C’est en parcourant, les yeux plein d’Ă©toiles, les rayonnages de la magnifique librairie ExpĂ©rience Ă Lyon que je suis tombĂ©e sur cette petite merveille dont je n’avais jamais entendu parler. Pourtant le sujet est d’actualitĂ© et le livre de qualitĂ©. Une publication intĂ©ressante et marquante qui invite Ă regarder de plus prĂšs les Ă©ditions l’Oeuf, basĂ©es Ă Rennes, et qui s’Ă©taient dĂ©jĂ distinguĂ©es avec Hallali de Claire Malary, Grand Prix ArtĂ©misia 2019.
QuatriĂšme de couverture : « AndreÌa est une indigeÌne de la foreÌt amazonienne colombienne. Sa tribu, chasseÌe de sa terre sacreÌe confisqueÌe pour y installer une mine, se meurt, parqueÌe dans des bidonvilles de la ville de Cali. A la mort de sa petite fille, elle entreprend le long chemin qui revient aÌ sa terre, guideÌe par lâesprit du jaguar, pour aller y enterrer sa fille, malgreÌ les soldats et les miradors qui en empeÌchent lâentreÌe.
Lâhistoire se deÌroule le 28 juin 2014, le jour du match de la coupe du monde Colombie-Uruguay qui paralyse le pays⊠»
AndrĂ©a et tous les membres de sa tribu ont Ă©tĂ© chassĂ©s de leurs terres, celles de leurs ancĂȘtres, celles des esprits de la forĂȘt, celles dans lesquelles poussaient leurs racines depuis des gĂ©nĂ©rations et des gĂ©nĂ©rations, celles dans lesquelles ils puisaient leur force de vie. Pourquoi cette exclusion ? Car les terres miniĂšres comptent plus que les hommes, les femmes et les enfants. Pour preuve : ils ont survĂ©cu grĂące Ă la vigilance du mari d’AndrĂ©a. Sans lui, ils auraient Ă©tĂ© abattus dans la nuit, dans leur sommeil, comme d’autres tribus avant eux.
AprĂšs la fuite, l’exil. Des jours de voyage pour arriver Ă Cali, Ă 38 dans une maison insalubre et Ă©touffante de 57mÂČ. Qui peut se l’imaginer ? Qui peut supporter ? CloĂźtrĂ©s car ils ne montrent pas une belle image du pays alors que la coupe du monde de football bat son plein et que l’Ă©quipe colombienne monte les Ă©chelons, la chaleur et le manque d’air va avoir raison de la petite Amalia. AndrĂ©a va alors suivre l’esprit du jaguar qui l’emmĂšne sur les terres volĂ©es, les terres ravagĂ©es de ses ancĂȘtres pour y enterrer la petite parmi les siens et en accord avec les traditions de la tribu. Mais ce voyage extrĂȘmement risquĂ© sera aussi l’occasion de se battre pour cette femme courageuse qui n’a pas dit son dernier mot et qui est prĂȘte Ă risquer sa vie pour que justice soit rendue Ă sa tribu.
ArrivĂ©e Ă son ancien village, l’Ă©touffement nous prend Ă notre tour, face Ă ces gardiens sans cĆur et sans honneur, pions qui obĂ©issent aveuglĂ©ment ou manipulateurs intĂ©ressĂ©s. Car les femmes sont des cibles. Le passĂ© resurgit dans le prĂ©sent et d’anciens chemins se croisent Ă nouveau, avec complexitĂ© mais aussi, peut-ĂȘtre, avec le rĂ©veil d’une morale jusqu’alors anesthĂ©siĂ©e. C’est un rĂ©cit extrĂȘmement tendu et percutant que nous propose Canizales, un rĂ©cit qui ne laisse pas indiffĂ©rent et qui est portĂ© par des illustrations faussement douces. Un roman graphique qui mĂ©rite que l’on parle davantage de lui.
Ils/Elles lâont aussi lu et chroniquĂ© : Pas de chronique trouvĂ©e pour le moment.
Et vous, connaissez-vous cette maison d’Ă©dition ?
Merci pour cet article qui m’a donnĂ© trĂšs envie de dĂ©couvrir cet ouvrage ! J’ai jetĂ© un Ćil sur les pages intĂ©rieures proposĂ©es sur le site de l’Ă©diteur et je m’interroge : la couleur est-elle utilisĂ©e dans la construction du rĂ©cit ou se limite-elle Ă des touches dissĂ©minĂ©es dans des pages majoritairement en noir et blanc ? Merci d’avance pour ton retour avisĂ© d’exploratrice du paysage littĂ©raire !
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Alors la couleur est utilisĂ©e de deux façons : en rouge un peu passĂ© pour les souvenirs et en rouge vif pour les dĂ©tails dans lesquels s’incarne l’esprit du jaguar qui guide les pas d’Andrea. Le jaguar qui la relie Ă ses terres et Ă ses croyances et celles de ses ancĂȘtres. Mais c’est majoritairement dessinĂ© en noir et blanc. En tout cas, je peux le mettre dans mon sac Ă dos mardi matin. đ
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Et voilĂ que je lis ta rĂ©ponse la veille des vacances ! AhlĂ lĂ , ça m’apprendra… En tout cas merci pour ton retour, ça me donne une meilleure idĂ©e du traitement graphique du rĂ©cit !
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Si mon cerveau ne me fait pas défaut, tu le trouveras sur ton bureau à ton retour de vacances. ^^
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[…] leurs cultures et croyances). Sur ce sujet, vous pouvez retrouver ma chronique du roman graphique Amazona de Canizales. Ăgalement, les descendants des premiĂšres nations d’AmĂ©rique du Nord sont […]
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