, hors de l’idéologie de la pureté du sang du Troisième Reich. Un questionnement qui me rappelle que je dois lire Vol au-dessus d’un nid de coucou de Ken Kesey.

Je ne veux pas vous en dire davantage car si vous ne connaissez pas ce pan de l’histoire, je pense que le roman aura encore plus d’impact du fait de découvrir aux côtés des personnages ce qui a eu lieu à Hadamar (et dans d’autres instituts, par prolongement).

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : CarolivreLe boudoir de Nath


Et vous, quel livre apprécié mais dont on parle peu voulez-vous partager ?

 

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❤ « Nouvelles » d’Edgar Hilsenrath (Le Tripode, 2020)

Dans ma bibliothèque dorment plusieurs romans d’Edgar Hilsenrath. Dès lors que l’on s’intéresse à la littérature de la Shoah, cet auteur s’impose à nous. Un style très particulier, grotesque et sans concession, qui s’avère parfois difficile à aborder.

Quatrième de couverture : « Ce recueil de nouvelles réunit des textes écrits par Edgar Hilsenrath sur une trentaine d’années. C’est un ensemble insolite, qui va de la farce au récit tragique, du témoignage au conte, en passant par le manifeste politique et la critique littéraire. Entre réminiscences et imaginaire, Edgar Hilsenrath raconte la Bucovine de son enfance, évoque l’écriture et la publication de ses trois romans les plus connus, invente une correspondance délirante entre un général et le coiffeur juif Itzig Finkelstein (alias le meurtrier de masse Max Schulz) – personnage principal de Le Nazi et le Barbier –, livre un éloge d’un de ses deux modèles – Erich Maria Remarque –, dénonce le néonazisme et fait une déclaration d’amour à la langue allemande.

On retrouve dans ces nouvelles d’Edgar Hilsenrath sa verve, son humour et son cynisme caractéristiques, mais on y découvre aussi un auteur plus sérieux, parfois amer, toujours engagé. Absurdes, drôles, acerbes, nostalgiques, souvent satiriques, les textes de ce recueil sont touchants de sincérité.

Où ai-je ma place ? Au fond, nulle part. Mon pays est dans ma tête. Tant qu’elle reste claire, tout va bien. (Edgar Hilsenrath) »

J’ai par le passé tenté de lire ses romans, malheureusement sans réussir à en venir à bout. Quand j’ai vu la parution de ce recueil de nouvelles je me suis dit que ce serait sûrement le meilleur moyen pour moi de vraiment réussir à rentrer dans sa littérature et, si cette théorie se confirmait, de pouvoir mieux appréhender l’intégralité de son œuvre par la suite.

Ça a été le cas.

Nombre des nouvelles de recueil sont très personnelles et m’ont permis de mieux cerner l’homme, son histoire, son engagement dans la littérature et dans la mémoire de la Shoah. J’avais besoin de réussir à décoder sa voix, ses choix, j’avais besoin qu’il m’aide à le comprendre et j’ai le sentiment de le connaître déjà beaucoup mieux.

En plus des textes personnels qui reviennent sur les différentes périodes de sa vie, toutes hantées par la Seconde Guerre mondiale qui a brisé sa jeunesse, Edgar Hilsenrath novellise plusieurs fois son personnage de nazi devenu coiffeur en Israël (narrateur du roman Le nazi et le barbier), il nous livre des fables, ses impressions sur l’écriture, son amour de la langue allemande et les difficultés rencontrées pour publier ses textes en Allemagne, sur la vie juive en Europe centrale et de l’Est, avant puis après la Shoah, sur la politique et la vie littéraire. Ce mélange autobiographique et romanesque se lit avec une facilité qui m’a énormément surprise, moi qui ai eu tant de mal à avancer dans ses romans.

Je me permettrai juste de souligner un petit manque à mes yeux : j’aurais aimé que l’année de publication de chaque nouvelle soit mentionnée, pour des questions de contextualisation.

