
Quand j’ai un petit coup de mou, que je n’ai envie de rien, j’ai une solution : m’aménager un moment en tête à tête avec Hubert Mingarelli. Là est aussi la force de la littérature, permettre des moments d’humanité et de partage au-delà du temps et de l’espace, faire que certains·es auteurs·trices nous remettent sur pieds quand nous en avons besoin.
Quatrième de couverture : « Stépan vit seul avec sa chienne non loin de Beit Zera, depuis que son fils Yankel est parti se cacher à l’autre bout du monde. Il rêve au bonheur qu’il aurait à le retrouver et se souvient de l’époque où il contrôlait les Palestiniens à la frontière, incapable de soutenir leurs regards noirs. Jusqu’au jour où l’un d’eux, un garçon nommé Amghar, s’aventure chez lui et bouscule sa solitude… »
J’ai eu besoin d’Hubert Mingarelli récemment et j’ai eu un nouveau coup de coeur pour cet auteur qui a définitivement une place à part dans mon coeur de lectrice (j’espère chaque mois l’annonce de la parution d’un roman posthume, tout va bien).
Plusieurs relations sont au coeur de ce roman vibrant : Stépan et son fils Yankel qui a dû s’exiler, Stépan et sa chienne aujourd’hui affaiblie, Stépan et son ami de jeunesse Samuelson, Stépan et le jeune garçon Amghar, Amghar et la chienne. Traverse le récit en filigrane, Hassan, victime d’une ambiance composée de tensions et de peurs. Victime du conflit israélo-palestinien représenté ici à hauteur d’hommes et d’enfants, par le prisme des blessures, des absences et de ce qui ne peut être réparé.
L’auteur nous propose une histoire qui reprend certains de ses thèmes récurrents : la paternité et la filiation, la rupture et l’absence, les blessures intimes qui se lient aux blessures des lieux, les silences et les voix retenues, les difficultés et les subtilités dans les rapports aux autres, le lien que peut nouer l’humain avec la nature et les animaux. La chienne a ici une place centrale et on ressent avec puissance la force des expériences que l’auteur a pu vivre lui-même avec cet animal.
Roman sur la peur, la violence issue des discriminations et son impact sur les vies individuelles, il parle aussi du deuil. Mais c’est sans compter sur une lampe torche dans la nuit, qui éloigne l’obscurité. Cette lumière qui vient donner un peu d’espoir.
On pourrait résumer l’intrigue en quelques phrases mais ce serait un affront à la délicatesse et à la précision des mots et des émotions d’Hubert Mingarelli. Par son écriture réduite à l’essentiel tout devient puissant et marquant, et la magie opère.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Depuis le cadre de ma fenêtre
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