❤ « Radium Girls » de Cy (Glénat, 2020)

Probablement l’un des romans graphiques les plus attendus de la rentrée, Radium Girls a tenu, pour moi, toutes ses promesses et même plus. Si je dois en dire dès maintenant une chose : découvrez-le, offrez-le, les fêtes approchent (mais l’offrir sans raison particulière, c’est sympa aussi) !

Quatrième de couverture : « Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les Ghost Girls : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…

La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes. »

Cette publication vient inaugurer une nouvelle collection des éditions Glénat, Karma, qui est présentée ainsi par la maison grenobloise : La collection Karma met en lumière des personnes, au départ des anonymes qui ont parfois été oubliées par l’Histoire et qui, au travers d’actes marquants et contestataires, ont fait changer la société dans ses fondements et ses acquis. Des destins uniques qui ont eu une portée collective…

Le travail de Cy est purement et simplement impressionnant : que ce soit sur le choix des couleurs, le contexte historique, les caractères des personnages, la dynamique de l’histoire, les ouvertures de chapitres impactantes et imprégnées d’Art déco, l’hommage rendu à ces femmes oubliées.

Si j’ai eu un peu de mal à différencier les personnages au cours des premières pages, j’ai vite trouvé mes marques et je suis partie dans les années 20 avec ce groupe de femmes, victimes de la course au profit, courageuses et battantes chacune à sa façon. La diversité des caractères me semble importante à souligner : il n’y a pas un modèle de femme, surtout lorsque l’on veut aujourd’hui souvent représenter une femme forte, badass, et, d’une certaine manière, créer un nouveau carcan. Nous avons toutes une force qui nous est propre (perçue ou non) et c’est notamment cela que représente en creux Cy.

De l’insouciance à la colère, au refus de mourir sans avoir obtenu justice (du moins, tout tenté), l’auteure présente ces vies brisées pour le profit, ces petites mains qui ont moins de valeur que les résultats des ventes, ces ouvrières qui font partie d’un système aux pièces interchangeables quand le rendement n’est pas au rendez-vous. Des vies tombées dans l’anonymat mais qui ont pourtant fait avancer la législation du travail et la protection des travailleurs•ses aux États-Unis.

C’étaient des femmes et nous les avons oubliées. Nul doute qu’elles seront désormais bien présentes dans la mémoire collective grâce à ce travail graphique de grande qualité. Impressionnant.

Pour en savoir plus


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Et vous, quel(s) livre(s) sur des femmes oubliées des manuels d’histoire recommanderiez-vous ?

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