« Charogne » de Borris et Benoit Vidal (Glénat, 2018)

On m’avait promis de la lourdeur, j’ai eu de la lourdeur. Ce one-shot était pour ma part très attendu, alors aussitôt acheté, aussitôt lu !


Quatrième de couverture : « Sa mort va leur faire vivre un enfer.

Dans ce petit village des Pyrénées, le curé ne viendra plus célébrer l’office, tant que l’église ne sera pas réparée. Monter jusqu’à mi-pente pour les grands événements, il veut bien, mais pas plus loin ! Malheureusement, Joseph, le maire, homme bienfaiteur et aimé de tous, meurt brutalement. Il va falloir descendre le cercueil à dos d’hommes pour une dernière bénédiction en suivant un chemin de montagne escarpé. Et ça ne sera pas une partie de plaisir car, en plus du poids du mort, le cortège funèbre trimballe son lot de rancœurs familiales et de lourds secrets. Pour finir, les éléments s’en mêlent et la tension déjà palpable devient électrique lorsque l’orage survient. Le dernier voyage de Joseph pourrait bien être aussi le leur…

Ce thriller rural, haletant comme Le salaire de la peur et âpre comme un roman de Giono, nous emmène dans un périple où la mort et le poids de la culpabilité n’épargnent personne. Borris, talent plus que prometteur, impressionne par sa maîtrise narrative et son dessin d’une grande maturité, incarnant à merveille ces gueules et ces dialogues ciselés coécrits avec Benoit Vidal. »


Décidément, j’aime beaucoup les éditions Glénat ! Je ne me suis mise à la bande-dessinée que très récemment et ce mastodonte du monde de l’édition (c’est l’image que j’en ai) fait paraître des ouvrages variés qui me plaisent souvent ! J’ai prévu d’explorer davantage les parutions d’éditeurs indépendants dans les mois à venir, mais il me faut avancer pas à pas.

Avec Charogne, nous entrons dans un univers sombre, lugubre, un peu humide et délavé, qui va mettre en place une tension idéale pour faire exploser des secrest enfouis. Le maire du village, tellement bon et serviable va être à la source mais aussi au climax de cette explosion, révélant un visage complexe qui tendra vers une ambiance digne d’un thriller.

La forêt et la tâche des quatre jeunes gens qui doivent descendre le lourd cadavre du maire pour qu’il reçoive sa dernière bénédiction est une situation qui permettra de comprendre les tensions et les désaccords entre les familles, de voir se lier des liens surprenants et de décortiquer, parfois entre les lignes, des passifs qui ne sont pas encore guéris. Le fils du maire viendra s’ajouter à la petite troupe, mais peut-être pas pour le meilleur… L’histoire se passe donc à la fois dans le présent mais aussi dans un passé commun que nous découvrons peu à peu. Pour cela, le rythme et le scénario sont vraiment très bien construits, je me suis complètement laissée embarquer.

Le contexte de l’histoire n’est pas anodin. Il vient d’un lieu qui existe réellement, La Pause des Morts, qui servait à laisser les corps à mi-chemin entre le haut de la montagne et les villages plus bas, permettant ainsi au curé de les bénir avant de remonter les corps au village et de les enterrer. Descendre les cadavres permettait aussi de les répartir dans d’autres cimetières quand ceux du haut étaient surchargés (notamment au cours l’épidémie de choléra de 1854). Il y a donc une ambiance macabre palpable tout au long du récit, qui fait écho à du réel et, selon moi, donne encore plus de force à l’histoire. Les dessins monochromes renforcent encore cette force et l’ambiance générale du récit.

Je vous laisse dans cette ambiance un peu morbide et ne peux que vous inviter à découvrir ce roman graphique qui vous fera passer un moment plein de suspens et de jurons occitans ! Macarel !

Pour en savoir plus

 

Et vous, avez-vous envie de marcher vers La Pause des Morts avec les personnages ?

4 réflexions sur “« Charogne » de Borris et Benoit Vidal (Glénat, 2018)

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