« Les pleurs du vent » de Medoruma Shun (Zulma, 2016)

Si je lis souvent sur la guerre, la Seconde Guerre mondiale en particulier, je lis peu sur le déroulement de cette guerre en Asie. Ce livre a été l’occasion à la fois d’approcher ce conflit d’un point de vue japonais mais aussi de découvrir une plume aussi subtile que percutante.


Quatrième de couverture : « Jusqu’à présent, personne n’avait jamais eu l’idée de parler sérieusement du crâne qui pleure à quelqu’un d’extérieur au village. D’abord parce que le sentiment d’avoir une dette envers ceux qui étaient morts à la guerre interdisait aux survivants de parler à tort et à travers des disparus, mais surtout parce que quiconque entendait la triste lamentation du vent ne pouvait qu’être saisi de stupeur.

Tout commence par un jeu d’enfants au pied de l’ancien ossuaire, sur l’air de chiche qu’on grimpe sur la falaise, pour aller voir de plus près le crâne humain qu’on aperçoit d’en bas, et qui gémit sous le vent. De toute la bande, seul Akira a le courage de monter. Et de tout le village, seul Seikichi, le père d’Akira, s’oppose à ce qu’un journaliste de la métropole tourne un reportage autour de la légende du crâne qui pleure, objet sacré, emblème des heures terribles de la bataille d’Okinawa…

Les pleurs du vent conte magnifiquement la paix retrouvée des âmes. »


Si le crâne qui pleure semble un peu oublié des habitants (si ce n’est que son chant fait partie des sons du quotidien) et peu connu des japonais, il rassemble autour de lui des histoires communes qui s’ignorent.

Pour le jeune Akira, approcher le crâne est une façon d’exprimer son courage au sein d’un groupe d’amis. Pour Seikichi il s’agit d’une part de passé qui ne passe pas – pas encore du moins. Pour Fujii il s’agit d’un devoir de mémoire qui dépasse les lignes bien définies entre mémoire personnelle et mémoire commune. Mais tous sont liés au crâne qui pleure.

Revenir sur la bataille d’Okinawa et décrire son impact sur trois personnes de deux générations différentes permet de prendre la mesure de la douleur et de la volonté de l’oubli. Si Seikichi et Fujii ont la guerre bien en mémoire, pour les plus jeunes l’ossuaire est un défi à leur courage, presque un jeu grave et non un espace de recueillement lié aux morts de l’île. Mais si le souvenir est essentiel, le sacrifice du bonheur n’est pas le prix à payer.

Une écriture qui glisse parfois presque vers la lisière du fantastique mais qui nous ramène toujours vers la réalité, là où les esprits sont aussi marqués que les corps et dont les mémoires ont besoin d’être libérées ou transmises pour pouvoir se reposer un peu.

Pour en savoir plus

 


Ils/Elles l’ont aussi lu et chroniqué : Les Apostilles


 

Et vous, avez-vous envie de découvrir le chant du crâne ?

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