Je me suis sentie proche d’Edgar Hilsenrath et je suis très reconnaissante que cet ensemble soit publié car il m’ouvre une nouvelle porte littéraire qui, jusqu’à présent, s’évertuait à rester fermée. Toute la bibliographie de cet auteur singulier m’attend désromais.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.


Et vous, quel est votre rapport au style littéraire de cet auteur ?

 

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« Eclats/Cicatrices – Tomes 1 & 2 » d’Erik de Graaf (Champaka Brussels-Dupuis, 2020)

Deux volumes, deux personnages témoins de l’histoire : Victor et Esther. L’objectif de l’auteur avec ce travail est de montrer comment la guerre a impacté les vies dites normales à partir d’un travail de recherche dans ses archives familiales.

Quatrième de couverture : « Un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Esther et Victor, anciens amants, se retrouvent dans un cimetière. Ils ne se sont plus revus depuis l’invasion des Pays-Bas par les troupes hitlériennes. Tous deux sont marqués par les années de guerre qu’ils tentent, vaille que vaille, de se transmettre en mots. Leurs récits, chargés en émotion, portent sur les choix – souvent impossibles – qu’ils ont dû faire, les êtres chers qu’ils ont perdus et, surtout, la bataille qu’ils ont menée avec leur conscience. Des amis proches ont en effet opté pour la résistance, d’autres pour le Front de l’Est. Sans oublier qu’Esther est Juive.

Éclats est la première partie de cette histoire sur la perte. Perte de l’innocence, des rêves, de la jeunesse et, bien sûr, de la liberté. »

Comme beaucoup de blogueurs•ses, j’ai été intriguée par les illustrations de ces deux couvertures qui se répondent d’une bien jolie manière. Le sujet étant en lien direct avec ma ligne éditoriale, le style graphique m’intriguant, je me suis donc laissée tenter et je remercie chaleureusement NetGalley France ainsi que les éditions Dupuis de m’avoir permis de les découvrir en service de presse.

Si j’ai apprécié la démarche mémorielle, le travail de l’auteur sur son histoire familiale, sa volonté de montrer des destins dans un contexte précis, j’ai été moins convaincue par la mise en application. Le début de l’histoire nous ancre en 1946. La guerre est finie, Victor rend visite à l’un de ses amis, au cimetière. Là, il retrouve Esther qu’il n’avait pas revue depuis plusieurs années, depuis l’avant… Entre eux va s’installer une conversation pour comprendre ce que chacun a vécu durant la guerre, pour comprendre les amis perdus, les collaborations locales, les engagements résistants, les arrestations, les violences, les disparitions. Mais voilà, les dialogues ont à mes yeux manqué de fluidité, de naturel, ils m’ont semblé presque trop écrits.

Concernant l’histoire en elle-même, nous découvrons un quotidien de guerre aux Pays-Bas (généralement associé à la jeune et inoubliable Anne Frank), entre la mobilisation des soldats de ce pays réputé neutre et le déversement de la guerre : que ce soit du côté des soldats, des civils ainsi que des familles juives qui tentent d’échapper aux rafles. Dans tout cela, la vie est composée de choix, de décisions et d’absences qu’il faudra porter tout le reste de son existence. Il est aussi des infinis Et si qui torturent et rongent les personnages, les survivants.

La fin de chaque tome est augmentée des documents d’archives que l’auteur a pu trouver sur sa famille et il explique alors son histoire (avec les questions auxquelles il n’aura probablement jamais de réponses) et ce qu’il en a utilisé pour écrire la fiction historique que compose cette courte série graphique.

