❤ « Mon papy perce-neige » de Betina Birkjaer et Anna Margrethe Kjaergaard (Didier jeunesse, 2021)

Parler du vieillissement de proches aux enfants, de maladies qui y sont liées (et qui parfois apparaîssent tôt) n’est pas toujours évident. C’est pourtant un sujet important afin que le lien ne se rompe pas face à ce qu’ils pourraient avoir du mal à comprendre : une personne qui change petit à petit de façon irrémédiable. Afin que les enfants n’en souffrent pas trop non plus même si la tristesse ne peut être absente.

Quatrième de couverture : « Bout-de-Chou adore son papy : il connait le nom des 123 fleurs qui poussent dans sa véranda ! Avec lui et mamie Gerda, Bout-de-Chou fait des puzzles, joue aux mots croisés, hume l’odeur du café… Mais un jour, papy Kay perd ses mots. Alors Bout-de-Chou les ramasse et les garde précieusement dans une boîte…

Une partie des recettes est reversée à l’association France Alzheimer. »

Betina Birkjaer et Anna Margrethe Kjaergaard parlent aux plus jeunes de la maladie d’Alzheimer avec une profonde douceur, tant dans les illustrations que dans la façon de réprésenter la mémoire qui se vide de ses mots. En effet, alors que papy Kay connaissait tous les noms de ses très nombreuses fleurs et des milliers d’autres mots, il semble avoir un peu de mal à les trouver jour après jour.

Sur le sol Bout-de-Chou découvre les mots que son papy a perdus, chaque jour plus nombreux. De l’impression de quelques étourderies à la prise de conscience de la maladie, mamie Gerda et Bout-de-Chou vont accompagner papy Kay avec bienveillance même si le quotidien est loin d’être facile.

Les mots trouveront un nouveau refuge et papy Kay sera entouré avec compréhension. Plus tout à fait le même, mais quand même lui.

C’est beau, c’est doux, c’est plein d’amour. Les autrices sont là pour dire que ce ne sera pas facile, que ce sera aussi un peu triste mais qu’avec de l’amour et en profitant des moments présents, ça ira.

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« Bye-Bye, vitamines » de Rachel Khong (Les Escales, 2018)

C’est à nouveau lors de déambulations entre les rayonnages fabuleux d’Emmaüs que je suis tombée sur ce livre qui me faisait de l’œil depuis plusieurs mois. Un roman qui annonçait l’approche de la maladie d’Alzheimer et le soutien familial loin d’un ton froid comme une blouse blanche et qui a su répondre à cette attente. Pour celles et ceux qui voudraient le découvrir et qui ne sont pas des incorrigibles du grand format comme moi, il est sorti en poche en juin de cette année (c’est ici que ça se passe).


Quatrième de couverture : « Après avoir fait preuve d’un comportement pour le moins étrange, Howard Young, éminent professeur d’histoire, vient d’être diagnostiqué comme souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Quand sa femme demande l’aide de leur fille Ruth, celle-ci s’installe dans la maison parentale pour une année. À trente ans, en proie à ses propres doutes et confrontée à une vie qui ne ressemble pas à ce qu’elle avait imaginé, Ruth se retrouve plongée dans le joyeux chaos qui règne au sein de la famille : entre les rares moments de lucidité de son père et le comportement erratique de sa mère, la situation s’annonce plus compliquée que prévu.

Un premier roman aussi frais qu’original, parsemé d’anecdotes loufoques, d’humour et d’humanité »


Je ne m’attendais pas à aimer autant ce roman. Preuve qu’il faut savoir sortir de ses habitudes de lecture pour ressentir des émotions différentes même si elles sont toutes filles du cerveau et du coeur. Bref, ce fut une belle découverte et j’ai apprécié accompagner Ruth dans son quotidien à reconstruire après un échec amoureux et la recherche du sens de sa vie, mais aussi et surtout durant l’accompagnement de son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Cette maladie qui fait que la personne est là sans être vraiment là, qu’elle est elle sans l’être vraiment non plus. Parfois, puis jamais. Un chemin qui s’emprunte sans en avoir le choix, parfumé d’infusions et de recettes à base de vitamines et de choux sensés reculer l’échéance.

Ruth a eu affaire à un sacré con et ça s’est terminé douloureusement. Après des années a avoir été un fantôme pour sa famille avec toujours une priorité à gérer ailleurs, l’annonce de la maladie de son père la fait revenir au foyer pour une année. Mais ça ne peut pas être si simple. Son père sait qu’elle est revenue pour lui et ne supporte pas de la savoir obligée d’être là, ce n’est juste pour personne. Sautes d’humeurs et colères, puis résignation temporaire du paternel qui vient de perdre son poste à l’université dans laquelle il enseignait. Ce poste qui le faisait tenir debout n’est plus là. Rien ne semble s’arranger et pourtant, chaque situation problématique devra trouver une résolution, qu’elle soit légale ou pas.

J’ai été profondément émue par les habitudes d’Howard, alors que Ruth était petite, de noter quotidiennement les anecdotes en lien avec sa fille. C’est une preuve d’amour incroyablement belle. Ce sont souvent ces anecdotes au regard de la situation présente qui m’ont fait sortir les mouchoirs. Les mots qu’un enfant cherchait et façonnait hier face à ceux d’un parent qui les perd et les tord aujourd’hui.

Il est ici question de doutes, de faux-pas, d’espoirs déçus, de liens à reconstruire, de préparation au deuil, de lutte contre les symptômes d’une maladie qui éradique la personnalité, de résistance mais aussi de lendemains porteurs de promesses, même si ce ne sont pas celles espérées quelques années plus tôt. De personnages attachants en situations touchantes, Rachel Khong nous offre une tranche de vie familiale humaine, entre rires et larmes, qui aborde des sujets graves et universels. Un premier roman qui ne saurait rester enfant unique.

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