❤ « Underground railroad » de Colson Whitehead (Albin Michel, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019)

Après avoir adoré le roman Nickel Boys sorti il y a quelques mois, j’ai décidé de repasser du temps avec Colson Whitehead avec ce précédent roman qui l’a immensément popularisé en France. Le coup de coeur a eu lieu.

Quatrième de couverture : « Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir pour gagner avec lui les États libres du Nord, elle accepte.

De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves, elle fera tout pour conquérir sa liberté.

Exploration des fondements et de la mécanique du racisme, récit saisissant d’un combat poignant, Underground Railroad est une œuvre politique aujourd’hui plus que jamais nécessaire. »

Ce roman m’a fait réaliser que si je lis souvent des romans qui décrivent des parcours dans les États-Unis ségrégationnistes au 20ème siècle et le racisme persistant au 21ème, je lis peu sur l’histoire de l’esclavage. Cette lecture a été la confirmation de mon admiration pour Colson Whitehead mais aussi le déclencheur d’une recherche bibliographique afin d’approfondir mes connaissances littéraires sur ce crime contre l’humanité.

Très réaliste, ce roman a été difficile dès le départ. Le quotidien et les exactions qui le composent, les relations conflictuelles entre les esclaves, tout cela a été une première claque dès le début de la lecture. Le style de l’auteur m’a subjuguée et a confirmée ma préférence pour la sobriété quand il s’agit de parler de sujets graves, la force du factuel suffisant à toucher sans en faire des tonnes. Mais Colson Whitehead a aussi un immense talent de conteur et sait nous rendre réels chaque personnage et chaque situation. La construction de l’histoire, en prenant différents points de vues tout en suivant le parcours de Cora, a été exceptionnelle. Si j’ai anticipé les retournements de situations dans Nickel Boys, ici je me suis laissée surprendre (pour le pire et le meilleur) du début à la fin.

Cora est une jeune esclave dans une plantation de Géorgie, page après page elle devient un personnage inoubliable. Abandonnée enfant par sa mère, connue comme étant la seule esclave a avoir réussi à fuir sans être rattrapée, elle va être amenée à son tour à fuir la plantation des Randall. Va alors commencer pour elle un éprouvant périple à la recherche d’un lieu qui respectera son humanité et lui permettra de vivre en se libérant de la peur, ce qu’elle n’a jamais connu. Toujours près d’elle, un chasseur d’esclaves la traque, obnubilé par la revanche et le trophée qu’elle représente après la fuite de sa mère.

Dans la plantation puis à travers différents États et différents personnages, Colson Whitehead nous montre la violence, toute l’horreur et la perversité du racisme, les dispositions prises par différents États, le pseudo-progressisme de certains d’entre eux, l’inhumanité quotidienne, la médiocrité ordinaire mais aussi le courage de certaines personnes prêtes à risquer leur vie pour en sauver d’autres, notamment grâce au chemin de fer clandestin (qui n’en était pas vraiment un mais qui ici en prend littéralement la forme). C’est riche et c’est complexe, c’est révoltant et parfois rassurant quant à la nature humaine (mais plus souvent révoltant que rassurant, en fait), c’est effroyable mais aussi porteur d’espoir.

Une oeuvre immense qui questionne l’histoire d’un pays et son héritage. Car si on entend certaines personnes dire qu’il faut laisser le passé où il est, que le temps a passé (ce qui me rend folle), l’amnésie n’apporte jamais rien de bon.

Peut-être que certain•e•s d’entre vous ne l’ont pas encore lu, alors je préfère prévenir qu’il y a des passages qui frôlent l’insoutenable. Ce n’est jamais gratuit et c’est nécessaire à la transmission de la mémoire mais il faut s’y préparer un peu.

Une lecture qui m’a complètement habitée, chaque matin je n’attendais qu’une chose : finir ma journée de travail pour me replonger immédiatement dans ce roman (et les journées ont été interminables), pour retrouver Cora. Un roman aussi magistral que glaçant qui sera sans aucun doute encore lu durant de nombreuses années par de nombreux•ses lecteurs•trices.

Je vais tenter de découvrir, dans l’année j’espère, d’autres romans antérieurs de Colson Whitehead pour ménager mon impatience concernant un prochain roman traduit.

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22 réflexions sur “❤ « Underground railroad » de Colson Whitehead (Albin Michel, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019)

    • Complètement marquant ! ♥ Je devais le lire plusieurs mois avant « Nickel Boys » (pour arrêter de faire les choses dans le désordre pour une fois… loupé ! ^^) mais l’essentiel est de l’avoi lu et punaise, j’en suis encore sous le choc !

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  1. Ce roman me fait de l’oeil depuis un long moment, il faut que je me lance. Je viens de finir « Racines » de Alex Haley qui est un des romans de référence sur l’esclavage. Je te le recommande si tu ne l’as pas déjà lu. Il s’agit d’une « faction » (mi-faits, mi-fiction), l’auteur y relatant l’histoire de sa famille. C’est vraiment puissant…

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    • Je connais de réputation « Racines », je pense le lire quand j’aurai l’occasion de le croiser. Merci pour cette recommandation ! 🙂 En tout cas je ne peux que t’encourager à te lancer dans « Underground railroad » il est vraiment passionnant et très bien construit. ♥

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      • Ah oui je te le conseille, il est très intéressant et les répercussions qu’il a pu avoir sur la société américaine sont vraiment impressionnantes. Je sortirai prochainement mon avis sur mon blog 🙂
        Je vais l’acheter. Je suis également tentée par Nickel Boys !

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