Une démarche intéressante qui peut même devenir inspirante pour chacun•e d’entre nous, nos aïeux ayant vécu de près ou de loin des périodes qui ont bouleversé la marche du monde et qui, eux aussi, ont du faire des choix (que nous connaissons ou non, ou juste partiellement), mais le résultat ne m’a pas réellement convaincue. Si vous lisez beaucoup sur cette période historique, je pense que vous pouvez passer votre chemin et prioriser d’autres lectures plus poussées, si au contraire vous souhaitez découvrir ce sujet dont vous ne connaissez que peu de choses, je pense qu’en l’occurrence ces deux albums sont tout à fait appropriés.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Liseuse hyperfertileLe boudoir du livreMaVoixAuChapitreLa lectrice compulsiveMes échappées livresquesLa pomme qui rougit


Et vous, quel livre conseilleriez-vous pour commencer à lire sur la Seconde Guerre mondiale ?

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« J’ai vu un magnifique oiseau » de Michał Skibiński illustré par Ala Bankroft (Albin Michel jeunesse, 2020)

Michał Skibiński a huit ans en 1939, lorsque l’Allemagne nazie envahit la Pologne. Jeune écolier, il a comme devoir de vacances d’été d’écrire chaque jour un fait marquant qui lui sera arrivé, qu’il aura observé, qui l’aura touché.

Quatrième de couverture : « Été 1939. Michał, 8 ans, passe ses vacances à la campagne près de Varsovie. Il a reçu comme consigne de s’exercer à l’écriture, condition sine qua non pour passer dans la classe supérieure. La guerre qui débute va alors s’insinuer progressivement dans son récit de vacances… »

Étonnamment, je n’ai pas du tout entendu parler de ce livre pour la jeunesse lors de ma veille des parutions de septembre. Pourtant, d’un éditeur de taille, sur un sujet fort, positionné d’un point de vue d’enfant, très richement illustré : le mystère reste entier.

Michał a survécu à la guerre et le cahier d’exercice a été conservé : il est aujourd’hui publié avec la participation d’Ala Bankroft qui illustre à la gouache chaque phrase sur une double page.

Ce qui est très touchant, c’est de voir les activités et les plaisirs simples de l’enfance (dans lesquels vous vous retrouverez sûrement, même adulte) : la douceur des promenades, des visites de la famille, des amitiés, le goût d’une glace en plein été, du jardinage, la beauté des habitants de la nature et la curiosité qu’ils font naître en nous. Une enfance comme une autre, si ce n’est que la famille est tout de même aisée ce qui se ressent aussi sur la douce insouciance de Michał.

Mais, peu à peu, des ombres arrivent, viennent troubler cette vie faite de petites et grandes joies. L’enfance est envahie par la peur en même temps que l’armée du Troisième Reich marche sur la Pologne. Les bruits, les nuits et les peurs. Peu à peu les couleurs sont submergées par le gris de la fumée, la lumière n’arrive plus à filtrer. Peu à peu, l’enfance bascule dans le monde des adultes et ce qu’il a de plus terrible et absurde : la guerre.

À la fin de l’ouvrage sont reproduits les feuillets originaux de Michał, une façon de donner un aspect concret au texte, une réalité mais également un sentiment de valeur relatif aux archives et à l’importance de leur conservation. Je regrette simplement que toutes les phrases n’aient pas été traduites et intégrées au livre : il est composé d’une grande partie d’entre elles mais il y a des ellipses que j’ai parfois trouvé regrettables, notamment le fait de ne pas mentionner les tickets de rationnement alors que la question de l’alimentation est centrale en temps de guerre.

Une façon de parler de l’arrivée de la guerre dans la vie d’un enfant (qui leur ressemble sûrement un peu) auprès des jeunes lecteurs, par la voie de l’évocation plus que par confrontation directe au sujet. Une première étape de sensibilisation à l’histoire contemporaine, à la Seconde Guerre mondiale et à l’impact des conflits sur les vies.

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Et vous, quel livre passé un peu inaperçu avez-vous rencontré dernièrement ?

