
Ce manhwa nous fait découvrir, page après page, les réflexions d’une femme sur la société coréenne et sa propre situation : à travers son mal-être c’est celui d’un pays que nous percevons.
Présentation de l’éditeur : « Une femme coréenne en proie à des doutes existentiels dans une société ultralibérale qui laisse de nombreuses personnes dans la précarité.
Yeong-jin, jeune quarantenaire, enseigne dans un lycée privé protestant de Séoul. Elle est confrontée à des violences sociales de toutes parts. Non titulaire, elle se sent obligée, pour conserver son poste, d’accepter tout ce que lui demande son employeur. Submergée de travail – elle s’occupe aussi des enfants de sa sœur pendant ses vacances – elle souffre de n’avoir aucune reconnaissance de sa hiérarchie. Son petit ami travaille dans une association d’aide aux travailleurs migrants qui se font exploiter par les agriculteurs coréens dans des conditions qui frôlent l’esclavagisme. Sa mère continue à faire les ménages bien qu’ayant l’âge de la retraite. Et Yeong-jin vient de subir un hystérectomie… La violence de la société libérale l’affecte de plus en plus et l’amène à se poser des questions sur son rapport au travail, sur sa relation avec ses parents et sur l’avenir de son couple. »
Entre des problèmes de santé aux répercussions importantes et une précarité dont il est difficile de sortir malgré les études et les compétences, l’autrice nous propose un récit extrêmement réaliste qui nous pousse à nous interroger nous-mêmes sur les personnes et le monde qui nous entourent. Entre ce qu’il faut accepter et ce contre quoi il faut se lever, ce qu’il faut remettre en question et dont il ne faut plus se rendre complice.
Parmi tous ces questionnements il y a la fameuse capacité de survie, celle dont l’autrice précise que la société a une dette envers elle. Car cette capacité est celle qu’ont les individus à faire face, à se battre et à donner encore et encore à une société ingrate malgré les difficultés et les sacrifices. C’est un constat amer même si cette capacité traduit des forces individuelles : on ne devrait pas en arriver là.
A partir de la personne de Yeong-jin ce sont aussi d’autres vies et d’autres injustices et complications qui se révèlent : d’avoir travaillé toute sa vie et de ne pouvoir prendre sa retraite, d’avoir des difficultés à élever des enfants et à ne pas répondre à l’image d’une maternité épanouie, d’immigrer pour trouver du travail et se retrouver coincé, exploité, maltraité. C’est aussi un regard sur la famille qui est porté, avec ce moment où on réalise que nos parents commencent à vieillir.
Kim Sung-hee livre une image que je ne connaissais pas de la Corée et que je trouve donc très intéressante.
Si je n’ai pas réussi à être séduite pas le style graphique de l’autrice et que j’ai trouvé la qualité de la narration parfois inégale, j’ai malgré tout adhéré à sa motivation et aux sujets qu’elle explore. Parfois la force de l’intention me fait dépasser ma retenue, c’est le cas ici et je serai au rendez-vous de ses prochaines traductions.
Cette lecture entre dans le cadre du Challenge coréen organisé par le blog Depuis le cadre de ma fenêtre
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas d’autres chroniques trouvées pour le moment.
Et vous, quel·s livre·s sur la société contemporaine coréenne conseillez-vous ?
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