❤ « Les ombres » de Zabus et Hippolyte (Dargaud, 2020)

Décidément, j’enchaîne d’excellentes lectures dernièrement. Des ouvrages forts et engagés qui méritent d’être lus par un maximum de personnes à l’heure où l’on regarde l’autre avec méfiance quand on ne le condamne pas d’office.

Quatrième de couverture : « Une fable contemporaine sincère et émouvante qui raconte l’exil et l’émigration sous un angle métaphorique. »

S’il y a une place pour l’imaginaire dans ce roman graphique il reste très réaliste dans les épreuves que doivent affronter les personnes cherchant un ailleurs où survivre.

L’histoire commence dans un bureau. Un homme immense en interroge un autre, plus petit, écrasé par la lumière des néons et le poids des dossiers qui lui font face. Il doit raconter, justifier de sa légitimité. Dire la vérité ou s’arranger avec elle ? Redonner leur place aux fantômes.

Avant tout cela, quelque part dans le monde, des hordes d’hommes avides de ressources et de violence détruisent tout sur leur passage : villages, hommes, femmes, enfants. Il faut partir, passer les frontières et essayer d’atteindre l’autre monde. Cet endroit vers lequel d’autres sont partis avant, cet endroit porteur de promesses qui ne sont peut-être que des mirages. Mais que faire d’autre ?

En suivant un jeune homme et sa petite soeur, les épreuves se succèdent et montrent l’insoutenable : il y a toujours quelqu’un pour te priver de tes droits, de ta dignité et pour te prendre de force ton droit de vivre.

La planète est couverte de tombeaux, qu’ils soient sous le sable, entre les arbres des forêts, au creux des vagues ou entre les murs des administrations. Le roman graphique dépeint des vies mais aussi les conditions d’accueil de l’autre monde, nous amenant à nous inerroger sur les conditions que posent les États quant à l’acceptation du droit d’asile.

Je vous laisse à votre tour rencontrer et suivre les ombres. Publié pour la première fois en 2013 et réédité cette année, ce roman graphique est aussi puissant qu’indispensable.

Je remercie Mo’ du blog Bar à BD pour sa belle chronique qui m’a convaincue d’acheter ce livre et dont je rejoins désormais le plein enthousiasme même si c’est le coeur lourd.

Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué  : Bar à BDMoka, au milieu des livresLes mercredis jolisLyvresSin CityLa bibliothèque du Dolmen

Et vous, quel roman graphique vous semble être un indispensable ?

Retrouvez-moi aussi sur :

❤ 👁 « La robe froissée » de Maram al-Masri (Bruno Doucey, 2012)

9782362290275

La voix de Maram al-Masri a une douceur que que j’écoute avec plaisir et que j’entends très facilement quand je la lis. Et dans ce recueil, c’est la voix d’une femme, d’une mère qui s’exprime à nouveau. Une femme qui a quitté sa Syrie natale et qui, ici, nous parle du Nord. Ce Nord qui représente une partie de mon histoire familiale, que je n’ai pas revu depuis de nombreuses années, mais que je tiens en affection.

Quatrième de couverture : « D’où vient-elle ? D’un pays de soleil, sur les rives orientales de la Méditerranée, là où furent trouvées les tablettes des premiers alphabets. Ses souvenirs ont la couleur des jardins suspendus, l’odeur du cumin et de la menthe, la transparence du verre soufflé. Maram al-Masri est née à Lattaquié, en Syrie. Ce n’est pas dans son pays que je l’ai rencontrée, mais à Paris où les pas de l’exil l’ont portée. En 2009, une résidence d’écriture l’entraîne dans le nord de la France : Maram découvre les villes noyées de brume, les maisons qui se serrent les unes contre les autres comme pour se tenir chaud, une région aux antipodes de sa terre natale. Et pourtant… Pourtant, lorsque se mêlent rires d’enfants et fragilités sociales, crises économiques et ambiance de fêtes foraines, le regard du poète ne connaît plus de frontières. »

Une fenêtre qui donne sur la place de la ville. Derrière elle, une femme. Elle regarde la vie qui s’écoule, avec les acteurs heureux et moins heureux qui la composent et l’hiver qui les éloigne, le soleil un peu pâle, les maisons collées les unes contre les autres, comme voulant se réchauffer entre elles, un hiver de plus dans leur longue histoire.

Derrière cette fenêtre, elle nous parle des fêtes foraines comme de réflexions sur l’exil. Ce sont des instants vus avec le bagage d’une vie. Des mots qui veulent aussi gâter les enfants, les protéger et faire qu’ils ne manquent ni d’amour ni de sucreries. Faire qu’ils gardent le plus longtemps possible leur enfance.

