Il y a des maisons d’édition dont je suis les parutions les yeux fermés. Les éditions do sont de celles-là et m’ont une nouvelle fois surprise avec un roman dérangeant, tout en tension et en zones d’ombres.
Quatrième de couverture : « Dans des villages espagnols des années 30, trop isolés pour qu’un instituteur y fût nommé, les maîtres d’école étaient recrutés par des villageois au moment des foires. Ils avaient un salaire mais prenaient leurs repas chez les habitants qui les recevaient à tour de rôle. On les appelait catapote, pique-au-pot. La Nuit féroce se déroule à cette époque, dans un de ces villages au nom étrange. Le maître d’école est invité à partager une table dans une des maisons du lieu. Mais le terrible meurtre d’une jeune fille fige cette scène et libère la brutalité qui sous-tend ce bourg perdu lorsqu’un groupe d’hommes part à la chasse au meurtrier. Deux innocents fuient, bientôt persécutés par la colère aveugle. Un mal profond, enraciné dans le passé, irréfutable et impassible, gouverne le temps et l’espace dans ce conte noir et métaphysique aux résonances de tragédie grecque. »
Si la guerre est en arrière-plan, le conflit se joue dans le village de Promenadia, entre ses tristes maisons, dans les pensées de ses habitants, dans sa forêt. Cette histoire est bien une tragédie dont les chapitres sont construits comme des actes clés d’une nuit, née et achevée par la violence d’hommes. Le viol et le meurtre d’une enfant, une meute d’hommes menée par un prêtre et ses chiens, une famille pauvre, deux vagabonds à la recherche d’un travail (au mauvais endroit, au mauvais moment), un prêteur sur gage ayant une bonne situation et, enfin, le personnage qui va nous permettre de suivre une grande partie de ces scènes tel un fil rouge, le maître d’école, Homero.
Dès les premières pages la tension s’invite dans la lecture, franchement, frontalement. Le style de Ricardo Menéndez Salmón est vif, presque étourdissant, clairement percutant. J’ai été impressionnée par son utilisation des métaphores, tantôt douces, tantôt crues ou rugueuses, mais toujours efficaces dans l’ambiance du récit. L’ambivalence du personnage d’Homero participe immédiatement au sentiment de malaise du lecteur : entre sa clairvoyance et sa violence, entre les humiliations qu’il encaisse et le mépris qu’il renvoie.
Ce court roman nous parle de la rudesse des vies, de la pauvreté, des préjugés vis-à-vis des étrangers immédiatement suspects. Il est aussi question d’intimidation, de jalousie, d’aveuglement, d’hommes qui n’arrivent pas à s’aimer mais savent se haïr ou se craindre, et de la bête capable de faire ce qu’elle a fait à une enfant. Un microcosme qui manque d’air, une nuit qui manque de lumière malgré la blancheur de la neige. Un conte sur la violence et la folie au masque humain face à l’innocence. Un conte sombre qui appelle désespérément la clarté d’un nouveau matin et qui, bien qu’extrêmes, met en scène des comportements, eux, particulièrement réalistes.
Ce roman saura s’adresser autant aux lecteurs•rices de littérature générale que de romans noirs, il m’a clairement fait sortir de ma zone de confort et m’a happée par son ton et son rythme, par sa galerie de personnages et son intrigue.
Je tiens à remercier chaleureusement les Éditions do de m’avoir permis de lire ce roman en avant-première.
Feuilleter les premières pages
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique trouvée pour le moment.
Et vous, quelles maisons d’édition suivez-vous tout particulièrement ?
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Particulièrement tentant ! En tous cas, ta chronique est une invitation !
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Oh ça me fait très plaisir, merci ! Si tu le croises, j’espère que toi aussi tu ne pourras pas le lâcher avant d’atteindre la dernière page. 🙂
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De la tragédie et du noir …. un conte sombre … Voilà qui devrait être pour moi. Mais il ne semble pas être en librairie pour le moment ?
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Il est en librairie depuis le 18 juin. 😉 Je te souhaite une belle lecture si tu le croises ! 🌸
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Superbe article! Je viens de découvrir les editions Do par le roman « Une fois (et peut-être une autre) de l’auteur grec Kostis Maloùtas. C’est 1 roman assez curieux mais que j’ai beaucoup aimé. Il m’a donné envie en tout cas de m’intéresser plus amplement à leurs publications.
Quant aux maisons d’éditions que j’apprécie, il y a les éditions Phébus, Actes Sud et les éditions Noir sur Blanc, qui publie beaucoup de littérature slave!
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Je pense que tu vas faire de nombreuses très belles découvertes dans le catalogue des éditions Do ! 🙂 Je te rejoins sur Phébus et Actes Sud. ♥ J’ai une énorme wishlist chez Noir sur Blanc mais je n’en ai pas encore assez lu. (Hum… Je sens qu’une petite commande d’occasion va se profiler… ^^).
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Ma liste est bien longue également, je me retiens de commander pour l’instant !
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Pareil, j’ai un peu déconné ces dernières semaines et je suis un peu sur la paille… Heureusement, j’adore les coquillettes ! 😀
Je m’impose donc septembre pour passer commande (je dis ça et je n’ai pas encore tout récupéré à ma librairie, mais promis, après je fais une pause. XD). Et prendre le temps avant de commander c’est aussi bien faire le tri dans les envies, ça limite l’impulsion pure, donc prenons notre temps. 🙂
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Des livres et des coquillettes, c’est 1 bon programme je trouve 😅😂
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Moi aussi. Ahah ! ^^
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C’est amusant, j’ai presque tous les livres des éditions do mais « Une fois (et peut-être une autre) » et « (X) fois » (qui a priori se répondent) me font un peu peur. (Je sens que je ne vais rien comprendre. ^^’) Alors je vais aller lire ta chronique pour me repositionner peut-être. 🙂
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