Je suis convaincue que beaucoup de choses sont encore à dire sur l’armée française en Algérie. Alors, quand la littérature s’empare de cette période, je suis souvent au rendez-vous. Impossible de résister à ce texte en voyant l’appui de Benjamin Stora, impossible de m’arrêter dès lors que j’en ai commencé la lecture.
Quatrième de couverture : « La corvée de bois était le nom donné aux exécutions sommaires. On emmenait en pleine campagne un groupe de prisonniers ou de simples suspects pour effectuer une corvée de bois, et là, on faisait mine de leur rendre leur liberté et on les abattait comme des lapins. Et comme on ne pouvait pas obliger les appelés à commettre des assassinats, Rolles choisissait parmi eux des volontaires. Il arrivait souvent que ceux-là se rétractent au dernier moment.
Jacques est un jeune appelé du 35e régiment, un de ces hommes envoyés en Algérie dans les années 1959-1960 pour accompagner la transition après les années de guerre, se faire les dents et devenir des hommes, leur dit-on. Il laisse derrière lui son père, et surtout celle qu’il aime, Jeanne, qui reste tout près, en pensée, tout au long de son exil. Là-bas, en Algérie, Jacques retrouve son ami d’enfance, François, un jeune officier plein d’assurance, qui viendra, juste après la proclamation de l’indépendance, rappeler lors d’une cérémonie officielle le sens de l’engagement militaire et les valeurs patriotiques, comme pour mieux organiser l’occultation de l’horreur qui vient de se dérouler. Jacques ne reconnaît plus son ami, devenu un étranger pour lui. Que fera-t-il de son sentiment de trahison ? »
J’ai vraiment été secouée par ce roman. De courts chapitres qui oscillent entre passé et présent, entre le bonheur tendre de l’enfance et la réalité de l’Algérie au sein de l’armée française. Jacques ne s’attendait pas à cela en quittant son père et sa bien-aimée. Il ne s’attendait pas à ça, lui qui rêve de pouvoir rendre fière sa mère décédée alors qu’il n’avait que quatorze ans. Une mère infiniment aimée qui voyait pour lui de grandes choses, de grandes réussites.
Il paraît que l’armée peut ouvrir des portes à ceux qui n’ont pas de diplômes, n’ont pas fait d’études ou ne savent tout simplement pas quoi faire de leur vie. C’est vraiment un choix intéressant pour les jeunes hommes. Et une expérience ! Il paraît. Ce qui est sûr, c’est que Jacques va voir et entendre des choses qui vont le bouleverser, le changer à jamais.
De la violence de la guerre et des pratiques de membres de l’armée sur les civils jusqu’à l’hypocrisie du système et d’un ami qu’il a aimé depuis l’enfance, Jacques va trop en voir, trop en entendre, trop être déçu et trahi, trop en comprendre pour rester indemne, pour ne pas se perdre lui-même face à la laideur de la réalité.
Les chapitres, très courts, tressent une histoire humaine entre lumière et obscurité jusqu’à un dénouement auquel je m’attendais mais dont j’espérais qu’il n’arriverait pas. Combien de jeunesses abîmées par cette guerre, par les guerres ? Là est l’une des questions de ce roman antimilitariste qui veut aussi aborder la vérité des actes.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.
Et vous, quel livre sur la guerre d’Algérie conseillez-vous absolument de lire ?
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