Ce mélange de douceur et de clairvoyance sur la dureté de la vie ouvre une réflexion sans fin, de celles qui vous accompagnent, au chaud dans nos pensées. Une rencontre, une alliance culturelle portée par un regard bienveillant qui fait du bien, tout simplement même s’il m’a rendue un peu nostalgique.

Le recueil se termine par un ensemble différent Petit cheval et autres poèmes qui rappelle l’humanisme de l’auteure qui dépasse toute les frontières et dénonce la violence de la guerre, mais aussi les douleurs quotidiennes.

Note à moi-même : faire grandir encore ma collection des titres de Maram al-Masri. Car sa sensibilité et sa délicatesse me font gonfler le coeur.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.


 

Et vous, voulez-vous lire le Nord à travers les yeux et les mots de cette auteure ?

👁 « Je franchis les barbelés » de Souad Labbize (Bruno Doucey, 2019)

61m5cabQw2L

Souad Labbize est née en Algérie et a vécu dans différents pays avant de s’installer en France. Confrontée concrètement à la violence, elle nous parle ici des routes de l’exil, du poids de la religion, de la guerre du point de vue de la société civile.

Quatrième de couverture : « Mon baluchon d’exil et Berceuse pour le dieu de la guerre : les textes qui composent le livre de Souad Labbize donnent le ton d’une poésie écrite par une femme celle qui a fait le choix de l’exil pour échapper aux diktats imposés par les hommes et par la religion. Femme libre, femme livre… Qu’elle évoque ceux que nous nommons aujourd’hui migrants, exilés, réfugiés, ou raille le retour du divin dans le quotidien, l’autrice affirme son droit à l’insoumission et à la liberté. Avec des mots simples, des images concrètes, l’espace du rêve à portée de main, elle dit non au dieu douteux qui s’en sort avec un casier judiciaire vierge. Et l’on se plaît à rêver d’un monde où l’exil s’écrirait en deux mots, ex-il, tant l’avenir de l’humanité semble passer par la parole des femmes. »

Composé de deux parties, ce recueil m’a demandé plusieurs jours de lecture, pour intégrer et digérer les différents poèmes qui prennent la route et se confrontent à l’inconnu, à ce qui est resté derrière l’auteure et derrière les milliers et milliers de vies qui marchent vers un demain, ailleurs, à ce qui a causé le départ aussi.

Certains poèmes ont été plus difficiles à habiter que d’autres, la langue de Souad Labbize parle cependant avec force et ses mots sont frappants et riches d’images difficiles à ne pas se figurer. La beauté de certaines sont présentes pour prendre le dessus sur la laideur des réalités, l’effet est indéniable. Et dans la colère se mêle la beauté, liée à l’enfance ou au pays qui a porté ses premiers mots et ses premiers pas. Un amour pour les souvenirs, un amour pour les proches. Mais des souvenirs entâchés de peur et de tristes constats.

La difficulté de partir, l’incertude d’avoir fait le bon ou le mauvais choix, le doute sur la route, les souvenirs qui portent autant qu’ils blessent, le courage et les moments de désespoir, l’accueil relatif et les stéréotypes à l’encontre les exilés. Souad Labbize dénonce les nationalismes, les guerres au nom de Dieu, les enfants assassinés par les bombes, elle nous parle aussi du besoin de dire mais de la difficulté qui parfois l’empêche. Ce n’est pas pareil de dire et d’écrire. Elle nous parle de beaucoup de choses et il faut venir et revenir entre ses mots car il est impossible de les résumer. Il vaut mieux vous y inviter.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Chroniques des imposteurs


 

Et vous, accompagnerez-vous ses pas à travers les barbelés ?

❤ 👁 « Métropoèmes » de Maram al-Masri (Bruno Doucey, 2020)

61eFsizIsGL

Paru le même jour qu’Elles sont au service de Fabienne Swiatly, ce recueil lui répond magistralement en nous invitant à ne plus baisser les yeux et à porter attention aux personnes qui nous entourent dans les transports en commun mais aussi, plus largement, dans la vie.

