👁 ❤ « L’aurore » de Selahattin Demirtaş (Points, 2019 ; réed. 2021)

Traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes.

Je me doutais que ce recueil me plairait mais je ne pensais pas être aussi touchée, aussi secouée, aussi percutée. Dès la fin de ma lecture j’ai commandé à mes libraires le second recueil de l’auteur : Et tournera la roue. Je le commence alors que cet article paraît, je vous en parlerai donc sous peu.

Deux recueils écrits en prison par un homme, Selahattin Demirtaş, qui y est encore coupé du monde et risque une peine absurdement longue pour des chefs d’accusation fallacieux qui arrangent les intérêts du pouvoir en place.

Quatrième de couverture : « Des rêves piétinés de Seher aux yeux noirs de Berfin, de Nazo qui fait des ménages à Mina, la petite sirène engloutie, toutes ces femmes, qu’elles soient mères, adolescentes ou filles, affirment leur liberté à tout prix. Selahattin Demirtaş livre ici un récit à la fois tragique et plein d’espoir sur la Turquie contemporaine.

Selahattin Demirtaş est un Kurde de Turquie. Il est incarcéré depuis le 4 novembre 2016 en Turquie et encourt une peine de 183 ans. Entre 2014 et 2018, il a été le leader incontesté du HDP (Parti démocratique des Peuples), un parti d’opposition progressiste pro-kurde et féministe dont il reste un activiste important depuis sa cellule. En prison, il est devenu écrivain notamment avec L’Aurore, traduit dans une douzaine de langues. Il est nommé pour le prix Nobel de la paix en 2019. »

Treize nouvelles pour dire la situation des femmes en Turquie, pour dire la situation de la population sous le régime de Recep Tayyip Erdoğan. Un régime autoritaire qui verse donc dans les crises paranoïaques. Résultat : des actes extrêmement oppressifs et violents ainsi que des emprisonnements et des jugements arbitraires.

Lire Selahattin Demirtaş c’est comprendre les tensions qui habitent la Turquie d’aujourd’hui, qu’elles traversent des vies personnelles ou la vie globale du pays. L’auteur nous montre les victimes des systèmes : institutionnels, économiques, familiaux. Il nous montre aussi la résistance, le courage, la détermination comme des souffles d’espoir. Inutile de dire que Selahattin Demirtaş publie des textes courageux dans ce qu’ils montrent et dans le fait qu’ils n’allègeront pas les charges retenues contre lui par le régime.

Chaque nouvelle a de quoi glacer le sang ou marquer les esprits et je garde avec moi certains personnages qui les habitent. Comme la jeune Seher, victime parmi les victimes. Les textes sont courts et impactent par la surprise des situations qu’ils dépeignent, je ne souhaite donc pas développer davantage mon commentaire.

N’attendez plus et découvrez Selahattin Demirtaş. Emprisonné pour que sa voix ne puisse plus porter et qu’elle s’éteigne. L’une des résistances possibles de notre part à l’oppression du régime turque sur ses opposants, en tant que communauté civile étrangère, est de la découvrir et de la partager.

Note : Le journal Le Monde vient de faire paraître un hors-série sur la Turquie qui a l’air passionnant. Je vais faire en sorte de le lire pour alimenter plus concrètement – si c’est pertinent – ma prochaine chronique sur le sujet.

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Et vous, quelle littérature turque s’opposant au régime en place conseillez-vous ?

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  1. […] ❤ « Mozart est un joueur de blues » d’Ernest J. Gaines (Liana Levi, 2006) ❤ « Les mauvaises herbes » de Keum Suk Gendry-Kim (Delcourt, 2018) ❤ « Underground railroad » de Colson Whitehead (Albin Michel, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019) ❤ « My broken Mariko » de Waka Hirako (Ki-oon, 2021) ❤ « La robe de Fatou » de France Quatromme et Mercè López (Kaléidoscope, 2021) ❤ « Toi aussi, tu comptes » de Christian Robinson (Hélium, 2021) ❤ « Un enfant » de Thomas Bernhard (Gallimard, 1984 ; réed. 2016) ❤ « Tyler Johnson était là » de Jay Coles (Le livre de poche jeunesse, 2021) ❤ « Je t’aimais déjà » d’Andrée-Anne Cyr et Bérengère Delaporte (Les 400 coups, 2021) ❤ « Je te donne… » & « Je t’écoute… » de Christine Roussey (La Martinière jeunesse, 2021) ❤ « L’été de la sorcière » de Kaho Nashiki (Picquier, 2021) ❤ « Toutes les fois où je me suis dit… Je suis gay ! » d’Eleanor Crews (Steinkis, 2021) ❤ « Monsieur Han » de Hwang Sok-yong (Zulma, 2002 ; Z/A poche, 2017) ❤ « Celui qui revient » de Han Kang (Points, 2017) | Avec un petit plus cinéma ❤ « Là-bas, sans bruit, tombe un pétale » de Ch’oe Yun (Babel, 2000) ❤ « Toutes les choses de notre vie » de Hwang Sok-yong (Picquier poche, 2018) ❤ « Sur mon île » de Lee Myung-ae (La Martinière jeunesse, 2019) ❤ « Mon papy perce-neige » de Betina Birkjaer et Anna Margrethe Kjaergaard (Didier jeunesse, 2021) ❤ « La route de Beit Zera » de Hubert Mingarelli (Stock, 2015 ; Points, 2016) ❤ « Ce que poète désire. Anthologie de poèmes pour la jeunesse » d’Abdellatif Laâbi, illustré par Laurent Corvaisier (Rue du monde, 2021) ❤ « Dibbouks » d’Irène Kaufer (L’Antilope, 2021) ❤ « La dernière représentation de Mademoiselle Esther » d’Adam Jaromir et Gabriela Cichowska (Des ronds dans l’O, 2017) ❤ « Petit pêcheur, grand appétit » de Suzy Vergez (Rue du monde, 2021) 👁 ❤ « A bord de l’Aquarius » de Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso (Futuropolis, 2019) ❤ « Les jeunes mortes » de Selva Almada (Métailié, 2015) ❤ « Manèges. Petite histoire argentine » de Laura Alcoba (Gallimard, 2007 ; Folio, 2015) 👁 ❤ « La loi de la mer » de Davide Enia (Le livre de poche, 2020) ❤ « Nuages garance » de Yasushi Inoue (Picquier, 1997) ❤ « La mort et son frère » de Khosraw Mani (Actes Sud, 2020) ❤ « Charlotte » de David Foenkinos (Gallimard, 2014) ❤ « La brebis galeuse » d’Ascanio Celestini (Le Sonneur, réed. 2021) ❤ « Le visage de pierre » de William Gardner Smith (Christian Bourgois, 2021) • Rentrée littéraire ❤ « Un pays dans le ciel » d’Aiat Fayez et Charlotte Melly (Delcourt, 2021) • Rentrée littéraire ❤ « Talashi » d’Alexis Cordesse (Atelier EXB, 2021) ❤ « La pierre tombale » de Oh Jung-hi (Picquier, 2004) ❤ « Que sur toi se lamente le Tigre » d’Emilienne Malfatto (Elyzad, 2020) 👁 ❤ « L’aurore » de Selahattin Demirtaş (Points, 2019 ; réed. 2021) […]

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