« Mon ombre » de Christine Falkenland (Actes Sud, 2000)

Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain

Petite exception à mes vacances de blog de ce mois de décembre pour vous partager ma chronique du challenge bimestriel Un mot, des titres organisé par Azilis. Pour cette session, le mot très inspirant choisi était ombre. J’ai décidé, dans ce cadre, de découvrir une autrice suédoise que je ne connaissais pas, l’occasion également de partir en Scandinavie, région que je littexplore assez peu.

Quatrième de couverture : « Dans une petite île scandinave, une femme vieillissante se raconte. Un mari qui ne la désirait pas, pour qui elle ne fut que l’ombre de sa première épouse, une enfance brisée par une chute la laissant à jamais handicapée, et l’enfermement psychologique décuplé par l’insularité. Mais sa mémoire ne s’arrête pas là ! Son exigence peut-être, sa résistance sûrement lui permettent de déjouer les pièges de l’aigreur et du cynisme, de maîtriser la violence générée par la solitude et la jalousie. Quand enfin quelqu’un la considère, quand la fille de la première épousée s’attache à elle, quand cette adolescente la choisit comme confidente, tout semble basculer, la vie s’éclaire, l’instinct maternel, la complicité féminine se conjuguent et s’enflamment.

A travers ce personnage féminin aux multiples facettes, Christine Falkenland fait preuve ici d’une remarquable maîtrise narrative et d’une puissance romanesque incontestable tout en s’attachant au territoire psychologique avec une étonnante acuité. »

Ce roman raconte l’histoire d’une femme. Une vie marquée par un accident de jeunesse indélébile qui impacta ses espoirs d’amour et de mariage. Pourtant, un jour elle rencontre un homme parfaitement correct et courtois qui lui demande sa main. Mais cet homme est veuf et aimait – aime toujours – d’un amour absolu sa défunte épouse. La place à prendre n’est peut-être pas vraiment celle d’une épouse.

C’est l’histoire d’une femme en mal d’amour qui oscille entre raison et folie, qui se perd et s’enferme dans ses sentiments contradictoires. Un texte traversé par des combats sentimentaux, se disputant entre l’amour et la haine, la jalousie et le besoin d’exister pleinement. Moi-même, à la lecture, j’ai tangué entre différents sentiments contrastés, à la fois empathique et repoussée par cette femme qui, parfois, crée son propre malheur.

Si ce livre est très bien écrit et alterne avec aisance les épisodes passés et les situations actuelles à la manière du flux des souvenirs et des contrariétés présentes d’une vieille femme, je ne poursuivrais pas ma découverte de l’œuvre de Christine Falkenland, ses autres romans poussant a priori la gênance un peu trop loin pour moi.

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Et vous, quel livre auriez-vous choisi avec le mot « ombre » ?

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❤ 👁 « L’âge du fer » d’Arja Kajermo, illustré par Susanna Kajermo (Editions do, 2019)

9791095434207

Ce roman est celui qui m’a fait m’intéresser de très près aux Editions do. J’aime les récits d’enfance car ils sont le berceau de toute une vie, car ils sont aussi souvent emprunts de mélancolie, car ils nous invitent à retrouver un regard parfois perdu. Arja Kajermo m’a beaucoup émue et je n’attends qu’une chose : un autre roman pour lequel je serai au rendez-vous dès le jour de sa sortie.

Quatrième de couverture : « L’Âge du fer est à la fois un conte et un roman du passage à l’âge adulte. Une histoire racontée du point de vue d’une enfant qui a grandi dans la Finlande, puis la Suède, des années 50. L’Âge du fer, parce que la vie dans la ferme familiale est rudimentaire et difficile mais aussi en référence aux éclats d’obus entrés dans les jambes du père. L’Âge du fer, parce que la petite fille pense que ce fer a affecté non seulement les jambes de son père, mais son coeur aussi. Et même celui de toute la famille. Dans L’Âge du fer, l’apparente simplicité du style contraste avec la force d’une histoire qui oblige doucement mais inexorablement à reconnaître, sous le paysage magique et les fables populaires, l’impact psychologique de la pauvreté, de la violence domestique, de la marginalisation et de l’immigration. »

S’il s’agit d’un roman de fiction, l’histoire reprend néanmoins des éléments que l’auteure a connus. La naissance et la petite enfance en Finlande, la vie dans une petite ferme rurale, le départ pour la Suède avec sa famille alors qu’elle n’était pas bien grande. La fiction puise ici clairement dans le réel et ajoute de la force au propos.

Arja Kajermo nous emporte dans un voyage dans le temps, direction la Finlande rurale des années 50, dans une famille qui n’a pas beaucoup de moyens, ne vit pas dans un grand confort et n’a pas non plus un cadre familial rassurant et sécurisant. Mais la petite fille affronte les jours et les difficultés. Sauf que dans la ferme où le confort est rudimentaire, les tensions familiales et économiques auront des conséquences par-delà les frontières, sur les liens qui les unissent. Du jour au lendemain, tout ce que l’enfant aura connu sera bouleversé.

Il est question de conditions sociales, d’ambitions qui nous portent plus loin au risque de perdre ce que l’on a, de la figure d’un père dur et intimidant, de séparations, d’exil, d’intégration alors que les autres vous regardent de biais. La pauvreté est aussi présente que les espoirs et la langue d’Arja Kajermo adoucit les jours et les nuits de la petite au fil des jours, des mois.

Je ne veux pas vous en dire plus pour vous laisser le plaisir de découvrir cette histoire d’enfance qui, personnellement, m’a émue autant qu’elle m’a fait voyager dans le temps et dans l’espace. Une magnifique découverte.

Cette chronique est enfin l’occasion de souligner le plaisir que l’on peut prendre à voir apparaître des illustrations au fil du récit. Je n’ai pu que constater, dans des groupes de discussions littéraires, des remarques violentes et méprisantes à l’encontre de la littérature graphique/illustrée. Ce mépris, je leur laisse. A mes yeux le dessin porte aussi un propos et vient en complémentarité du texte et le travail de Susanna Kajermo le démontre avec talent et sensibilité. La littérature générale mériterait de proposer plus de textes qui proposent cette complémentarité texte-image.

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Et vous, quels romans illustrés recommandez-vous absolument de lire ?

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