Quatrième de couverture : « Ligne 5, République, Bobigny… Ligne 9, Jasmin, La Muette, Charonne… Chaque jour des millions de femmes et d’hommes se croisent dans le métro parisien, les yeux rivés à l’écran de leur téléphone mobile, pressés d’arriver à destination. Et pourtant, il y a tant à voir et tant à vivre dans ce monde souterrain. Tant de livres à déchiffrer sur les visages que l’on côtoie. Tant de scènes à filmer avec la caméra de l’empathie. Tant de jeunes et de vieux, de malades et de bien-portants, de riches et de pauvres emportés dans le même voyage. Il fallait un regard de poète pour mettre au jour l’inépuisable richesse de ces transports en commun. Ce regard, c’est une femme venue de Syrie qui nous l’offre, dans ces métropoèmes écrits directement en français. La poésie aussi est un service public. »

Rien qu’en ouvrant et en feuilletant ce recueil la surprise est bonne. Le travail éditorial nous emmène directement dans le métro parisien avec ses stations comme chapitres, ses déambulations sous terres formalisées. Nous sentons presque les flux de voyageurs autour de nous, nous entendons presque la voix mécanique qui égraine les noms dans la rame. Ce livre, j’ai tenu à le lire en grande partie dans les transports justement. En situation, parce que ce que nous dit Maram al-Masri, on l’a vu et on le voit au quotidien.

Elle nous dit les hommes, les femmes et les enfants qui sont sur le bord des quais ou à côté de nous, qui nous ressemblent mais que nous ne voulons pas voir, que nous évitons du regard. A qui nous avons donné, une oreille ou une triste pièce, et à qui nous ne donnons plus. Ces hommes, ces femmes et ces enfants à qui il est urgent de donner des mots et à qui il faut rendre existence. De station en station, ce sont des vies que l’auteure écrit avec une infinie bienveillance, avec cette compassion indissociable de la tristesse et du cœur.

J’ai été immensément émue à la lecture de ce recueil, rythmé par des citations d’autres poètes de tous âges et de tous parcours, d’une vie ou d’un jour, comme je suis émue au quotidien par le monde dans lequel je vis, comme vous l’êtes aussi j’imagine, je le sais. Continuons à l’être en étant un peu plus acteurs et en voyant ce que, parfois, nous ne voulons pas voir, en écoutant ceux que nous ne faisons qu’entendre, en levant les yeux et en faisant une place près de nous, comme on invite un ami, un proche. Redonnons du sens au commun, à ce qui nous rassemble sous la lumière jaunie : notre humanité.

Ces textes sont à mettre entre toutes les mains, à glisser dans toutes les oreilles, car ils sont universels et sont un cri qui doit nous réveiller à l’autre. Ce cri, c’est la poésie. Sublime.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.


 

Et vous, voyagerez-vous dans les boyaux de la terre avec cette auteure ?

❤ 👁 « Quelqu’un m’attend derrière la neige » de Timothée de Fombelle et Thomas Campi (Gallimard jeunesse, 2019)

C’est avec le cœur qui palpite que je publie cette première chronique thématique. J’ai eu un immense coup de cœur pour ce petit album pour la jeunesse, que je ne manquerai pas d’offrir au plus grand de mes neveux. Car, encore une fois, Timothée de Fombelle a écrit fort et a écrit juste avec cette ode à l’humanité.


Quatrième de couverture : « C’est la nuit de Noël. Un livreur de gelati désenchanté file dans son petit camion jaune entre l’Italie et l’Angleterre. Une hirondelle venue d’Afrique s’entête à voler vers le Nord dans le froid de l’hiver. Invisible, un troisième personnage avance dans la même direction à travers la neige. Il joue sa vie en secret.

Dans un conte de Noël qui ouvre le cœur, Timothée de Fombelle imagine la rencontre miraculeuse de trois destins. »


Deux chemins avancent en parallèle avant de se croiser. D’un côté un livreur désabusé, Freddy d’Angelo, qui compte le nombre de jours passés sans parler à quelqu’un : à minuit ça fera cent. Il roule vers Calais pour réaliser sa dernière livraison de l’année. De l’autre, une hirondelle, Gloria, qui renonce à aller vers le sud et suit son cœur vers le nord. Quelque chose l’appelle là-bas, elle ne saurait dire quoi, mais elle doit affronter le froid même si celui-ci pourrait la tuer. Cet oiseau qui un jour a été sauvé et soigné par un jeune garçon sent son destin qui l’appelle. Deux personnages auxquels un troisième, invisible, se joint.

Quand les routes se croiseront elles ne manqueront pas de créer beaucoup d’émotions et de faire réfléchir chaque lecteur, enfant comme adulte, à l’importance que l’on accorde à l’autre. Cet autre qui est notre voisin de palier comme notre voisin de continent ou d’océan. Ce livre appelle à raviver les gestes qui sauvent et souligne aussi les gestes des autres qui nous sauvent.

