J’attendais tellement la parution de ce manga qu’il fait désormais partie du club des aussitôt achetés, aussitôt lus, aussitôt aimés. La présentation de ce manga m’avait séduite dès son annonce de parution et la lecture s’est révélée vraiment poignante. Je ne vous cache pas que j’ai bien essayé de résister mais quelques larmes ont coulé. Très belle surprise également, le manga principal est suivi d’un manga court de l’auteure, Yiska, son premier, que j’ai également beaucoup apprécié. Une mangaka à suivre de près !
Quatrième de couverture : « Quand Tomoyo apprend aux informations la mort de son amie Mariko, elle n’en croit pas ses oreilles. Elles s’étaient pourtant vues la semaine précédente, sans que rien ne laisse présager un tel drame. Mariko, à la jeunesse brisée, qui lui vouait une admiration sans bornes et qui s’est vraisemblablement suicidée…
Tomoyo ne contient pas sa rage : elle doit trouver un moyen de rendre un dernier hommage digne de ce nom à sa seule confidente. Pas question de laisser le père violent de la jeune fille prendre les choses en main ! Bouleversée et confuse, elle se précipite chez lui, vole l’urne funéraire et, malgré les coups, hurle les mots de colère que Mariko a gardés en elle pendant toutes ces années ! Les précieuses cendres sous le bras, Tomoyo se lance dans une course effrénée, en quête de salut pour son amie comme pour elle-même. »
Mariko s’est suicidée. Tomoyo, sa meilleure amie l’avait vue la semaine précédente, elle ne comprend pas, elle n’accepte pas. Mais surtout elle sait toute la souffrance que la jeune femme avait en elle, les maltraitances de son père dans son enfance et son adolescence, le chemin parfois autodestructeur qu’elle prenait sous l’emprise de ses traumatismes. Impossible pour Tomo de laisser les cendres de son amie de toujours entre les mains sales de ce père infâme. Elle refuse d’abandonner Mariko et décide de tout faire pour lui rendre un dernier hommage, lui offrir une éternelle liberté.
Ce road trip est autant pour Mariko que pour Tomo qui doit accepter de dire au revoir à sa plus proche amie, qu’elle aimait d’une façon complexe mais entière. Un parcours sur le deuil d’un être cher, le deuil d’une partie de sa vie qui sera changée à jamais, le deuil d’une facette de l’avenir. En se replongeant dans les lettres de Mariko la mémoire de Tomo se réveille et révèle des moments de leur vie, des plaies de Mariko, de ses peurs, du piège dont elle cherche la sortie. Face à sa douleur et à sa solitude, face à la peur d’oublier et aux souvenirs qui, plus elle les invoque, semblent lui échapper, Tomo fait revivre dans son esprit Mariko et cherche à comprendre, à accepter.
Il est ici question du cheminement du deuil mais aussi de la disparition soudaine et violente d’un proche avec ce que ça implique de culpabilité pour ceux qui restent et n’ont rien réussi à empêcher. Le coeur du propos concerne plus spécifiquement les violences faites aux enfants, les traumatismes et la difficulté de se reconstruire quand nos fondations sont brisées. J’ai grandement apprécié la personnalité de Tomoyo qui fait exploser en morceaux les stéréotypes des personnages féminins dans le manga, une volonté clairement exprimée par Waka Hirako et très perceptible à la lecture : ça fait du bien ! Et Mariko, bien entendu, que nous aurions aussi voulu protéger de toutes nos forces et dont la courte vie nous brise le coeur.
Yaski est un court manga-western qui nous propose d’explorer les discriminations de certaines populations aux États-Unis, la mise à l’écart et la perte d’identité en même temps que la violence organisée. Un manga court mais efficace.
D’un trait aussi vif et explosif que le caractère de Tomoyo, Waka Hirako explore des sujets de société graves dont il est nécessaire de parler. Son souhait est de poursuivre cette exploration, je la suivrai sans aucun doute dans son travail.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Le blog de l’Apprenti Otaku • L’étagère imaginaire • Les lectures de Floriane • Songe d’une nuit d’été
Et vous, quel•le mangaka bougeant les lignes du genre conseilleriez-vous ?
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