
Si on considère que j’aurais pu commencer à découvrir Stefan Zweig à partir de 15 ans, et que j’en ai 30 (bon, dans un mois mais les dés sont jetés), j’ai bien 15 ans de retard de lecture avec cet auteur. En réalité, si je plaisante car je n’aime pas les injonctions littéraires, je dois reconnaître que le fait de ne jamais avoir lu cet auteur est un grand complexe pour moi.
Quatrième de couverture : « Dans la Vienne du début du siècle, il n’est pas un bibliophile qui ne connaisse Jakob Mendel, catalogue vivant de l’ensemble du savoir imprimé. Monomaniaque à la mémoire prodigieuse, affreusement peu doué en affaires, il est affligé d’une boulimie bibliographique qui fait de lui un homme précieux. Perpétuellement installé à la table d’un café du vieux Vienne dont il a fait son quartier général, il délivre ses expertises érudites à tous les amateurs ou spécialistes qui ont le bon sens de venir le consulter.
La Première Guerre mondiale va mettre sens dessus dessous l’univers de Mendel, et le précipiter brutalement dans le monde des vivants, dont il n’a jamais rien appris… »
Pourquoi avoir commencé à lire du Stefan Zweig avec ce titre qui n’est pas l’un de ses plus connus ? Je n’en ai aucune idée. Mais je pense que le personnage principal y a été pour beaucoup : un homme dont la vie se consacre aux livres qui va être confronté à la réalité, à la Première Guerre mondiale… J’étais déjà émue !
Publié initialement en feuilletons en 1929, ce court roman (une quarantaine de pages) peut se comparer à une nouvelle publiée à part.
Cherchant à fuir une averse, le narrateur se réfugie dans un café qui lui rappelle quelque chose, il sent qu’il connait les lieux. Il va alors se souvenir, remonter une vingtaine d’années en arrière, à ses années d’études au cours desquelles il avait rencontré le bouquiniste Jakob Mendel. Un homme dont la vie était faite de références bibliographiques et dont la mémoire exceptionnelle inspirait le respect de toute personne en quête de livres, quels qu’en soient les sujets.
Mendel est tout à sa passion, avec la ferveur, l’intensité et la dévotion d’un croyant pour son dieu : les livres et leurs références. Mais le monde avance, ou plutôt sombre, dans la Première Guerre mondiale et il ne le voit pas. La paranoïa des hommes saura rattraper cet homme dont l’idéal est dans les catalogues bibliographiques – les portes du savoir – et non sur les papiers d’identité.
La construction nous tient en haleine et, magré la brièveté du récit, Mendel devient presque un personnage historique réel.
Pacifiste et humaniste, cette nouvelle est idéale pour les amateurs de livres, pour les amateurs d’amateurs de livres mais aussi pour les personnes qui ont peur des classiques (vous n’êtes pas seul•e•s).
Cette lecture a été faite dans le cadre du mois Les feuilles allemandes organisé par le blog Et si on bouquinait un peu ?
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Mémoires de livres
Et vous, quel livre de Stefan Zweig conseillez-vous de découvrir absolument ?
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