J’avais eu l’occasion de lire cet album il y a un moment maintenant et, découvrant sa réédition pour l’anniversaire des 30 ans des éditions Syros j’ai décidé – sans aucune hésitation d’ailleurs – de vous en parler dès aujourd’hui.
Quatrième de couverture : « Je m’appelle Hélène et je suis presque une vieille dame à présent. Quand je ne serai plus là, qui se souviendra de Lydia ? C’est pour cela que je veux vous raconter notre histoire.
En 1942, le nord de la France était occupé par l’armée allemande qui l’avait envahi. Lydia et moi, Hélène, nous avions huit ans et demi, ni la guerre ni les Allemands ne nous empêchaient d’aller à l’école, de jouer, de nous disputer et de nous réconcilier, comme toutes les autres amies du monde.
Un jour, pendant que nous jouions près d’elle, la maman de Lydia a cousu une étoile jaune sur leurs vestes. »
Des frissons. Il me colle des frissons dès la lecture de la préface. La douceur inquiète des dessins et la délicatesse des textes mettent encore plus en exergue la terrible réalité de cette nuit qui prépare les 16 et 17 juillet 1942. Ces rafles d’hommes. Ces rafles de femmes. Ces rafles de personnes âgées. Ces rafles d’enfants. Des enfants condamnés d’avance.
Nous sommes avec deux amies de huit ans : Hélène et Lydia. L’une fête son anniversaire, demain elle aura neuf ans, l’autre est venue se joindre à ce moment et, depuis peu, porte une étoile jaune censée la définir. Dans la nuit, les choses vont être bien différentes des nuits habituelles. On apprend une nouvelle, l’ombre qui plane. Lydia, malgré les dangers annoncés, voudra retrouver sa famille. Quoi de plus normal ? Quoi de plus compréhensible ? Mais Hélène, vexée, piquée, ne comprend pas les dangers en suspens. Une phrase d’enfant, des remords à vie. Mais qui devrait porter la culpabilité ? A qui la honte ? L’enfant qui ne comprend pas que son amie ne souhaite plus fêter son anniversaire avec elle ? Ou la machine humaine bien huilée qui envoie des familles par milliers à la mort ?
Cet album nous parle de beaucoup de choses en peu de mots et en peu de pages, c’est tout simplement impressionnant ! Il aborde le port de l’étoile, les passeurs et les personnes qui mettent entre leurs mains leurs dernières économies et leurs derniers espoirs, l’entraide, le besoin pour un enfant d’être avec ses parents, le monde à hauteur d’enfant, les rafles et les bruits de la rue, le temps qui passe et le choc qui ne passe pas, l’attente permanente des absents qui ne rentrent pas.
Un bijou de littérature jeunesse qui aborde ce sujet dans un style graphique clair-obscur mais aussi avec une immense délicatesse, ce qui permet à chaque adulte de décider quoi développer ou quoi attendre encore de dire à l’enfant. Un album pour prendre le temps de se souvenir, pour ne pas oublier et pour transmettre, à son tour, à ses propres enfants. Et ainsi de suite. Je le recommande et le recommande encore, c’est un livre qui a sa place dans toutes les bibliothèques et médiathèques publiques, dans toutes les chambres d’enfants à partir de 8 ans.
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Et vous, quel album pour la jeunesse recommanderiez-vous ?