❤ 👁 « Quelqu’un m’attend derrière la neige » de Timothée de Fombelle et Thomas Campi (Gallimard jeunesse, 2019)

C’est avec le cœur qui palpite que je publie cette première chronique thématique. J’ai eu un immense coup de cœur pour ce petit album pour la jeunesse, que je ne manquerai pas d’offrir au plus grand de mes neveux. Car, encore une fois, Timothée de Fombelle a écrit fort et a écrit juste avec cette ode à l’humanité.


Quatrième de couverture : « C’est la nuit de Noël. Un livreur de gelati désenchanté file dans son petit camion jaune entre l’Italie et l’Angleterre. Une hirondelle venue d’Afrique s’entête à voler vers le Nord dans le froid de l’hiver. Invisible, un troisième personnage avance dans la même direction à travers la neige. Il joue sa vie en secret.

Dans un conte de Noël qui ouvre le cœur, Timothée de Fombelle imagine la rencontre miraculeuse de trois destins. »


Deux chemins avancent en parallèle avant de se croiser. D’un côté un livreur désabusé, Freddy d’Angelo, qui compte le nombre de jours passés sans parler à quelqu’un : à minuit ça fera cent. Il roule vers Calais pour réaliser sa dernière livraison de l’année. De l’autre, une hirondelle, Gloria, qui renonce à aller vers le sud et suit son cœur vers le nord. Quelque chose l’appelle là-bas, elle ne saurait dire quoi, mais elle doit affronter le froid même si celui-ci pourrait la tuer. Cet oiseau qui un jour a été sauvé et soigné par un jeune garçon sent son destin qui l’appelle. Deux personnages auxquels un troisième, invisible, se joint.

Quand les routes se croiseront elles ne manqueront pas de créer beaucoup d’émotions et de faire réfléchir chaque lecteur, enfant comme adulte, à l’importance que l’on accorde à l’autre. Cet autre qui est notre voisin de palier comme notre voisin de continent ou d’océan. Ce livre appelle à raviver les gestes qui sauvent et souligne aussi les gestes des autres qui nous sauvent.

Cet album est une merveille de littérature jeunesse et d’illustration, une pépite pour cette période de fêtes qui rappelle que le monde continue à tourner derrière les sapins, les guirlandes et dans le froid de l’hiver. Je ne peux que vous encourager à l’offrir si vous avez des enfants dans votre entourage (à partir de 7 ans) ! Vous ne le regretterez pas.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Les instants volés à la vieChez Mirabilia


 

Et vous, est-ce que votre cœur s’est emballé pour ce bijou ?

❤ 👁 « Alpha : Abidjan – Gare du Nord » de Bessora et Barroux (Gallimard, 2014)

Impossible pour moi de faire un focus sur l’oeuvre de Barroux sans parler de ce roman graphique que j’ai adoré. Il faut des livres comme celui-ci pour porter des voix que l’on n’entend pas. Il faut des livres comme celui-ci, qui ont un discours qui déconstruit les préjugés et les stéréotypes.


Quatrième de couverture : « Alpha vit seul à Abidjan depuis que sa femme et son fils sont partis sans visa pour Paris, Gare du Nord. La rage au cœur, il décide de tout quitter pour les retrouver. C’est toujours mieux que de pourrir sur place. Plusieurs trajets sont possibles, des années de voyage en perspective… Sur les interminables routes de poussière, l’aventure se construit au gré de ses rencontres, inoubliables. De passeurs malhonnêtes en routes désertiques, de camps de réfugiés en canots surchargés, envers et contre tout, Alpha garde le cap : Gare du Nord. »


Tout au long de la lecture – qui est en réalité une triste aventure – nous allons suivre Alpha. Il va quitter Abidjan pour rejoindre la Gare du Nord. Ce voyage, c’est le seul qui va lui permettre de retrouver sa famille qui a fait le même voyage de nombreux mois avant, sans jamais donner de nouvelles.

Les rencontres qu’Alpha va faire vont l’aider à tenir sur la route autant qu’elles vont l’atteindre. Au lecteur, elles sont de multiples facettes de la souffrance de chacun, des risques et des raisons de faire ce chemin mortel : physiquement et psychologiquement. Alpha nous raconte donc les étapes et le quotidiens de ces aventuriers de l’exil. Des aventuriers qui sont parfois des enfants, des aventuriers qui doivent faire toutes sortes d’activités pour gagner de l’argent et payer des passeurs. Des aventuriers dont le rêve est de survivre.

Les illustrations sont bouleversantes dans leur urgence, dans leur franchise, dans leur ambiance qui est parfaitement en accord avec le texte. Entre les moments de tension, les avancées et les arrêts, ils ne font qu’un.

Un ouvrage nécessaire qui déconstruit des idées reçues et qui, malheureusement, rappelle aussi que l’homme peut parfois être son pire ennemi.

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Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Les chroniques de Jean Dessorty


 

Et vous, quel livre sur l’exil conseilleriez-vous ?

« La cicatrice » d’Andrea Ferraris et Renato Chiocca (Rackham, 2018)

Depuis quelques mois j’ai très envie de découvrir les éditions Rackham et j’ai enfin pu trouver un exemplaire en librairie pour me faire un premier avis ! Du roman graphique engagé comme j’aime !


Quatrième de couverture : « Le Mexique et les États-Unis partagent une frontière commune longue de 3200 kilomètres dont un tiers est marqué depuis vingt ans par un haut mur de métal rouillé. Censé empêcher aux migrants d’entrer clandestinement aux États-Unis, cette barrière – que le président Trump voudrait étendre à l’ensemble de la frontière – n’est qu’un rempart dérisoire qui oblige cependant les candidats à l’exil à emprunter les routes dangereuses du désert et des montagnes où beaucoup d’entre eux finissent pour y laisser la vie.

Au printemps 2017, Renato Chiocca et Andrea Ferraris ont voyagé le long de ce monument à la haine et à l’ignorance, ont écouté les histoires de ceux qui vivent à l’ombre du mur et recueilli le témoignage de ceux qui portent de l’aide aux migrants, les sauvant parfois d’une mort certaine et leur assurant un accueil dans la dignité et le respect de leur droits. Dans La Cicatrice, Chiocca et Ferraris racontent leur périple le long de ce mur de la honte nous rapprochant de son effrayante réalité et nous poussant à réfléchir à d’autres manières, plus sensées et humaines, de résoudre cette urgence devenue désormais planétaire. »


Ce livre est court : 40 pages en tout. Ma chronique sera donc courte aussi mais j’espère juste assez longue pour vous donner envie de découvrir ce roman graphique. Composé de deux parties, il donne à voir deux côtés du mur, deux types de réactions. Nous voyons les victimes de bavures qui deviennent des symboles de la folie qui s’empare des hommes, imbus de leur territoire, fanatiques de leur frontière. Nous voyons également des personnes qui s’engagent au quotidien pour permettre de survivre dans l’enfer du désert, une fois le mur franchi. Des engagements qui se sont concrétisés pour différentes raisons mais dont le fondement est l’humanité, ce sentiment d’appartenance à un tout qui ne connaît pas de mur.

Je ne peux que recommander la lecture de ce livre, dont la force des dessins n’a d’égal que la force du propos. Ce mur, cette cicatrice qui déchire deux pays, qui déchire des familles, dont on ne parle peut-être pas assez pour en dénoncer l’horreur et l’absurdité. Merci pour ce témoignage qui donne la parole à ceux que l’on n’entend pas et qui interroge l’engagement au-delà de cette situation spécifique.

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Et vous, est-ce une maison d’édition que vous appréciez ?