👁 « Le nouveau » de Tracy Chevalier (Phébus, 2019)

Ce roman est ma première lecture de Tracy Chevalier que j’avais surtout en mémoire pour La jeune fille à la perle dont j’ai été dingue de l’adaptation cinématographique. *Note à moi-même : penser à le lire à l’occasion.* Je la découvre donc à l’occasion de ce mois thématique et je dois dire que j’ai été complètement sous le charme de son écriture en même temps que dérangée par l’histoire de ce roman.


Quatrième de couverture : « Washington D.C., dans les années 1970. En six ans, c’est la quatrième fois qu’Osei, fils d’un diplomate ghanéen, découvre une nouvelle école. Tout heureux de rencontrer Dee, la fille la plus populaire de sa classe, il ne s’inquiète pas des manigances et de la jalousie de ceux qui voient d’un mauvais œil l’amitié entre un garçon noir et une jolie blonde.

Sémillante réécriture d’Othello dans une cour d’école de banlieue aux États-Unis, ce neuvième roman de l’auteure de La jeune fille à la perle dit à hauteur d’enfant la tragédie universelle du racisme et du harcèlement. Vertigineux et actuel. »


Bon, déjà, je n’ai pas lu Othello. *Okay Google… Hum… Ah oui, quand même… D’accord !* Je me spoile pas mal de choses sur cette prochaine lecture classique (oui, il faudrait que je m’y mette) mais cela donne un relief supplémentaire après la lecture. Tracy Chevalier actualise et adapte les noms des protagonistes afin qu’ils collent au contexte de son adaptation : Othello devient Osei, Desdémone devient Dee, Iago devient Ian, Emilia devient Mimi, etc. Les profils des personnages ne sont pas tout à fait les mêmes mais il s’en approchent avec ce que permet le contexte de l’école primaire.

Si vous avez été tenu en haleine par la pièce originale, aucun doute que ce livre vous plaira également. La jalousie et le complotisme mènent la barque, encouragés par un racisme ancré et terriblement fertile. Ce mélange, quand il est secoué et servi par le personnage de Ian, ne peut rien donner de bon.

Dès les premières pages la machine se met en branle. Les enseignants, eux, n’ont pas besoin du personnage de Ian pour exprimer leurs propres préjugés, même si par la suite certaines lignes vont bouger. Dee, jeune fille d’une fraîcheur qui n’a d’égal que sa gentillesse, va immédiatement être électrisée par Osei. L’amour. Jeune fille blanche, jeune garçon noir. Quand eux ne voient que le bonheur des moments passés ensemble, la cour de récréation voit rouge, l’outrage fait à la bonne société blanche américaine. Dès lors, les séparer deviendra une priorité pour Ian, qui sera aidé par d’autres enfants plus ou moins convaincus, quoi qu’il en soit certainement lâches et/ou intimidés.

Si le racisme est ici la cause, il est possible de lui transposer d’autres stéréotypes et d’autres préjugés, le résultat mène indéniablement au harcèlement, qui mène lui même à un point de non retour dans certaines situations.

Du début à la fin, j’ai juste eu envie de me téléporter pour réparer les choses avant qu’il ne soit trop tard. Puissant, efficace et terrible. Les enfants peuvent être cruels mais les adultes ont une grande part de responsabilité : les stéréotypes se construisent aussi par les discours entendus de leur bouche et ils abusent parfois d’une confiance qui leur est faite et qu’ils ne méritent pas. Fulgurant.

Seule réserve en ce qui me concerne : la sexualisation forte des rapports entre les enfants. Cela m’a mise mal à l’aise même s’il s’agit aussi d’une réalité : les corps sont sexualisés de plus en plus tôt et l’humiliation des jeunes filles passe aussi par ce canal. Un autre sujet intéressant, bien que parfois malaisant vis-à-vis d’enfants.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Mes lectures


 

Et vous, avez-vous lu Othello et êtes-vous intéressés/ées par cette réécriture ?

15 réflexions sur “👁 « Le nouveau » de Tracy Chevalier (Phébus, 2019)

Laisser un commentaire