Le 6 aoĂ»t 1945, la premiĂšre attaque nuclĂ©aire de l’histoire eut lieu Ă Hiroshima. La cible : les civils. Hommes, femmes, enfants. Trois jours plus tard, le 9 aoĂ»t, la population de Nagasaki connu le mĂȘme sort. Un Japon incendiĂ© et dĂ©vastĂ© par les armes les plus destructrices de l’histoire pour accĂ©lĂ©rer une capitulation qui se prĂ©cisait pourtant. Impossible de justifier l’injustifiable. Mais regarder, 75 ans aprĂšs, ne pas oublier la folie des hommes, la douleur indicible des victimes et la violence du nuclĂ©aire qui s’est Ă nouveau dĂ©versĂ©e sur le Japon en 2011, Ă Nagasaki. Cette anthologie est l’une des plus difficiles que j’aie eue Ă lire, mais il le fallait. Car aujourd’hui, les armes et centrales nuclĂ©aires sont prĂ©sentes sur tous les continents et restent une menace permanente. Une menace dont les puissants ne veulent se dĂ©faire malgrĂ© les Ă©crans de fumĂ©e de bonnes intentions.
QuatriĂšme de couverture : « En mars 2011, un sĂ©isme frappe le Japon, entraĂźnant lâaccident nuclĂ©aire de Fukushima. Pour le monde entier, lâhistoire paraĂźt alors se rĂ©pĂ©ter. Chacun songe aux deux bombes atomiques qui ont Ă©tĂ© larguĂ©es sur Hiroshima et Nagasaki en aoĂ»t 1945, catastrophe sans prĂ©cĂ©dent dans lâhistoire de lâhumanitĂ©. Nous savons quelle dĂ©flagration cela a provoquĂ© dans la littĂ©rature occidentale. Mais que sait-on des poĂštes japonais qui Ă©crivirent ces tragĂ©dies en lettres de cendre ? PrĂšs de 120 poĂštes rĂ©pondent Ă cette interrogation, parmi lesquels Matsuo Atsuyuki, un des rescapĂ©s de Nagasaki, dont les haĂŻkus ont bouleversĂ© le Japon, ou Oyama Takami, figure majeure du tanka, qui sâĂ©leva toute sa vie contre lâarmement nuclĂ©aire. PoĂštes dâun jour ou Ă©crivains confirmĂ©s, victimes ou simples tĂ©moins des dĂ©sastres qui ont endeuillĂ© leur pays, ces poĂštes japonais se frayent chemin parmi les dĂ©combres. Avec lâespoir que le genre humain ne sâanĂ©antisse pas par lui-mĂȘme. »
Je ne suis pas une habituĂ©e des haĂŻkus mais la forme de cette poĂ©sie impressionniste m’a emmenĂ©e avec elle. Dire en peu de mots, confier un sentiment, l’essence d’un moment qui a traumatisĂ© une vie, des vies. Ce sont ces peu de mots pour dire beaucoup qui m’ont impressionnĂ©e et Ă©normĂ©ment Ă©mue. Ces haĂŻkus expriment le besoin de dire, l’importance des mots pour tenter d’exorciser ces minutes, ces heures, ces jours impossibles Ă oublier. Pour rendre un peu de rĂ©alitĂ© et de vie aux proches perdus aussi. Pour tĂ©moigner aussi au monde.
Le recueil s’ouvre sur le poĂšme La guerre de MatsuĂŻ Yoshiko, un grand coup qui se poursuit tout au long de la lecture. Un dernier cri de dĂ©sespoir qui donne son nom Ă l’anthologie, face aux guerres sans cesse recommencĂ©es Ă peine les prĂ©cĂ©dentes thĂ©oriquement terminĂ©es. Les mots dĂ©passent les lieux et les dates car la douleur de la perte n’a pas de frontiĂšres, car l’empathie est en chacun de nous, qu’elle ne soit encore qu’un bourgeon ou une fleur Ă©panouie. Mais les mots doivent malgrĂ© tout rappeler des lieux et des dates car l’histoire, ici portĂ©e par la littĂ©rature, doit nous sensibiliser pour aujourd’hui et pour demain, nous faire garder les yeux et le coeur ouverts.
La premiĂšre partie est consacrĂ©e au sĂ©isme de Fukushima, un nom dĂ©sormais tristement cĂ©lĂšbre Ă ajouter Ă la liste des noms tristement cĂ©lĂšbres. Vient ensuite un semble de Matsuo Atsuyuki, PoĂšmes d’un rescapĂ©, qui dit la douleur des absents, le deuil impossible et la colĂšre qui suivent le passage des annĂ©es sans s’attĂ©nuer. Il dit aussi les rĂ©percussions des radiations sur les corps des dĂ©cennies aprĂšs les bombes, l’isolement de ceux que l’on appelle les atomisĂ©s. Pour moi, c’est un texte immense Ă mettre dans les manuels scolaires. La troisiĂšme partie revient enfin sur les bombes de 1945, Hiroshima, Nagasaki.
Cette anthologie nous exhorte au souvenir et Ă la parole. C’est Ă chacun d’entre nous qu’il revient de mettre les diffĂ©rents gouvernements face Ă leurs reponsabilitĂ©s, ensemble. De faire en sorte que la liste des noms tristement cĂ©lĂšbres ne s’allonge pas.
Ils/Elles lâont aussi lu et chroniquĂ© : Pas de chronique trouvĂ©e pour le moment.
Et vous, quel livre en lien avec le nucléaire conseilleriez-vous pour sensibiliser sur cette question ?
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Le premier qui le vient Ă l’esprit, c’est La planĂšte des singes, de Pierre Boulle.
Classique, colonialiste et vieillot, mais en plein dans le sujet.
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Merci du conseil ! đ Les adjectifs que tu en donnes me font un peu peur, mais avec le recul nĂ©cessaire pourquoi pas ! đ
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Oh ça se lit sans peine, et le roman n’est pas Ă©pais. Il faut juste garder en tĂȘte que ça a Ă©tĂ© Ă©crit a une certaine Ă©poque, avec sa mentalitĂ© bien particuliĂšre. En dehors de ça…
La référence au nucléaire vaut en fait pour le film de 1968 que je recommande chaudement.
Mais l’histoire est du mĂȘme acabit.
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Alors vivement la rĂ©ouverture des mĂ©diathĂšques ! ^^ (Je commence Ă avoir les premiers symptomes du manque) Merci encore pour ce conseil, il va me sortir de mes habitudes en plus, que du positif ! đ
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Avec plaisir ^^
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j’aimerais beaucoup lire ce recueil lĂ :O
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Je ne peux que t’y encourager, il secoue mais il est infiniment nĂ©cessaire. đ Et les haĂŻkus renouvellent l’expĂ©rience de lecture de la poĂ©sie donc c’est trĂšs agrĂ©able aussi.
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[…] « Je ne peux le croire : Fukushima, Nagasaki, Hiroshima, haĂŻkus & tankas » anthologie Ă©tabli… […]
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