« Loin de Douala » de Max Lobe (Zoé, 2018)

Cela fait plusieurs mois que je souhaite découvrir Max Lobe et, parmi sa bibliographie, ce roman était celui que je voulais absolument découvrir en premier.

Quatrième de couverture : « Jean et Simon sauront-ils retrouver Roger ? Ce dernier a fui une mère colérique pour courir après un rêve, devenir une star du football. Quitter Douala, passer par le Nigeria pour finir en Europe : cela s’appelle faire le boza. Les péripéties de Jean et Simon aux trousses de Roger ont tout du voyage initiatique : ils découvrent le Nord du Cameroun, une région à la nature somptueuse, quoique sinistrée par Boko Haram et la pauvreté, goûtent aux fêtes. Mais le petit Jean se confronte aussi à l’éloignement d’avec la mère et à l’apprentissage d’une identité sexuelle différente. Max Lobe, avec sa gouaille et son humour, excelle à donner la parole à ses personnages, à restituer les atmosphères qui règnent dans la rue, les trains, les commissariats, les marchés ou les bars mal famés. »

Impression post-lecture à chaud : je suis ravie d’avoir été au bout de mon envie et je compte bien poursuivre ma découverte des romans de Max Lobe. La promesse de sa Phall’Excellence, paru en 2021, est au chaud dans ma PAL.

Roger, jeune homme camerounais, fugue de son foyer et sa vie familiale conflictuelle et meurtrie pour rejoindre l’Europe réaliser son rêve de devenir footballeur. Son frère, Jean, et un ami proche, Simon, partent à sa recherche sur les routes du boza. En arrière-plan du périple qui sera aussi un voyage initiatique pour Jean : les exactions du groupe terrorisée Boko Haram font chaque jour un peu plus de victimes, la découverte de premiers émois sexuels.

Un roman actuel, plein d’une gouaille savoureuse et d’une langue imagée, qui nous emmène saisir l’énergie de villes camerounaises et l’ambiance d’un pays vivant mais qui est aussi en proie au terrorisme, à la corruption, au départ de ses jeunes et, pour une partie de la population, à la manipulation spirituelle par intérêt pécunier.

En suivant ces deux jeunes, nous découvrons un pays et différentes forces en présence, des jeux de pouvoir et – ce que j’ai particulièrement aimé – une vitalité folle, notamment des personnages féminins.

Je ne peux qu’attirer votre attention sur la photographie de couverture. Si la couverture joue rarement un rôle dans mes envies de lecture, cette photographie m’a totalement attirée au premier regard. Il s’agit d’un portrait d’Omar Victor Diop, photographe sénégalais qui se met en scène autour de différentes thématiques, dont celle de la diaspora – ici en lien avec des rêves de ballon rond.
Vous pouvez découvrir son travail sur son site internet ou en vous offrant son livre (disponibles aux éditions 5 Continents, paru en 2021). Un travail magnifique.

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Et vous, quel·le auteur·ice camerounais·e conseillez-vous ?

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« Les impatientes » de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas, 2020)

Trois femmes, troix voix. Ramla, Hindou et Safira sont confrontées à des situations qui ont toutes pour points communs le patriarcat écrasant, le poids des traditions qui assimilent les femmes à des objets, la négation de leur soif de liberté alors même qu’on les exhorte sans cesse à la patience. Mais comment être patiente de vivre, d’être libre et de disposer de son corps ?

Quatrième de couverture : « Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : Au bout de la patience, il y a le ciel. Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?

Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes. »

Dans la région du Sahel, des mariages sont célébrés. Des mariages qui inspirent aux trois femmes crainte, colère, tristesse. Car ces mariages sont souhaités par les hommes – maris, oncles, pères – mais pas par les femmes elles-mêmes qui vont voir leur vie bouleversée à jamais, souvent pour le pire, contre leur gré.

Révoltant, ce roman met en avant différentes violences et injustices subies par les trois protagonistes principales. Il nous ouvre les yeux sur la place de femmes d’aujourd’hui dans une partie du monde – parmi d’autres – ainsi que sur la pratique de la polygamie.

Si j’ai apprécié la dénonciation des faits, la volonté de les rendre visibles ainsi que la construction narrative à trois regards, je suis un peu restée en retrait. J’ai trouvé que l’autrice n’avait pas tout à fait incarné chacune des femmes, ne leur avait pas donné à chacune une voix assez reconnaissable. Les trois points de vue se succèdent et heureusement car s’ils avaient été tressés je doute que nous les aurions facilement différenciés.

Un roman fort mais qui aura manqué d’un petit quelque chose dans le style pour me convaincre pleinement.

Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : A venir…

Et vous, quel roman ayant convaincu de nombreux·ses lecteur·ice·s vous a déçu·e ?

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