Cet album est une merveille de littérature jeunesse et d’illustration, une pépite pour cette période de fêtes qui rappelle que le monde continue à tourner derrière les sapins, les guirlandes et dans le froid de l’hiver. Je ne peux que vous encourager à l’offrir si vous avez des enfants dans votre entourage (à partir de 7 ans) ! Vous ne le regretterez pas.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Les instants volés à la vieChez Mirabilia


 

Et vous, est-ce que votre cœur s’est emballé pour ce bijou ?

❤ « Le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel (Stock, 2007 / Le Livre de Poche, 2009)

J’ignore depuis combien de temps je m’étais promis de lire ce livre cultissime de Philippe Claudel. Mais ce que je sais, c’est que j’ai bien trop attendu. Ce livre, il faut le lire dès qu’on en a l’occasion, car une fois refermé, on se demande comment on a pu passer à côté. Un énorme coup de cœur !


Quatrième de couverture : « Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »


Brodeck va chercher du beurre au village. Tout va alors basculer. L’Anderer vient d’être assassiné et les hommes présents sur le lieu du crime vont lui demander (sans laisser le choix de la réponse) d’écrire un rapport expliquant l’acte final.

La tension s’installe dès les premières pages et c’est un survivant que nous découvrons à travers les lignes que Brodeck rédige comme une urgence. Une urgence qui prend parfois son temps, qui se perd dans des descriptions de la nature et de son pays d’adoption, mais une urgence quand même de dire les choses. Celles du présent et celles du passé, car il montre parfaitement comment les deux peuvent se lier.

L’Anderer lui, c’est l’autre, l’étranger. Arrivé un jour au village, installé à l’auberge où il sera assassiné, c’est un personnage trop original pour passer inaperçu et trop singulier pour ne pas éveiller les soupçons. Mais soupçonner de quoi ? Alors la guerre qui appartient au passé s’invite à nouveau dans le présent. Un personnage magnifique de subtilité et de douceur, presque insaisissable et qui dérange par sa différence.

Menacé, pressé par les hommes du village, Brodeck va avancer dans la rédaction de son rapport. Mais ce que les villageois ignorent, c’est que deux rapports sont en cours de rédaction : l’officiel qui sera donné au maire, l’officieux qui est plus personnel et va plus loin dans les révélations. L’officieux, c’est celui que nous avons entre les mains, faisant de nous les dépositaires d’un récit précieux.

Brodeck va y transcrire les relations entre les hommes, les travers, les lâchetés et les courages, parfois – trop rarement. Il va également revenir sur la guerre, sa déportation et l’épreuve des camps. Il va revenir dessus car cette période dit des choses des hommes du village, de l’homme qu’il est lui-même re(de)venu et de sa femme. Cette femme qui m’a émue aux larmes même si elle ne dit rien et ne fait que murmurer une chanson, encore et encore. Les personnages proches de Brodeck sont beaux, heureusement. Ils sont la lumière dans la noirceur du village.

Fermer les yeux et faire comme si rien ne s’était jamais passé ne fait pas disparaître les fautes. Philippe Claudel le prouve de façon impressionnante. Comme dans d’autres romans, Philippe Claudel ne date pas et ne localise pas avec précision les événements. Il donne des pistes, laisse des indices et fait écho à l’histoire sans cloisonner le récit pour lui donner une dimension plus large. Si je peux donner un conseil à celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu, allez-y sans hésiter, ce livre est un mélange de philosophie, de témoignage fictif mais malgré tout très réel et d’humanisme.

Pour en savoir plus

logo-label


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : La Bulle de RealitaLes lectures de LéonPresse-KiwiHannibal le lecteur • Un bouquin dans la poche


 

Et vous, quel est votre livre préféré de Philippe Claudel ?

« Truc de fille ou de garçon ? » de Clémentine du Pontavice (L’Ecole des Loisirs, 2019)

Bon, je dois l’avouer, la piqûre de la littérature jeunesse m’a inoculé une grosse curiosité. Et cela, je pense, au plaisir de mes neveux qui vont récupérer les livres (ils dévorent, mes adoramonstres ♥). En croisant celui-ci je n’ai eu aucune hésitation : petit, mignon, encore nécessaire. Zou !


Quatrième de couverture : « Jouer au foot, pleurer, danser, conduire un avion, faire des découvertes… Tout le monde peut le faire. Filles comme garçons. Chacun avec ses goûts, ses envies et son caractère. »


De petites boules de couleurs discutent de ce qu’elles aiment, qu’elles soient fille ou garçon. Parfois des moqueries surgissent alors on remet les points sur les i. Parce qu’après tout, si tu as tout pour réaliser ton rêve et pour vivre comme tu le souhaites, pourquoi être une fille ou un garçon changerait les choses ? Cela n’a rien à voir !