 

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« La chasse aux âmes » de Sophie Blandinières (Plon, 2020)

Les romans sur la Seconde Guerre mondiale et, plus précisément, sur l’histoire de la Shoah échappent rarement à mon attention. Celui-ci me rendait très curieuse car axé sur le sauvetage des enfants du Ghetto de Varsovie.

Quatrième de couverture : « L’Histoire bouscule les âmes, la perversité de l’occupant nazi qui veut corrompre, voir ses victimes s’autodétruire et met en place un jeu ignoble dont l’objectif est de survivre, à n’importe quel prix : vendre son âme en dénonçant les siens ou ses voisins, abandonner ses enfants affamés, ou sauver son enfant, lui apprendre à ne plus être juif, céder son âme au catholicisme pour un temps ou pour toujours en échange de sa vie.

Pour survivre, il faut sortir du ghetto. Par tous les moyens.

Trois femmes, une Polonaise, Janina, et deux juives, Bela et Chana, vont les leur donner. Elles ont organisé un réseau clandestin qui fait passer le mur aux enfants et leur donne, pour se cacher en zone aryenne, une nouvelle identité, un nouveau foyer, une nouvelle foi, polonais et catholiques. »

Je ressors de cette lecture plutôt mitigée (et bien embêtée car j’aurais vraiment aimé être convaincue par ce roman porteur de promesses mémorielles). Pourtant, l’ouverture de l’histoire avait de quoi éveiller l’intérêt : Joachim, le père du narrateur, décédé au moment du récit, a été jugé pour l’assassinat d’un homme en Pologne alors qu’il s’était installé en France et y avait fondé une famille. Pourquoi ce meurtre ? Que peut nous dire l’histoire dans la motivation de cet acte ? Le fils trouvera-t-il les réponses qu’il cherche en se rendant à Varsovie ?

Au coeur du propos, les âmes : vendues, achetées, négociées, broyées, meurtries, assassinées. Et, parfois, sauvées.

S’il permet de revenir sur l’invasion de la Pologne par l’armée Allemande, sur la mise en place des lois antisémites, l’instauration du Ghetto de Varsovie jusqu’à la mise en pratique de la « solution finale », le rythme du récit ne m’a pas convenu.

Tout se déroule très rapidement, trop rapidement. Dans une prison à ciel ouvert coupée du monde où, j’imagine, chaque seconde revêt une durée interminable, le rythme presque enfiévré de l’écriture m’a déstabilisée. J’ai eu le sentiment que l’auteure voulait nous dire beaucoup de choses – et il y a beaucoup à dire, c’est vrai – en trop peu de temps. Finalement, tout s’enchaîne à toute vitesse, avec des détails qui, à mes yeux, n’ont pas toujours servi le propos. De fait, je me suis rapidement essoufflée malgré mon attachement pour les personnages au cœur du roman et mon intérêt pour le sujet. C’est tout à fait personnel, mais sur des thématiques particulièrement sensibles je préfère la sobriété. Le sujet est tellement fort qu’il n’y a pas forcément besoin de plus.

Rapidement, des personnages enfilent les vêtements et les parcours d’hommes et de femmes qui ont réellement existé et que nous pouvons reconnaître très facilement. Je n’ai pas compris l’utilisation de noms fictifs dans ce cadre. Est-ce pour bien rappeler l’espace de la fiction ? Cela s’entend. Dans mon cas, cela m’a fait me distancier car si l’on met en avant le rôle réel de personnes qui ont pris tous les risques par humanité, parfois jusqu’à se sacrifier, j’ai besoin que leurs noms soient présents. La note en fin de roman a été bénéfique sur ce point.

En fin de compte, ce n’est pas un roman qui me restera en mémoire mais s’il peut toucher des personnes qui n’ont pas l’habitude de lire sur la Shoah, c’est un aspect positif que je ne peux négliger.

Je tiens à remercier les éditions Plon ainsi que la plateforme NetGalley de m’avoir permis d’accéder à ce roman en avant-première.

