Quelle lecture Ă©prouvante et Ă©mouvante ! Ce livre m’a Ă©tĂ© conseillĂ© par Flo du blog ThĂ© toi et lis ! et je lui en suis reconnaissante car j’ai Ă©tĂ© profondĂ©ment touchĂ©e par la dĂ©marche de Davide Enia : se rendre Ă Lampedusa pour rencontrer des tĂ©moins des drames qui s’y jouent depuis plus de vingt ans. En parallĂšle, se dĂ©roule un drame personnel dans la vie de l’auteur.
QuatriĂšme de couverture : « Le ciel si proche quâil vous tombe presque sur les Ă©paules. La voix omniprĂ©sente du vent. La lumiĂšre qui frappe de partout. Et devant les yeux, toujours, la mer, Ă©ternelle couronne de joie et dâĂ©pines. Les Ă©lĂ©ments sâabattent sur lâĂźle sans rien qui les arrĂȘte. Pas de refuge. On y est transpercĂ©, traversĂ© par la lumiĂšre et le vent. Sans dĂ©fense.
Pendant plus de trois ans, Ă Lampedusa, cette Ăźle entre Afrique et Europe, Davide Enia a rencontrĂ© habitants, secouristes, exilĂ©s, survivants. En se mesurant Ă lâurgence de la rĂ©alitĂ©, il donne aux tĂ©moignages recueillis la forme dâun rĂ©cit inĂ©dit, dĂ©jĂ couronnĂ© par le prestigieux prix Mondello en Italie. »
Deux histoires distinctes qui se rencontrent, deux histoires humaines, avec une puissante compassion qui nous touche au plus profond. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pleurĂ© Ă ce point, Ă©mue, ne pouvant me retenir mĂȘme en public. Ce rĂ©cit n’est pas un tire-larmes, il relate des entretiens et des souvenirs de sauveteurs professionnels et bĂ©nĂ©voles. Mais le factuel peut-ĂȘtre triste Ă pleurer et les larmes peuvent aussi venir en dĂ©couvrant la beautĂ© de certains cĆurs.
Deux histoires, donc, qui s’entremĂȘlent avec le passage du temps et rythment avec force ce rĂ©cit de vie, ce rĂ©cit qui concerne deux continents amenĂ©s Ă se rencontrer par la marche naturelle des plaques tectoniques, un rĂ©cit qui concerne le monde.
Lampedusa est une Ăźle connue, trĂšs mĂ©diatisĂ©e pour parler des migrations et des drames dont la mer est le cimetiĂšre. C’est une Ăźle aride dont la population s’est mobilisĂ©e, chacun·e avec ses forces et ses aptitudes, pour agir lĂ oĂč les politiques n’interviennent pas – ou trop peu ou mal. Car fermer les yeux est devenu impossible. Un fil rouge traverse les diffĂ©rents tĂ©moignages : le naufrage du 3 octobre 2013.
Les faits sont inimaginables. Quand tu penses que ça ne peut pas ĂȘtre pire, ça l’est. Davide Enia, par ses entretiens et ses observations, met en lumiĂšre des Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©ralement peu Ă©voquĂ©s. Il donne Ă voir et Ă entendre et c’est un travail essentiel qu’il nous confie, Ă©crit avec soin et prĂ©venance envers les personnes qui ont affrontĂ© l’impitoyable mer MĂ©diterranĂ©e.
Ce livre exprime des dualitĂ©s difficiles : le quotidien marquĂ© par les tragĂ©dies mais aussi par les vies sauvĂ©es ; les cadavres charriĂ©s par les eaux et la volontĂ© de se battre contre la mort ; l’amour de la vie et la maladie.
A la fin, il manque cependant une part importante de l’histoire, trĂšs justement soulignĂ©e par Davide Enia lui-mĂȘme : la paroles directes des survivants. Celle-ci s’exprime dans d’autres publications, nĂ©cessaires Ă la comprĂ©hension collective des motivations de dĂ©part, des risques encourus et des conditions d’accueil. Pour une prise de conscience et l’amĂ©lioration des processus sociaux et humains car l’urgence c’est tous les jours.
Ce rĂ©cit n’a pas manquĂ© de me faire penser au documentaire (difficile, lui aussi) NumĂ©ro 387 : Disparu en MĂ©diterranĂ©e diffusĂ© par Arte. Il n’est plus disponible en intĂ©gralitĂ© mais je vous partage cette capsule :
Ils/Elles lâont aussi lu et chroniquĂ©Â : ThĂ© toi et lis ! âą Charybde 27 âą Tu vas t’abĂźmer les yeux âą Le capharnaĂŒm Ă©clairĂ© âą Un dernier livre avant la fin du monde.
Et vous, quelle excellente recommandation vous ayant été faite récemment voulez-vous à votre tour partager ?
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Cela me fait bien plaisir de lire ton avis ! Je vais en profiter pour en rajouter une couche đ Lors d’un de tes « Un mot, trois livres » tu m’as rappelĂ© l’existence de Jeu blanc (je crois que tu l’as dans ta PAL) de Richard Wagamese. Je l’ai dĂ©vorĂ© en deux jours ; j’ai mis deux autres jours pour m’en relever et j’ai Ă©crit et publiĂ© mon billet ce matin : sacrĂ©e claque ! Ce bouquin m’a retournĂ©e comme un gant : il faut que tu le sortes de ton stock ! (j’insiste pour ton bien đ ).
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Encore merci Ă toi pour ta recommandation, ça a Ă©tĂ© un moment de lecture vraiment trĂšs fort. â„ Rolala il faut tellement que je lise « Jeu blanc » ! Bon, je me prends en mains et je vais essayer de le lire dans la semaine. J’irai ensuite lire ta chronique avec plaisir. Tu as bien raison d’insister ! đ
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[…] « ManĂšges. Petite histoire argentine » de Laura Alcoba (Gallimard, 2007 ; Folio, 2015) 𠆫 La loi de la mer » de Davide Enia (Le livre de poche, 2020) †« Nuages garance » de Yasushi Inoue (Picquier, 1997) †« La mort et son frĂšre » […]
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