J’avais sauté sur ce roman à sa sortie pour son approche du racisme aux États-Unis et, finalement, je l’ai oublié dans ma bibliothèque. C’est en lisant le bilan livresque de quarantaine de Lunedepassage du blog Parlez-moi de livres que j’ai eu à nouveau envie de le découvrir.
Quatrième de couverture : « À l’orée des années soixante-dix dans le Sud de l’État du Mississippi, un homme d’une trentaine d’années débarque à Huntsville au volant d’une Mustang dont le bruit déglingué aiguise la curiosité des badauds. Repérant un garage, Ray Harper y conduit son automobile dans l’espoir d’une réparation rapide et peu coûteuse, mais son allure de beau gosse et sa politesse naturelle ne trouvent d’autre accueil en ces lieux que celui réservé aux étrangers. D’un calme remarquable, il ne répond pas au mépris, comprend qu’il n’a d’autre choix que de rester sur place un moment, chercher un boulot et repartir après avoir acheté une nouvelle auto. Se liant d’amitié avec la serveuse du bar principal, Ray va trouver une chambre et du travail, d’abord en ville puis plus longuement chez les frères Ackerman, propriétaires avec leur mère du domaine de Whitesand. Ainsi s’offre à Ray la possibilité d’approcher cette famille dont le passé résonne dramatiquement avec le sien…
Lionel Salaün choisit le Mississippi, ses saisons aux fulgurances terrifiantes, ses bourgs paumés étouffés d’ennui et de renoncement, pour faire le portrait d’une humanité divisée. Il éclaire avec empathie des personnages au visage grimaçant de haine, de souffrance ou baigné de bonté, donne à voir l’opacité de leurs mémoires pour peu à peu dévoiler l’énigme et la source de leur histoire commune. L’Amérique stigmatisée par un lourd passé d’injustice sociale et raciale est ici comme en écho ou en miroir aux dangers qui infestent aujourd’hui l’Europe. »
L’histoire est tressée entre le passé et le présent, sur les pas d’un mort victime de la ségrégation et des vivants, des complices, des coupables, des témoins, des innocents. J’ai apprécié l’intrigue et l’ambiance. Les personnages sont nombreux mais parfaitement positionnés, difficile de s’y perdre car les profils sont fouillés et explorent une complexité sociale et historique d’un village du Sud des États-Unis marqué par un passé ségrégationniste et construit sur un racisme encore bien palpable dans ces années 1970.
M’y aventurant pour approcher cette question du racisme enraciné dans un lieu, j’ai été agréablement surprise par les histoires qui sont mises en orbite autour de l’intrigue principale : le fonctionnement du village et les rapports de force, l’organisation de la ville entre populations blanches et noires, un secret de famille disséminé dans ces différents quartiers, mais aussi des personnages en proie à leur propre histoire et à leur prison intime.
Cette complexité de l’histoire m’a vraiment accrochée mais la complexité de l’écriture m’a parfois un peu perdue. Certaines phrases à tiroirs n’ont pas été évidentes à comprendre du premier coup et cela a pu casser un peu le rythme de ma lecture. J’ai deviné la fin, pensée en image symbolique, cela ne m’a cependant pas empêchée de l’apprécier car Lionel Salaün a parfaitement maîtrisé la tension qui monte tout au long du roman pour exploser dans la tempête.
Si vous souhaitez une lecture qui mêle enquête historique, recherche des origines et tension sociale, vous pourrez passer un très bon moment de lecture avec ce roman. S’il n’a pas été un coup de cœur, il a le mérite de me donner très envie de découvrir d’autres romans de l’auteur.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Claja lit • Serial lecteur nyctalope • Parlez-moi de livres
Et vous, accompagnerez-vous Ray Harper dans ce village faussement amnésique ?
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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J’avais lu « La terre des Wilson » du même auteur. Un livre qui se déroule aussi aux Etats-Unis durant la grande dépression des années 30. J’avais trouvé que les personnages n’étaient pas assez creusés. Je passe mon tour sur Whitesand alors.
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Je peux comprendre. Je pense tenter d’autres romans même si ce ne sera pas forcément dans mes « priorités prioritaires ». Je n’irai pas forcément vers « La terre des Wilson » du coup.
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[…] « Whitesand » de Lionel Salaün (Actes Sud, 2019) […]
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