
Me voilĂ bien embĂȘtĂ©e alors que je dois Ă©crire la chronique de ce livre qui m’a autant Ă©mue que gĂȘnĂ©e… Un dĂ©but d’annĂ©e avec Aharon Appelfeld contrastĂ© mais nĂ©anmoins marquant car derriĂšre ce texte se tient un enfant ayant survĂ©cu Ă la Shoah et il est impossible de ne pas y chercher la propre expĂ©rience de l’auteur, mĂȘme parcellaire.
QuatriĂšme de couverture : « Avant de fuir le ghetto et la dĂ©portation, la mĂšre d’Hugo l’a confiĂ© Ă une femme, Mariana, qui travaille dans une maison close. Elle le cache dans un rĂ©duit glacial d’oĂč il ne doit sortir sous aucun prĂ©texte. Toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scĂšnes qu’il devine Ă travers la cloison. Hugo a peur, et parfois une sorte de plaisir Ă©trange accompagne sa peur. Dans un monde en pleine destruction, il prend conscience Ă la fois des massacres en train de se perpĂ©trer et des mystĂšres de la sexualitĂ©. »
Hugo et sa mĂšre sont enfermĂ©s dans un ghetto. Les rafles et les dĂ©portations s’accĂ©lĂšrent, la menace est de plus en plus pressante. La mĂšre d’Hugo tente en vain de le placer Ă la campagne, dans une famille de paysans moyennant rĂ©tribution, mais ses plans n’aboutissent jamais. En dernier recours, elle confie Hugo Ă une ancienne camarade d’Ă©cole prĂȘte Ă l’aider : Mariana.
Mariana vit dans une maison close et Hugo va dĂ©sormais y vivre aussi, cachĂ© dans un rĂ©duit attenant Ă la chambre de cette femme dont il ne sait rien et qu’il va peu Ă peu apprendre Ă connaĂźtre… Dans ses accĂšs de colĂšre, dans sa douceur maternelle, dans sa mĂ©lancolie inconsolable, dans sa dĂ©pendance Ă l’alcool, dans sa sensualitĂ©.
Sans nouvelles de sa mĂšre qui, aprĂšs l’avoir confiĂ© Ă Mariana, est partie en quĂȘte d’une cachette dans les villages environnants, il entend et apprend ce qui se passe Ă l’extĂ©rieur : la chasse aux Juifs dans les moindres recoins des habitations, les exĂ©cutions publiques. A l’intĂ©rieur : la façon dont Mariana est traitĂ©e par les hommes, leur violence et leur mĂ©pris ; le risque d’ĂȘtre Ă la mercie d’autres personnes de la maison close et donc de risquer la dĂ©lation Ă chaque instant. Le danger devient par la suite rĂ©el pour Mariana. Coupable d’avoir Ă©tĂ© prostituĂ©e, d’avoir reçu des Allemands lorsque les Russes prennent le contrĂŽle de la ville.
J’ai Ă©tĂ© trĂšs touchĂ©e par Hugo et sa solitude, sa façon d’invoquer ses proches pour les garder en vie et se sentir moins seul, dans son rĂ©duit glacial et sombre. J’ai aimĂ© la façon dont Aharon Appelfeld nous parle de la prostitution et de ces femmes pour lesquelles on sent une rĂ©elle compassion et de la considĂ©ration. Mais un point de bascule entre Hugo et Mariana m’a fait clairement et dĂ©finitivement dĂ©passer la limite du malaise.
Ils/Elles lâont aussi lu et chroniquĂ© : Pas d’autre chronique trouvĂ©e pour le moment.
Et vous, avez-vous lu ce roman ou un autre d’Aharon Appelfeld ?
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