« L’arbre nu » de Keum Suk Gendry-kim (Les Arènes, 2020)

Librement adapté du roman culte de Park Wan-seo, Keum Suk Gendry-kim a voulu partager à sa façon l’un des romans qui l’a le plus marquée. Elle le dit elle-même : dès sa lecture elle a eu envie de l’adapter. C’est maintenant chose faite (et bien faite), le rendant sous cette forme accessible au public français, le roman original n’étant pas disponible.

Quatrième de couverture : « En 1950, quand la guerre de Corée éclate, Kyung a vingt ans. Elle habite à Séoul avec sa mère. Pour survivre, elle est vendeuse dans un magasin de l’armée américaine. Un jour, elle y rencontre Ok Heedo, un artiste peintre ; il a fui le nord du pays et, pour nourrir sa famille, réalise des portraits commandés par les GI’s. Kyung tombe aussitôt amoureuse de cet homme si différent des autres, si doué. Et surtout, cet amour l’aide à oublier le terrible drame qui vient de frapper les siens… Malheureusement, Ok est marié.

Bien des années plus tard, elle visite une exposition posthume consacrée à ce peintre. Le passé sombre qu’elle croyait endormi resurgit d’un coup. Elle entreprend alors d’écrire son histoire pour se réconcilier avec les fantômes qui la hantent. »

Le personnage principal, Lee Kyung, est une jeune femme de vingt ans qui doit à la fois supporter des drames personnels difficiles à surmonter et un quotidien de guerre tout aussi anxiogène. Seule avec sa mère – qui n’est plus qu’ombre dépuis le début de la guerre et la disparition de ses fils – à Séoul, son travail consiste à démarcher des commandes de portraits sur soie auprès de soldats américains. C’est dans le cadre de ce travail qu’un jour son patron recrute un nouveau peintre : Ok Heedo.

Ok Heedo est un homme différent des autres et Lee Kyung, dont l’enfance révolue a fait éclore une jeune femme en quête d’attaches et de repères dans les temps troublés de la guerre, va rapidement tomber amoureuse de lui. Mais Ok est marié, l’amour est impossible à vivre, en même temps qu’impossible à totalement réprimer pour la jeune fille.

L’arbre nu, c’est cet arbre qui ressemble à un arbre mort mais qui a encore de la force en lui. Il attend désespérément des temps plus cléments pour s’exprimer de toutes ses feuilles et de toutes ses couleurs. L’arbre nu c’est Ok Heedo, c’est Lee Kyung, c’est l’image des vies en suspens alors que a guerre vole chaque jour des âmes et des avenirs. Mais, malgré toutes les douleurs et les peurs, il n’est pas mort, il espère des lendemains.

Entre les vagues de sentiments interdits et les plaies des blessures personnelles, Lee Kyung traverse la guerre de Corée et avec elle de nombreux aspects de la vie quotidienne qu’en France nous ne connaissons pas forcément, ou dont nous n’avons pas pleinement conscience.

Keum Suk Gendry-kim nous offre une nouvelle fois un beau roman graphique, enrichissant nos connaissances sur l’histoire contemporaine de la Corée, précisant des faits parfois ignorés ou déformés, tout en nous faisant découvrir une histoire devenue culte dans la culture coréenne depuis sa parution, en 1970. Elle nous fait également découvrir l’oeuvre de Park Soo-keun, nom réel du personnage d’Ok Heedo, l’auteure du roman original ayant écrit L’arbre nu à partir d’éléments autobiographiques.

Je ne veux pas gâcher le plaisir ni l’intensité de votre découverte, je ne vous en dis donc pas plus et vous invite à découvrir ce roman graphique, comme je le fais toujours avec le travail de Keum Suk Gendry-kim. De mon côté, je continue à suivre de très près cette auteure dont j’attends avec impatience le prochain livre prévu pour début mai et qui traitera de la douloureuse séparation de la Corée et, forcément, de celle des familles coréennes.

Cette lecture entre dans le cadre du Challenge coréen organisé par le blog Depuis le cadre de ma fenêtre.

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Et vous, quel est votre roman graphique préféré de Keum Suk Gendry-Kim ?
Avez-vous envie de la découvrir ?

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