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« Nous étions les ennemis » de George Takei et Harmony Becker (Futuropolis, 2020)

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George Takei fut notamment Hikaru Sulu dans Star Trek, plus récemment il a été un guest dans The Big Bang Theory, mais il est également une personne inspirante par son investissement et sa mobilisation contre les discriminations. Aujourd’hui il revient sur l’histoire de son enfance, une histoire américaine que je connaissais de loin et que j’ai apprécié découvrir davantage avec ce roman graphique précis, émouvant, (r)éveilleur de conscience.

Présentation de l’éditeur : « Alors que les familles des États-Unis s’apprêtent à fêter Noël, une terrible nouvelle tombe à la radio : l’attaque surprise du Japon à Pearl Harbor. Le lendemain, le 8 décembre, l’Amérique entre dans la Seconde Guerre mondiale.

Rapidement, le président Roosevelt signe un décret accordant aux commandants militaires le pouvoir d’arrêter et d’incarcérer certaines personnes, voire toutes d’origine japonaise, craignant la présence d’un ennemi de l’intérieur. La famille de George est américano-japonaise. Si sa mère est née aux États-Unis, son père, lui, n’a pas pu obtenir la citoyenneté alors qu’il vivait dans le pays depuis cinquante ans.

George Takei, âgé de 4 ans suit alors sa famille pour le Fort Rohwer, l’un des dix camps d’internement établis par ordre du président. Nous étions les ennemis permet de mieux comprendre le parcours de cet acteur de la série originale Star Trek. Il associe l’esprit d’aventure de son personnage de fiction à l’histoire de ses parents qui se demandaient comment survivre et prospérer dans un pays où ils étaient littéralement qualifiés d’extraterrestres. »

Le 7 décembre 1941, l’Empire du Japon frappe la base navale américaine de Pearl Harbor. Le 8 décembre, les États-Unis entrent en guerre. Une guerre contre un empire (et une guerre mondiale), une guerre contre une partie de son propre peuple fondée sur le racisme et la paranoïa.

Cette période de l’histoire, nous allons la découvrir à travers les yeux de George, au début âgé de 4 ans. Entre souvenirs enfantins et conscience adulte, ce témoignage est impressionnant d’humanité et de courage face à l’oppression et à l’internement forcé. Nous la découvrons également en suivant les dispositifs politiques qui se sont accumulés, allant toujours un peu plus loin dans l’absurdité du pouvoir, dans la négation des personnes et dans l’humiliation, proposant des choix qui n’en sont pas.

C’est une vie de famille bouleversée et mainte fois à reconstruire que George Takei décrit, des personnes soupçonnées automatiquement du fait de leurs origines, arrêtées et enfermées. Avoir quitté le Japon pour s’installer et vivre en Amérique ? Etre né•e aux États-Unis ? Ce n’est pas suffisant, il y a toujours un doute sur la loyauté. Impossible de se défendre : ils sont suspects du fait d’être, pas du fait de faire quoi que ce soit. De camp d’internement en camp d’internement, plusieurs années vont passer, jusqu’à la fin de la guerre et encore après. Ensuite, se battre et reconstruire, encore une fois.

J’ai trouvé particulièrement intéressant le processus de reconnaissance des faits et de leurs conséquences par l’État américain. Un pas franchit tardivement alors que près de la moitié des victimes étaient décédées. Pourtant, cet aspect de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale reste peu connu, alors partageons cette lecture pour que l’oubli ne fasse pas taire la mémoire.

Les illustrations sont superbes, douces malgré le sujet, des traits délicats et des expressions parfois proches du mangas pour une terrible réalité. J’ai immédiatement été séduite par le style et il m’a portée du début à la fin de ce témoignage.

Nous ignorons souvent l’histoire enfouie derrière un regard. Et quand le regard se met à parler, c’est une histoire de l’humanité qui se dévoile.

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