« S’enfuir : récit d’un otage » de Guy Delisle (Dargaud, 2016)

Cela faisait un long moment que j’avais envie d’enfin découvrir le travail de Guy Delisle et, après avoir hésité une éternité pour savoir lequel je dévorerais en premier, j’ai jeté mon dévolu sur celui-ci. Et je crois que j’ai bien fait car j’ai plus que jamais envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.


Quatrième de couverture : « En 1997, alors qu’il est responsable d’une ONG médicale dans le Caucase, Christophe André a vu sa vie basculer du jour au lendemain après avoir été enlevé en pleine nuit et emmené, cagoule sur la tête, vers une destination inconnue. Guy Delisle l’a rencontré des années plus tard et a recueilli le récit de sa captivité – un enfer qui a duré 111 jours. Que peut-il se passer dans la tête d’un otage lorsque tout espoir de libération semble évanoui ? »


Les enlèvements de personnes en lien avec des ONG sur les terres en tension ou en guerre ne sont pas nouveaux et sont toujours d’actualité. Ce livre se concentre sur l’enlèvement de Christophe André, sur le déroulement de son enfermement comme sur l’impact que celui-ci a eu sur lui. L’espoir, toujours lui, n’est pas pour rien dans le fait que Christophe André ait réussi à tenir 111 jours coupé de tout. Mais il peut être à double tranchant, l’espoir déçu fait prendre le risque de devenir fou, de ne plus se battre.

L’attente. Interminable. Penser à autre chose, se concentrer sur des souvenirs, se recentrer sur des données fiables pour tenir et ne plus voir le temps défiler. Le temps, cette seule donnée à la fois connue et en même temps incertaine. Depuis combien de temps ? Ne pas perdre le fil des jours qui passent, rester conscient de la durée pour ne pas perdre notion de tout. Alors Christophe André va tout faire pour se souvenir de la date des jours, seule donnée qu’il peut encore maîtriser, pour réussir à se situer quelque part alors qu’il ne connaît ni la raison de son enlèvement, ni l’endroit où il se trouve, ni ce que ses ravisseurs ont prévu de faire de lui. La peur de la mort, de l’exécution. L’attente du sauvetage, de l’intervention de la France, durant plus d’une centaine de jours. Rien ne se passe. Les négociations, sans fin. La recherche du compromis. L’attente encore. Et l’occasion.

Guy Delisle retranscrit avec talent les doutes et les interrogations de Christophe André, en même temps que sa force et son courage. Et alors qu’une porte s’ouvre et que l’air touche à nouveau le corps et le visage, la nouvelle question qui se pose est : méfiance ou confiance ? Entre le récit d’une expérience qui dépasse le temps et les frontières et l’histoire d’un conflit que je connais peu (qu’il me faudrait connaître plus) : j’ai été conquise. On sent le long travail que ce livre a demandé, qui se dévoile avec franchise et respect.

Le succès et la réputation de ce roman graphique sont grandement mérités, ce fut une forte découverte et j’ai désormais hâte de découvrir plus encore cet auteur qui, pour ne pas me déplaire, s’est beaucoup intéressé à des questions historiques et géopolitiques, notamment en Asie. *Joie*

Pour en savoir plus

 


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Quel est l’immanquable de cet auteur, selon vous ?

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