#jaimemonlibraire | 9 février 2019

Je vous retrouve comme chaque semaine pour faire un focus sur quelques nouveautés qui ont rejoint ma bibliothèque. Mon objectif : rester fidèle à mes sujets de prédilection mais me pousser aussi un peu hors de ma zone de confort.

 

  • Point cardinal de Léonor de Récondo, paru aux éditions Sabine Wespieser le 24 août 2017 :

713BhEelcuL« Sur le parking d’un supermarché, dans une petite ville de province, une femme se démaquille méticuleusement, tristement. Enlever sa perruque, sa robe de soie, rouler ses bas sur ses chevilles : ses gestes ressemblent à un arrachement. Bientôt, celle qui, à peine une heure auparavant, volait quelques instants de joie et dansait à corps perdu sera devenue méconnaissable.

Laurent, en tenue de sport, a remis de l’ordre dans sa voiture et dissimulé dans le coffre la mallette contenant ses habits de fête. Il s’apprête à retrouver femme et enfants pour le dîner. Petit garçon, Laurent passait des heures enfermé dans la penderie de sa mère, détestait l’atmosphère virile et la puanteur des vestiaires après les matchs de foot. Puis il a grandi, a rencontré Solange au lycée, il y a vingt ans déjà. Leur complicité a été immédiate, ils se sont mariés, Thomas et Claire sont nés, ils se sont endettés pour acheter leur maison. Solange prenait les initiatives, Laurent les accueillait avec sérénité. Jusqu’à ce que surviennent d’insupportables douleurs, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus réfréner ses envies incontrôlables de toucher de la soie, et que la femme en lui se manifeste impérieusement. De tout cela, il n’a rien dit à Solange. Sa vie va basculer quand, à la faveur de trois jours solitaires, il se travestit pour la première fois chez eux. À son retour, Solange trouve un cheveu blond…

Léonor de Récondo va alors suivre ses personnages sur le chemin d’une transformation radicale. Car la découverte de Solange conforte Laurent dans sa certitude : il lui faut laisser exister la femme qu’il a toujours été. Et convaincre son entourage de l’accepter. »

 

  • Un bon rabbin de Manuel Benguigui, paru aux éditions du Mercure de France le 7 février 2019 :

81XuHJw0C+L« Chlomo avait entendu toutes sortes d’histoires, mais bien sûr celle-ci était à part. Il se comporta toutefois comme avec tous les gens qu’il rencontrait, il écouta sans juger. Le rabbin pensa instantanément à ce qu’il pourrait faire, mais il n’osa pas. Il n’avait pas le droit, et il en serait de toute façon bien incapable. Chlomo savait qu’il finirait tout de même par proposer son idée. Il demanda la permission à Dieu, solennellement, arguant de la sincérité de sa démarche. Dieu ne manifesta aucune objection. Il laissa Chlomo décider.

Chlomo est un rabbin qui veille avec beaucoup d’affection et de miséricorde sur sa petite communauté de fidèles. Lorsqu’il rencontre l’énigmatique Jacob, sa vie prend un tour inédit. Car Jacob est un tueur à gages névrosé, proche de la dépression. Pour lui laisser le temps de se refaire une santé et de trouver son chemin, Chlomo décide de prendre sa place. Mais les nouvelles activités du rabbin ont des conséquences : il néglige ses fidèles, rate le shabbat. Dans son entourage, on commence à se poser des questions… Ce roman irrévérencieux et teinté d’humour interroge avec finesse les notions de Bien et de Mal, ainsi que l’inversion potentielle des valeurs. »

 

  • Le chant des revenants de Jesmyn Ward, paru aux éditions Belfond le 7 février 2019 :

610mZTihesL« Seule femme à avoir reçu deux fois le National Book Award, Jesmyn Ward nous livre un roman puissant, hanté, d’une déchirante beauté, un road trip à travers un Sud dévasté, un chant à trois voix pour raconter l’Amérique noire, en butte au racisme le plus primaire, aux injustices, à la misère, mais aussi l’amour inconditionnel, la tendresse et la force puisée dans les racines.

Jojo n’a que treize ans mais c’est déjà l’homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s’occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.

De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n’ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Michael, Jojo le connaît peu, d’autant qu’il purge une peine au pénitencier d’État.

Et puis il y a Leonie, sa mère. Qui n’avait que dix-sept ans quand elle est tombée enceinte de lui. Qui aimerait être une meilleure mère mais qui cherche l’apaisement dans le crack, peut-être pour retrouver son frère, tué alors qu’il n’était qu’adolescent.
Leonie qui vient d’apprendre que Michael va sortir de prison et qui décide d’embarquer les enfants en voiture pour un voyage plein de dangers, de fantômes mais aussi de promesses… »

 

  • Nomadland de Jessica Bruder, paru aux éditions Globe le 6 février 2019 :

A15TPAMEseL« Les mensonges et la folle cupidité des banquiers (autrement nommée crise des subprimes) les ont jetés à la rue. En 2008, ils ont perdu leur travail, leur maison, tout l’argent patiemment mis de côté pour leur retraite. Ils auraient pu rester sur place, à tourner en rond, en attendant des jours meilleurs. Ils ont préféré investir leurs derniers dollars et toute leur énergie dans l’aménagement d’un van, et les voilà partis. Ils sont devenus des migrants en étrange pays, dans leur pays lui-même, l’Amérique dont le rêve a tourné au cauchemar. Parfois, ils se reposent dans un paysage sublime ou se rassemblent pour un vide-greniers géant ou une nuit de fête dans le désert. Mais le plus souvent, ils foncent là où l’on embauche les seniors compétents et dociles : entrepôts Amazon, parcs d’attractions, campings… Parfois, ils s’y épuisent et s’y brisent. »

 

Et vous, quelles sont vos nouvelles trouvailles ?

9 réflexions sur “#jaimemonlibraire | 9 février 2019

    • Je l’ai fini, il m’a vraiment secouée alors qu’il n’est pas trash, il est direct et c’est bien suffisant pour fonctionner. Il intègre une dimension mystique en plus de la dimension sociale et historique. Un mot me vient en tête pour le décrire, malgré sa dureté : envoûtant. Par la langue et par certains personnages qui le composent. Pas loin du coup de cœur ! 😀

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  1. Point Cardinal avait été pour moi un coup de coeur à sa sortie. D’une manière générale, j’apprécie énormément la plume de Léonor de Récondo, qui parvient toujours à dire l’essentiel avec peu de mots. Je suis toujours transportée par la sensibilité et l’humanité de ses récits.

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    • C’est la première fois que je lis cette auteure et je dois dire qu’elle met le doigt sur les choses sans en faire trop, c’est très efficace tout en étant naturel. « Point cardinal » n’a pas été un coup de coeur pour ma part mais il m’a bien tenue en haleine toute la soirée, une très belle découverte ! Je vais probablement craquer d’ici peu pour « Manifesto »… ^^

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