Ce roman est monumental ! Il prend aux tripes autant qu’aux neurones et aborde autant les questions d’engagement pour une cause que l’on juge juste que le caractĂšre abject de la peine de mort. Paru en format poche chez Actes Sud (collection Babel) le 22 aoĂ»t dernier, je ne peux que vous en recommander la lecture.
QuatriĂšme de couverture : « Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indĂ©pendantiste, il a choisi un local Ă lâĂ©cart des ateliers pour cet acte symbolique : il sâagit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrĂȘtĂ© avant que lâengin nâexplose, nâa tuĂ© ni blessĂ© personne, nâest coupable que dâune intention de sabotage, le voilĂ pourtant condamnĂ© Ă la peine capitale.
Si le roman relate lâinterrogatoire, la dĂ©tention, le procĂšs dâIveton, il Ă©voque Ă©galement lâenfance de Fernand dans son pays, lâAlgĂ©rie, et sâattarde sur sa rencontre avec celle quâil Ă©pousa. Car avant dâĂȘtre le hĂ©ros ou le terroriste que lâopinion publique verra en lui, Fernand fut simplement un homme, un idĂ©aliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis, la vie â et la libertĂ©, quâil espĂ©ra pour tous les frĂšres humains.
Quand la Justice sâest montrĂ©e indigne, la littĂ©rature peut demander rĂ©paration. Lyrique et habitĂ©, Joseph Andras questionne les angles morts du rĂ©cit national et signe un fulgurant exercice dâadmiration. »
L’histoire de Fernand Iveton est une histoire malheureusement oubliĂ©e mais magistrale de dĂ©monstration sur la justice punitive pour l’exemple durant la guerre d’AlgĂ©rie qui ne dit cependant pas encore son nom. Ce livre est le portrait d’un homme qui lutte pour l’indĂ©pendance de son pays natal, c’est Ă©galement le portrait d’HĂ©lĂšne, sa femme, Ă©crit avec une grande puissance.
Fernand Iveton a tentĂ© de faire exploser une bombe. C’est un fait. Mais le positionnement de celle-ci avait Ă©tĂ© pensĂ© pour ne faire aucun mort, aucun blessĂ© et elle n’en aurait fait aucun. Le but Ă©tait de dĂ©clencher une alarme dans l’opinion publique, pas de tuer. Elle n’explosera pas. Fernand sera arrĂȘtĂ© et torturĂ© afin de lui soustraire des informations et des noms.
Petit Ă petit, l’Ă©tau va se resserrer et Fernand finira par lĂącher quelques bribes, des pistes, en tentant au maximum d’ĂȘtre sur la retenue, espĂ©rant avoir laissĂ© assez de temps Ă ses compagnons de se cacher. Mais, s’ils seront aussi arrĂȘtĂ©s, le cĆur du rĂ©cit se concentre sur les diffĂ©rents jugements de Fernand Iveton puis sur l’attente de la sentence et son application.
La bombe n’a fait aucun mort, elle n’a mĂȘme pas fonctionnĂ©. La peine ne peut donc ĂȘtre la peine de mort. Impossible. Et pourtant. Entre des sĂ©quences du passĂ© avec HĂ©lĂšne et le huis clos de la cellule des condamnĂ©s Ă mort, nous vivons avec le personnage central des moments qui font naĂźtre la rĂ©volte.
Avec ce livre, je dĂ©couvre Joseph Andras et je ne peux que le conseiller aux amateurs d’Eric Vuillard. Pas tant sur le ton mais sur le focus historique qu’il nous propose. Une rĂ©ussite qui laisse, bien entendu, un goĂ»t amer.
Ils/Elles lâont aussi lu et chroniquĂ© : Culturellement vĂŽtre! par Jason
Et vous, connaissez-vous un autre livre de Joseph Andras Ă recommander ?
Je me demandais si ce titre allait faire partie de ta sĂ©lection dans le cadre de ta thĂ©matique sur la guerre d’AlgĂ©rie… j’avais beaucoup aimĂ© ce titre, Andras fait passer son message avec sobriĂ©tĂ©.
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J’ai Ă©tĂ© emportĂ©e par ce livre ! Que ce soit pour son sujet ou pour le style de Joseph Andras. Je suis tout Ă fait d’accord avec toi : la sobriĂ©tĂ© est lĂ et la force des faits se suffit Ă elle-mĂȘme pour toucher et impliquer le lecteur.
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Ta chronique est trĂšs belle, moi qui m’intĂ©resse beaucoup Ă la peine de mort, il me faut ce livre đ
Merci â€
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Je ne pensais pas aimer Ă ce point ce livre, et il traite en effet de la guerre d’AlgĂ©rie et de la peine de mort. Peut-ĂȘtre mĂȘme plus de cette derniĂšre, d’ailleurs.
Je te souhaite une magnifique lecture de mĂ©moire ! đ Et merci Ă toi !
Si tu accroches Ă l’Ă©criture de l’auteur, il a publiĂ© le 5 septembre, toujours chez Actes Sud : « Kanaky : Sur les traces d’Alphonse Dianou ». đ
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[…] Joseph Andras : pour sa colĂšre et sa dĂ©licatesse et pour la force de ses sujets. Je suis juste restĂ©e sur le cul aprĂšs avoir lu, sans pouvoir m’arrĂȘter, De nos frĂšres blessĂ©s. […]
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[…] De nos frĂšres blessĂ©s » de Joseph Andras (Actes Sud, […]
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