Voilà un roman graphique nécessaire, bénéfique ! Un travail qui nous oblige à regarder en face le racisme malheureusement ordinaire qui peuple notre quotidien, une oeuvre qui nous appelle à voir et à ne plus laisser passer les remarques naïves qui couvrent d’autres idées.
Présentation de l’éditeur : « Après avoir raconté la désillusion des jeunes Tunisiens dans leur pays en 2013, deux ans après le printemps arabe, Hélène Aldeguer raconte le quotidien de Bilal, un jeune Tunisien venu à Paris afin de poursuivre ses études grâce à une bourse au mérite, et terminer son master d’histoire contemporaine.
Si Bilal découvre une vie pleine de possibilités, son statut d’homme arabe le rattrape dans une société française en crise identitaire. Ses fantasmes d’une Europe de tous les possibles se heurtent alors au racisme et aux préjugés.
Un récit très actuel et nécessaire, sur notre société et sur le déracinement intérieur de ces jeunes venus en France et qui sont accueillis bien différemment selon leurs origines… »
Bilal vit à Paris. Il a reçu un bourse pour venir y étudier. Une chance exceptionnelle qui implique aussi des sacrifices alors que la Tunisie est secouée et qu’il est séparé de sa famille. Une chance si exceptionnelle que sa soeur ne pourra sûrement jamais y prétendre. Bilal est conscient de cette chance mais il est aussi rongé par la culpabilité de celui qui est parti et qui vit en sécurité, il se sent lâche, impuissant.
Il y a aussi Léa, sa petite amie. Et les amis de Léa. Dès qu’ils se retrouvent quelques remarques fusent, l’air de rien, l’air tout d’un coup lourd. Ici, le racisme s’exprime au détour de conversations innocentes, il frappe sans prévenir et l’auteure nous montre des situations que nous avons déjà tous rencontrées, des situations qu’il faut tenter de ne plus laisser se dérouler sans réagir. Le choix des mots, les préjugés, les raccourcis, Hélène Aldeguer nous montre en face les situations dans lesquelles des personnes sont stigmatisées en fonction de leurs origines. C’est absolument remarquable d’efficacité !
En parallèle de ces situations, l’actualité est abordée à juste titre. L’auteure rappelle à chaque lecteur•trice que les personnes mortes noyées dans la Méditerranée sont des frères, des soeurs, des cousins, des enfants, des parents qui ont eu l’espoir d’un ailleurs. Ils ne sont pas des chiffres devant lesquels nous détournons le regard.
Visuellement magnifique, aux couleurs douces et aux formes rondes qui tranchent avec la dureté du propos, je vous conseille chaudement cet album qui trouvera autant sa place dans une bibliothèque personnelle que dans un CDI. Attention, coup de cœur ! Je lirai donc d’ici peu le précédent roman graphique de l’auteure : Après le printemps : une jeunesse tunisienne.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.
Et vous, quelle bande dessinée ou quel roman graphique dénonçant le racisme en France conseilleriez-vous ?
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