« Le ruban rouge » de Lucy Adlington (Pocket jeunesse, 2018)

Je suis très attentives aux parutions éditoriales sur la Seconde Guerre mondiale et en particulier sur la Shoah. Plusieurs livres jeunesse/ado sont prévus courant septembre et octobre et il m’a été impossible de résister à la parution de celui-ci. En effet, il semblait tellement attendu que j’ai voulu me faire mon propre avis à son sujet.


Quatrième de couverture : « Nous quatre : Lily, Marta, Carla et moi. Dans une autre vie, nous aurions pu être amies. Mais nous sommes à Birchwood.

Ella, quatorze ans, est couturière. Pour son premier jour de travail, elle plonge dans ce monde de rubans, d’étoffes et de soie qu’elle aime tant. Mais son atelier n’est pas ordinaire, et ses clients le sont encore moins. Ella est prisonnière du camp de Birchwood, où elle confectionne les vêtements des officiers.

Dans ce terrible quotidien où tout n’est qu’affaire de survie, la couture lui redonnera-t-elle espoir ? »


Ma première impression, liée à la couverture et non au contenu (je tiens vraiment à le préciser), m’a mise mal à l’aise. J’ai du mal avec les arguments qui comparent un texte de fiction avec un témoignage réel, dans le cas présent, celui d’Anne Frank. Il m’est définitivement difficile de mettre sur un même niveau les deux textes. Si la fiction peut parfois être aussi forte que le témoignage, elle reste de la fiction.

L’écriture de Lucy Adlington est très bien adaptée, elle prend le temps de décrire le fonctionnement du camp, les termes utilisés rendent accessible le propos et son choix de ne jamais citer Auschwitz-Birkenau par son nom universellement connu est intéressant. On comprend où l’on se trouve mais on découvre l’univers concentrationnaire et génocidaire d’une autre manière. Les lecteurs ados et jeunes adultes apprécient la dystopie et je pense que cette porte d’entrée est très intéressante de ce point de vue. Sauf que de dystopie, il s’agit en réalité d’une part de l’horreur de la Shoah.

Les personnages et les liens qui se tissent entre eux tout au long du roman font que les lecteurs s’attacheront et apprécieront, j’en suis certaine, le récit. L’idée repose sur le questionnement : « Et elle, qu’aurait-elle fait à ma place pour survivre un jour de plus ? » Un questionnement dont la réponse doit cependant permettre de conserver un minimum de son humanité dans un univers où elle est bafouée.

Si Ella et Lily sont les personnages centraux, l’ensemble des protagonistes permet de voir plusieurs aspects du camp : la sélection, l’appel, le travail forcé, le stockage des biens spoliés aux victimes, l’incertitude quant à la survie de ses proches, les chambres à gaz, les fours crématoires, la déshumanisation à différents échelons ; puis les marches de la mort. Mais aussi des aspects plus positifs comme le soutien entre les déportés et l’espoir d’en revenir.

Je lis peu de littérature jeunesse/ado et j’ai parfois eu le sentiment d’un récit manquant de dureté, minimisant des faits. Je ne suis pas partisane du trash mais il faut faire attention, à mon avis, à ne pas simplifier ou trop déformer une réalité historique. Mais j’entends que ce livre reste un livre jeunesse et qu’on ne peut définitivement pas tout dire. L’auteure elle-même l’explique dans la postface qui est également très intéressante concernant sa démarche et je peux comprendre son choix.

J’ai moyennement apprécié ma lecture (comme vous avez dû le comprendre) et je la recommanderais principalement à des amateurs de young adult qui ne sont pas particulièrement sensibilisés à cette période de l’histoire, le roman pouvant se positionner comme une première entrée sur le sujet. Mais pas plus.

Pour en savoir plus

 


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