Ce que j’ai particulièrement aimé c’est que les préjugés sexués sont déconstruits non seulement vis-à-vis des filles mais aussi des garçons pour aboutir à un message universel. Avec des yeux, des bras, une bouche, un coeur, des pieds, du travail, de l’envie, on peut faire beaucoup de choses dans la vie et, finalement, être fille ou garçon, on s’en fiche un peu, non ?

Les illustrations sont douces et efficaces, les textes poétiques. C’est sans aucune hésitation que je le lirai donc avec mes adoramonstres et je pense, une fois encore, que nous pourrons longtemps en discuter ensuite.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.


 

Et vous, quel livre sur l’égalité liriez-vous à des enfants ?

❤ « Dr Uriel » de Sento (La Boîte à bulles, 2018)

Paru le 6 juin 2018, ce roman graphique de pas moins de 432 pages m’a littéralement attirée ! Peu connaisseuse de l’histoire de la guerre d’Espagne, j’ai fait le choix de la découvrir à travers ce récit avant de poursuivre davantage mes recherches.


Quatrième de couverture : « Fraîchement diplômé de médecine, Pablo Uriel effectue son premier remplacement dans un petit village du nord de l’Espagne. Alors qu’il découvre les joies de son métier et d’une vie paisible à la campagne, un soulèvement nationaliste éclate. En juillet 1936, la bourgade de La Rioja, dans laquelle exerce Pablo, est assaillie par une unité franquiste. Le jeune homme est immédiatement fait prisonnier. Contraint de soigner les phalangistes durant le siège de Belchite, Pablo sera par la suite emprisonné par les républicains. Successivement condamné par les deux camps, le docteur Uriel devra, au milieu du champ de bataille, faire face à ses premiers cas de conscience et au-delà de ses convictions politiques, préserver son humanité.

Un brillant témoignage sur les désastres et les injustices de la guerre civile espagnole raconté par le gendre du docteur Uriel. »


Le dessin de Sento est absolument magnifique, tantôt rond, tantôt anguleux en fonction de la tension des scènes. Globalement réaliste, il met malgé tout un peu à distance la violence de la réalité pour nous livrer une histoire vraie qui reste visuellement supportable (mais je ne peux plus voir une seule mouche pendant encore quelques jours).

L’Espagne bascule dans une guerre civile qui va opposer les Républicains aux Franquistes. Ces derniers, aidés des milices phalangistes, arrêtent et exécutent de façon tout à fait sommaire les détracteurs politiques et adhérents aux idées républicaines. C’est ainsi que la famille Uriel est touchée avec la perte de l’un des frères de Pablo, personnage principal que nous allons suivre tout au long de ce récit. Un autre de ses frères et lui-même seront arrêtés et emprisonnés, sans l’ombre d’un procès ou d’un entretien. Rien. Juste emprisonnés, dans des lieux différents.

Tout juste sorti de ses études de médecine, Pablo Uriel adhère aux idées de la gauche espagnole, donc républicaine. Après sa première arrestation et sa libération grâce aux nombreuses démarches de sa famille et de celle d’un de ses amis de cellule, mobilisé sous le drapeau des nationalistes, il décide de rejoindre le front, cela lui permettant une désertion plus facile en cas de besoin pour rejoindre le camp des républicains. Pablo Uriel soignera les blessés quels qu’ils soient, militaires, civils, c’est là sa vocation au-delà des considérations politiques.

Les conditions d’exercice de la médecine seront plus effroyables que prévu et la situation de l’Espagne est toujours plus instable… Mais je vous laisse découvrir la suite de ce récit, qui suit un personnage très humain et qui montre bien que rien n’est noir ou blanc, que le gris est bien plus présent, qui fera passer avant tout ses convictions humanistes et non politiques (ce qui ne l’empêchera pas d’être sympathisant républicain).

« Pauvres gars… On les prépare à la guerre avec une formation raccourcie… à l’image de leur courte vie. Le lieutenant Blanco était un gamin. Ils disent eux-mêmes que leur première solde, c’est pour l’uniforme et la seconde, pour le linceul. Tragique prestige offert par la guerre à un jeune qui n’a pas vingt ans. »

Augmenté en fin d’ouvrage de nombeuses pages de reproduction d’archives, ce livre est un très bel objet qui ravira autant les collectionneurs que les novices dans le genre (ce qui est mon cas). Un roman graphique qui implique une immersion de plusieurs heures dans la guerre d’Espagne (1936-1939), une expérience facilitée par la beauté du dessin de Sento.

Pour en savoir plus

 

Et vous, avez-vous des livres à recommander sur la guerre d’Espagne ?