❤ « La robe de Fatou » de France Quatromme et Mercè López (Kaléidoscope, 2021)

Nous sommes mercredi, jour des petits et donc chronique d’album pour la jeunesse ! Avec La robe de Fatou les enfants vont pouvoir réfléchir sur les discriminations physiques et les moqueries liées, un vaste sujet toujours d’actualité et qui peut profondément blesser durant l’enfance, âge au cours duquel l’estime de soi trouve ses fondations.

Quatrième de couverture : « CHEVAL EN PYJAMA ! C’est ce que Rémi a crié ce matin, à l’école, quand il s’est fâché contre Fatou. La petite zébrelle est très triste. Pour la première fois, elle se sent différente des autres. Pourquoi est-elle la seule à avoir des rayures ? »

Qui n’a jamais été confronté à des moqueries au cours de l’enfance ? Peu de personnes je pense. Les enfants ne réalisent pas toujours la portée de leurs mots, ceux-ci parfois motivés par des émotions qui ne sont pas toujours simples à gérer : la frustration, la colère, la jalousie, l’envie, la culpabilité… Quand Fatou fait les frais d’un camarade mauvais perdant qui se moque de sa robe zébrée, les conséquences sur son amour-propre sont bien réelles. Elle réalise que tous ses camarades ont une robe unie mais pas elle. Le sentiment de différence fait mal quand il est ainsi pointé du doigt, mais qu’est-ce qu’une différence au juste ? Et Fatou, d’où lui viennent ses zébrures et leurs motifs ?

En plus de désamorcer les blessures liées aux moqueries, cet album a la qualité de montrer la richesse de la diversité, des différences et des petites choses qui, chez chacun de nous, témoignent de notre héritage personnel tout en modelant notre singularité. Personnellement, je cherche toujours d’où viennent mes dents du bonheur, mais j’ai appris à les aimer pour cette petite surprise qu’elles réservent aux autres quand je leur souris pour la première fois.

Cet album rappelle aussi à l’enfant que les adultes (parents ou proches) sont là pour rassurer et qu’il ne faut pas hésiter à parler de ce qui les rend tristes, qu’il ne faut pas rester seuls avec leur tristesse et leur incompréhension.

Entre une histoire intelligente et des illustrations très expressives au top de la mignonitude, ce très bel album saura rassurer et donner confiance en soi aux petits, leur permettra de mettre à distance certaines remarques tout en évoquant en miroir le respect de l’autre et sera également l’occasion d’échanger avec les grands. Je suis conquise !

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.

Et vous, quelle partie de vous chérissez-vous pour ce qu’elle témoigne de votre héritage ou de votre singularité ?

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❤ 👁 « La valise » de Chris Naylor-Ballesteros (Kaléidoscope, 2019)

Ce livre m’a été conseillé par une collègue et elle a eu grandement raison non seulement car il est parfaitement adapté à la thématique mensuelle mais en plus car il est magnifique. Les illustrations sont adorables et très expressives malgré un premier regard qui pourrait les croire simples et l’histoire est menée avec intelligence et sens du rythme. Vraiment, pour travailler avec les enfants sur le sens de l’accueil il est parfait.


Quatrième de couverture : « Quand un étranger arrive un jour avec sa valise, les animaux s’inquiètent…

Que fait-il ici ? D’où vient-il ? Et qu’y a-t-il dans cette valise ?

Parviendront-ils à dépasser leurs préjugés ? »


Quatre personnages composent cet album : une petite créature qui tire une lourde valise et trois amis qui ont chacun une opinion différente vis-à-vis de ce nouveau venu. Alors que le premier, tombant de fatigue, s’endort à même le sol, commence un débat : y a-t-il dans la valise ce que l’étranger prétend ? Comment ça pourrait bien rentrer ? C’est sûr, il ment ! Comment en être certains ?

A la fois récit sur la confiance en l’autre, l’accueil et le pardon, cet album montre à l’enfant la charge que représentent le départ et la route, malgré une valise peu remplie. Il exprime le poids des souvenirs heureux quand il faut les quitter mais aussi le fait que, grâce à des amis qui peuvent exister partout, d’autres souvenirs heureux n’attendent plus qu’à exister. Les illustrations sont d’une tendresse folle, chaque page dévoile avec surprise l’avancée du récit, en peu de phrases on sent du suspens et du serrage de petit cœur pour un final très lumineux. Vraiment, faire aussi fort en si peu de pages, c’est impressionnant.

Autant vous dire que cet album va rejoindre les cadeaux que le Père Noël prépare pour mon plus jeune adoramonstre ! Quand le plus grand aura, lui, Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle et Thomas Campi. Deux coups de coeur pour deux tranches d’âges.

Pour poursuivre en littérature jeunesse sur ce thème, je pense que Palmir de Gilles Baum et Amandine Piu, publié aux très belles éditions lyonnaises Amaterra sera parfait. Affaire à suivre…

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Le tourneur de pages


 

Et vous, quand craquerez-vous dessus ?

« Le livre des erreurs » de Corinna Luyken (Kaléidoscope, 2019) #RLJ2019

Impossible pour moi de ne pas ouvrir ce livre avec une couverture aussi attirante. Et c’est un texte et des illustrations qui prônent la bienveillance qui sont par la suite offerts aux lecteurs à partir de 3 ans. Un livre qui fait du bien et qui apprend à ne pas se juger et à accepter que les erreurs font aussi le chemin des belles choses.


Quatrième de couverture : « Un dessin. Une tache. Oh, non ! Dans ce livre, tout a commencé par une erreur. Une ode à l’imaginaire et à la créativité pour regarder ses erreurs avec bienveillance. »


Cette histoire commence par une tâche. Oups ! Mais si cette tâche pouvait être détournée en un oeil, puis un visage, puis un corps, puis une scène, puis beaucoup d’autres scènes. Si la tâche, en plus de ne plus être visible est un détail d’un ensemble de belles choses, est-elle grave ? Est-elle négative ? Corinna Luyken affirme aux enfants que non. Que les erreurs arrivent à tout le monde, même à une dessinatrice professionnelle, mais qu’elles peuvent être rattrapées, corrigées ou acceptées. Car, après tout, elles font partie de la vie et l’une des clés est de les voir sans ne se focaliser que sur elles. Il y a bien trop de choses positives et réussies autour ! Alors réjouissons-nous de nos erreurs qui nous font prendre des directions inattendues desquelles nous pouvons tirer de la satisfaction, de fierté, de la joie.

Le format du livre pourra en mettre plein les mirettes aux plus jeunes, les dessins sont fins, on suit la construction d’une scène qui se termine de façon surprenante et qui finit de convaincre du fait ridicule de se focaliser sur d’infimes imperfections. Poétique et en même temps réaliste, ce livre propose un texte déculpabilisant et valorisant, plein de fraîcheur et de douceur. Un très bel album à proposer à des enfants sensibles dans un monde où la perfection est exigée à tous les niveaux dès petit. Fichons-nous la paix, faisons ensemble quelques tâches et voyons ensuite où elles nous mènent !

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.


 

Et vous, quel est votre rapport aux imperfections ?