Voilà un roman bien particulier. J’ai été très surprise à sa découverte et j’ai retrouvé ce même sentiment, entre yeux ronds et petit sourire, à sa relecture. Car en bonne tragicomédie, il fait appel à des sentiments partagés.
Quatrième de couverture : « Au nom du père met en scène un vieil homme aigri, égocentrique, qui réfléchit sur sa vie, triste et solitaire. Il cherche quelqu’un d’autre à blâmer pour sa relation ratée avec ses parents, ses deux fils adultes, la rupture de son mariage et la chute de sa femme dans la folie. Son récit est motivé par la vente de la maison où il a vécu avec sa famille, maison construite par un frère mystérieux. Et même si ce narrateur insupportable essaie d’aliéner le lecteur par son nihilisme et son auto-analyse névrotique, il ne parvient pas à le repousser parce que l’écriture est intense et perturbante. Dans cette quête existentielle, elle parvient à donner un sens à cette vie qui en manque absurdement et à transformer le texte en tragicomédie. Je m’inquiète pour les gens qui aiment mon écriture. Parce qu’il y a généralement quelque chose qui ne va pas chez eux. Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas chez un grand nombre d’entre nous. Ces réflexions sont aussi de Balla. »
Le narrateur nous emmène dans ses souvenirs après avoir appris que l’un de ses fils souhaitait vendre la maison familiale. Cette maison est sortie de terre grâce à son frère et lui, dans une démarche créative singulière et presque mystique, puis elle a accueilli une vie de famille très particulière. Car entre le mari et la femme, rien ne va. Car entre le père et les fils, rien ne va. Car, en fait, le narrateur est un personnage qui fuit ses responsabilités dans les échecs de sa vie. Mais la vieillesse arrivée, cet événement va le pousser à régler ses comptes en compagnie du lecteur.
C’est donc une promenade sur les chemins de l’égoïsme et de la mauvaise foi que nous propose Balla. Un voyage parfois drôle par l’absurde, souvent tragique. Parmi les saillies qui rendent le personnage tout simplement méprisable, l’auteur lui fait pourtant dire quelques mots qui tombent juste. C’est déstabilisant et montre bien le combat qui se joue en lui : il n’est pas sympathique, il a eu des comportements bas et il tente de le justifier de façon caricaturale. Quoi qu’il ait fait ou dit, il avait de bonnes raisons même s’il sait (selon moi) qu’il a tort. Mais justifier c’est dire, à l’heure du bilan, que la vie a eu un sens et qu’on ne l’a pas ratée.
Si globalement j’ai été séduite par ce roman, j’ai eu plus de mal à suivre les passages mystiques ou proches de la folie (mais qui croire et que croire ?). Je me dis que je suis quand même passée à côté d’une partie du sens, mais j’en ai tiré malgré tout une découverte littéraire notable.
De page en page, nous découvrons un personnage très singulier en même temps qu’un auteur qui utilise avec talent plusieurs tons, qui entraîne le lecteur dans différentes émotions avec intensité : d’une ligne à l’autre le bouleversement peut survenir. Puissant, perturbant, unique. A quand d’autres traductions ?
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Cornelia
Et vous, quel roman avec un personnage principal antipathique conseilleriez-vous ?
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Pour répondre à ta question bonus, j’ai pas grand chose en tête.
Perceval, de Chrétiens de Troyes, est énervant tellement il est a côté de ses pompes.
Le personnage de La baleine des sables, est pas mal aussi, mais il se rachète.
Je crois que je ne supporte pas les personnages emmerdants, déprimants et énervants. C’est qu’il y en a déjà plein les rues 😄 …
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J’avoue qu’au quotidien il y a de quoi avoir sa dose… ^^ Je ne connais pas les romans dont tu parles, je vais aller regarder ça. 🙂
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Je ne connaissais pas du tout cet ouvrage, et ta chronique attise ma curiosité…
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Ce roman a en effet tout pour rendre curieux. Même après la lecture, c’est dire ! ^^
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[…] 👁 « Au nom du père » de Balla (Editions do, 2019) […]
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