En ce début d’année j’ai souhaité encore élargir mes voyages dans les genres littéraires. Et quitte à me mettre à la science-fiction, autant le faire en restant dans des thématiques auxquelles je suis sensible. C’est pourquoi je me suis tournée vers ce roman graphique que j’avais repéré dès sa parution mais qui m’avait justement un peu fait peur du fait de son traitement par le biais non purement historique. Alors, avais-je raison d’avoir peur de la science-fiction pour traiter l’histoire de l’esclavage ? Non, j’ai eu complètement tort.
Quatrième de couverture : « Dana, jeune femme noire vivant dans les années 1970, est soudainement et inexplicablement transportée de sa maison en Californie vers le Sud d’avant la guerre civile (1861-1865). Alors qu’elle voyage dans le temps en plusieurs allers et retours entre sa réalité contemporaine où elle est une femme libre et l’époque de la guerre de Sécession, elle se retrouve à devoir survivre dans une plantation sudiste, confrontée à Rufus, son ancêtre blanc et esclavagiste. Adapté du célèbre roman d’Octavia E. Butler, Liens de sang (Kindred) a reçu l’Eisner Awards 2018 de la meilleure adaptation d’une oeuvre littéraire. Dans son roman, Octavia E. Butler explore en profondeur la violence et la perte d’humanité causées par l’esclavage aux Etats-Unis, et souligne son impact complexe et durable sur le monde actuel. »
Si vous êtes aussi un peu frileux, la première information qui m’a rassurée a été de découvrir qu’il s’agissait de l’adaptation graphique d’un roman écrit par une grande voix de la science-fiction américaine, Octavia Estelle Butler (1947-2006). Ce roman, publié sous le titre Kindred, la rendra célèbre lors de sa sortie en 1979. C’est bon, je suis rassurée, j’y vais.
Si j’ai mis du temps à apprécier le travail graphique, j’ai beaucoup apprécié la construction du récit. Science-fiction oui, mais abordable et très compréhensible pour le novices. Les voyages dans le temps sont efficaces et glaçants, le personnage de Dana est très touchant : sa personnalité est bien fouillée et les dilemmes qu’elle traverse la rendent encore plus crédible et attachante. J’aime les personnages qui doutent, ça leur donne un aspect réel.
Qui est Rufus, cet ancêtre que Dana est appelée à sauver à plusieurs reprises ? Quel est le moyen de rentrer retrouver sa propre vie ? Comment survivre seule et avec les secrets de sa vraie vie ? Comment faire cesser les violences vues, vécues, ainsi que les voyages dans le passé ? Dana aura-t-elle des séquelles de ces voyages dans le passé ? C’est un tourbillon de questionnements et de nécessité de fuite que nous proposent Octavia Estelle Butler et ses adaptateurs dans ce récit au souffle toujours court, Dana retenant sa respiration ou devant courir en voulant échapper aux prédateurs.
Entre histoire de voyages dans le temps et illustration de la propriété morale et physique des maîtres sur les esclaves, ce livre témoigne d’une mémoire à maintenir. Je souhaite à cette oeuvre de nombreux lecteurs et j’espère qu’elle sera l’occasion de rendre plus visible Octavia Estelle Butler auprès des lecteurs francophones.
Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Pas de chronique récente trouvée pour le moment.
Et vous, vous joindrez-vous à Dana pour ne pas la laisser seule ?
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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J’adore Octavia Butler, elle écrit vraiment de bons livres de science-fiction même si les thèmes sont assez durs. Je regrette que tous ses livres ne soient pas traduits.
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C’est vrai que peu de ses livres sont traduits et j’ai l’impression de ne jamais en avoir entendu parler. C’est assez fou alors qu’on a une représentation énorme des auteur•e•s anglo-saxons. Et c’est pas faute de m’intéresser à la littérature qui parle de discriminations et de racisme. Je suis donc très contente de l’avoir découverte grâce à cette adaptation ! 🙂
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[…] le début de la lecture un nom me vient en tête : Octavia E. Butler et son roman Liens de sang (dont j’ai lu l’adaptation graphique réalisée par Damian Duffy et John Jennings). […]
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